Название | Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II |
---|---|
Автор произведения | Чарльз Диккенс |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
La relation de cette touchante tragédie domestique amena le maître et le valet au cabinet de M. Perker. M. Lowten, tenant la porte à moitié ouverte, était en conversation avec un homme dont l'air et les vêtements paraissaient également misérables. Ses bottes étaient sans talons, et ses gants sans doigts. On voyait des traces de souffrances, de privations, presque de désespoir sur sa figure maigre et creusée par les soucis. Il avait la conscience de sa pauvreté, car il se rangea sur le côté obscur de l'escalier, lorsque M. Pickwick approcha.
«C'est bien malheureux, disait l'étranger avec un soupir.
– Effectivement, répondit Lowten, en griffonnant son nom sur la porte, et en l'effaçant avec la barbe de sa plume. Voulez-vous lui faire dire quelque chose?
– Quand pensez-vous qu'il reviendra?
– Je n'en sais rien du tout, répliqua Lowten, en clignant de l'œil à M. Pickwick, pendant que l'étranger abaissait ses regards vers le plancher.
– Ce n'est donc pas la peine de l'attendre? demanda le pauvre homme, en regardant d'un air d'envie dans le bureau.
– Oh! non, rétorqua le clerc en se plaçant plus exactement au centre de la porte. Il est bien certain qu'il ne reviendra pas cette semaine… et c'est bien du hasard si nous le voyons la semaine d'après. Quand une fois Perker est hors de la ville, il ne se presse pas d'y revenir.
– Hors de la ville! s'écria M. Pickwick, juste ciel! que c'est malheureux!
– Ne vous en allez pas, monsieur Pickwick, dit Lowten; J'ai une lettre pour vous.»
L'étranger parut hésiter. Il contempla de nouveau le plancher; et le clerc fit un signe du coin de l'œil à M. Pickwick, comme pour lui faire entendre qu'il y avait sous jeu une excellente plaisanterie: mais, ce que c'était, le philosophe n'aurait pas pu le deviner, quand il se serait agi de sa vie.
«Entrez, monsieur Pickwick, dit Lowten. Eh bien! monsieur Watty, voulez-vous me donner un message, ou bien revenir?
– Priez-le de laisser un mot pour m'apprendre où en est mon affaire, répondit le malheureux Watty. Pour l'amour de Dieu! ne l'oubliez pas, monsieur Lowten.
– Non, non, je ne l'oublierai pas, répliqua le clerc. – Entrez, monsieur Pickwick. – Bonjour, monsieur Watty… un joli temps pour se promener, n'est-ce pas?» Ayant ainsi parlé, et voyant que l'étranger hésitait encore, il fit signe à Sam de suivre son maître dans l'appartement, et ferma la porte au nez du pauvre diable.
«Je crois qu'on n'a jamais vu un si insupportable banqueroutier depuis le commencement du monde! s'écria Lowten, en jetant sa plume sur la table, avec toute la mauvaise humeur d'un homme outragé. Il n'y a pas encore quatre ans que son affaire est devant la cour de la chancellerie, et je veux être damné s'il ne vient pas nous ennuyer deux fois par semaine. Il fait un peu froid, pourtant, pour perdre son temps debout, à la porte, avec de misérables râpés comme cela.»
En proférant ces expressions de dépit, Lowten attisait un feu remarquablement grand avec un tisonnier remarquablement petit; puis il ajouta: «Entrez par ici, monsieur Pickwick. Perker y est: je sais qu'il vous recevra volontiers.»
«Ah! mon cher monsieur, dit le petit avoué en s'empressant de se lever, lorsque M. Pickwick lui fut annoncé. Et bien! mon cher monsieur, quelles nouvelles de votre affaire? Eh! vous avez entendu parler de nos amis de Freeman's Court? Ils ne se sont pas endormis; je sais cela. Ah! ce sont des gaillards bien madrés, bien madrés, en vérité.»
En concluant cet éloge, M. Perker prit une prise de tabac emphatique, comme un tribut à la madrerie de MM. Dodson et Fogg.
«Ce sont de fameux coquins! dit M. Pickwick.
– Oui, oui, reprit le petit homme. C'est une affaire d'opinion, comme vous savez, et nous ne disputerons pas sur des mots. Il est tout simple que vous ne considériez pas ces choses là d'un point de vue professionnel. Du reste, nous avons fait tout ce qui était nécessaire. J'ai retenu maître Snubbin.
– Est-ce un habile avocat? demanda M. Pickwick.
– Habile! Bon Dieu, quelle question m'adressez-vous là, mon cher monsieur; mais maître Snubbin est à la tête de sa profession. Il a trois fois plus d'affaires que les meilleurs avocats: il est engagé dans tous les procès de ce genre. Il ne faut pas répéter cela au dehors, mais nous disons, entre nous, qu'il mène le tribunal par le bout du nez.»
Le petit homme prit une autre prise de tabac, en faisant cette communication à M. Pickwick, et l'accompagna d'un geste mystérieux.
«Ils ont envoyé des citations à mes trois amis, dit le philosophe.
– Ah! naturellement; ce sont des témoins importants: ils vous ont vu dans une situation délicate.
– Mais ce n'est pas ma faute s'il lui a plu de se trouver mal! Elle s'est jetée elle-même dans mes bras.
– C'est très-probable, mon cher monsieur; très-probable et très-naturel. Rien n'est plus naturel, mon cher monsieur; mais qu'est-ce qui le prouvera?»
M. Pickwick passa à un autre sujet, car la question de M. Perker l'avait un peu démonté. «Ils ont également cité mon domestique, dit-il.
– Sam?»
M. Pickwick répliqua affirmativement:
«Naturellement, mon cher monsieur; naturellement. Je le savais d'avance; j'aurais pu vous le dire, il y a un mois. Voyez-vous, mon cher monsieur, si vous voulez faire vos affaires vous-même, après les avoir confiées à votre avoué, il faut en subir les conséquences.»
Ici M. Perker se redressa avec un air de dignité, et fit tomber quelques grains de tabac, égarés sur son jabot.
«Que veulent-ils donc prouver par son témoignage? demanda M. Pickwick, après deux ou trois minutes de silence.
– Que vous l'avez envoyé à la plaignante pour faire quelques affaires de compromis, je suppose. Au reste, il n'y a pas beaucoup d'inconvénient, car je ne crois pas que nos adversaires puissent tirer grand'chose de lui.
– Je ne le crois pas, dit M. Pickwick, et malgré sa vexation, il ne put s'empêcher de sourire à la pensée de voir Sam paraître comme témoin.