Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo. Николай Валентинович Одинцов

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Название Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo
Автор произведения Николай Валентинович Одинцов
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Издательство
Год выпуска 2023
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Tsarstvo un paysan. Il cultivait le blé et vendait ses récoltes au marché. Sans être riche, il n'avait jamais été pauvre non plus. Il avait trois fils, deux fils intelligents et illen'avait troisième, le plus jeune, simplement imbécile. C'est d'ailleurs comme cela qu'on l'appelait: Ivanouchka-L'imbécile. Cela arrangeait tout le monde de le voir ainsi parmi les idiots. Ses frères ne voulaient pas partager l'héritage avec lui, et à un imbécile, on peut très bien même ne rien donner du tout. Leurs deux femmes se servaient de lui pour faire leurs courses. Sa mère lui parlait comme à un bébé. Si bien qu'lvan passait son temps à vider les cendres, toujours assis près du poêle.

      Un beau jour, les deux aînés s'apprêtaient à aller au marché vendre du blé. Voilà qu'lvan vient les trouver pour leur demander:

      – Emmenez-moi avec vous, j'ai envie de voir du monde, il paraît qu'il y aura des bouffons".

      Les frères, à la réflexion, pensèrent que cela ne leur coûtait rien. Ils interdirent très sévèrement à leur cadet de parler aux clients, et voilà tout. Sa mère lui glissa un kopek dans la poche, que son petit puisse s'acheter des bonbons.

      Arrivés au marché, les frères se mirent à vendre le blé. Ivan essaya de les aider, mais ils le disputèrent:

      – Va-t-en de là, imbécile, tu vas nous gâcher nos ventes!

      Alors Ivan partit faire un tour sur le marché. Il regarda les bouffons, rit aux éclats de leurs chansons et de leurs grimaces. Puis il flâna dans les allées et se retrouva sur la place où l'on vend les chevaux. Il s'approche et regarde de tous ses yeux. Les chevaux sont plus vifs et plus beaux l'un que l'autre. Ivan est en extase. Il admire leurs pattes l'une après l'autre et arrive au bout de la rangée. Il n'a déjà plus la moindre envie de rentrer quand soudain il aperçoit un jeune poulain. Allongé sur une maigre couche de foin, l'animal n'a même pas la force de soulever sa tête. Il est couvert de plaies et de croûtes. Ceux qui passent devant ne peuvent s'empêcher de lui donner un coup de pied en exprimant leur dégoût. Ivanouchka se prend de pitié pour la malheureuse bête.

      – Pourquoi vous l'embêtez? Pourquoi vous lui parlez comme ça? – leur demande Ivan.

      – A qui cela peut-il servir, un poulain dans cet état? – répondent les palefreniers, – rien qu'à la regarder, nos merveilles de chevaux vont être contaminés. Plus vite il crèvera, mieux ce sera.

      – Et à qui est-il, ce pauvre animal?

      – A personne. Quand on a amené les chevaux au marché, il s'est collé au troupeau. D'abord, on voulait le prendre, puis on a compris qu'il n'y avait rien à en tirer.

      – Peut-être que moi je peux le prendre alors?

      – Prends-le, – lui disent les palefreniers.

      Ivanouchka prit le poulain malade avec soi. Il le lava avec de l'eau de source et, avec le kopek que sa mère lui avait donné, il acheta du pain pour nourrir la pauvre bête. Et il lui fit faire tout le trajet jusqu'à la maison en télègue.

      Ses frères crièrent sur Ivan tant qu'ils purent en disant qu'il était mauvais. Au retour, ils ne laissèrent pas le poulain passer le portail de la maison. Ils prétendaient que le bétail au contact des croûtes allait être malade à son tour.

      Ivan ne trouva pas d’autre solution que d'aller où ses yeux le portaient. Il choyait et câlinait son poulain. Il lui fit boire de l'eau de source et le fit paître dans les vertes prairies. Bientôt le poulain fit sa guérison, dès qu'il fût guéri, il se mit à grandir non pas de jour en jour, mais d'heure en heure. Au bout du sixième jour, le poulain souffreteux est devenu un magnifique coursier racé. Son poil soyeux poudré d'or étincèla et sa crinière légère flotte au vent. Ivanouchka baptisa son cheval Zlatibor.

      Le matin du septième jour, Ivan entend soudain le cheval lui parler d'une voix humaine:

      – Merci à toi de m'avoir ainsi sauvé la vie et de m'être venu en aide.

      Ivan pétrifié en tomba à la renverse. Un cheval qui parle avec une voix d'homme, cela ne se pouvait!

      Mais le cheval poursuit comme si de rien n'était:

      – Je suis né au pays Enchanté. Je paissais avec ma mère dans les vastes prairies. Mais j'étais désobéissant, je voulais toujours galoper plus loin. Un jour, j'ai galopé si loin que je me suis retrouvé dans vos contrées, sans même m'en rendre compte. Et sans ta bonté, j'aurais sûrement péri. Il est temps maintenant que je rentre au pays enchanté.

      Ivan se sentit très triste. Il aimait énormément Zlatibor.

      – Où est-il, ton pays enchanté? – demanda-t-il. – N'est-il pas possible que je t'y accompagne, pour voir comment tu vis?

      – Mon pays est partout autour de toi. Mais il est invisible. Et toi, tu ne peux pas entrer au pays enchanté. Nul homme ne pourra jamais trouver le chemin pour y aller. Mais ne sois pas triste. Sitôt que tu auras besoin de moi, tu n'auras qu'à t'avancer au milieu d'un pré et émettre le sifflement des chevaliers, puis m'appeler par mon nom, alors j'apparaîtrai au même instant.

      Sur ces mots, il disparut.

      Ivan avait bien du chagrin, mais que faire! Il rentra chez lui, et raconta les choses comme elles s'étaient passées. Mais personne ne crût un mot de son histoire.

      Les jours passaient, l'un après l'autre. Ivan s'ennuyait tant de son cheval, il eut envie de galoper dans les champs. Il s'avança dans un pré, émit le sifflement des chevaliers et appela Zlatibor. A cet instant même il le vit: le cheval de feu nimbé d'or bondissait vers lui. Et la terre tremblait de son galop.

      – Que désire Ivan? – demande le cheval.

      – Eh bien, répond Ivan, je veux juste galoper avec toi à travers champs.

      – Mais, Ivanouchka, as-tu une selle qui puisse m'aller?

      – Comment veux-tu que j'aie une selle! Mes frères ne me laissent pas approcher de l'écurie, – répondit Ivan.

      Le cheval frappa la terre de son sabot et disparut. Mais une seconde plus tard il était déjà revenu.

      Sa selle et sa bride étaient cousues d'or et ornées de pierres précieuses. Les yeux ne pouvaient se détacher de tant de beauté. Et par dessus la selle un somptueux vêtement avait été posé. Ivan ôta ses vieux vêtements, se lava à la rivière, revêtit l'habit que le cheval lui apportait et devint un superbe jeune homme. Il sauta en selle et Zlatibor s'élança gracieusement. Le cheval enchanté ne semblait pas courir, mais voler dans l'air. Les ravines étaient franchies d'un bond léger, et les bouleaux dépassés en un seul élan. Ivan n'avait pas eu le temps de reprendre son souffle que la capitale fut en vue. Ivan regarde à grands yeux et aperçoit dans un vaste pré une jeune fille chevauchant sur un beau coursier bai. Oh que cette apparition lui semble belle et le ravit! Sa beauté, il est vrai, a immédiatement conquis Ivan. Il vole vers elle et lui demande:

      – Qui es-tu, si belle damoiselle, et pourquoi cavales-tu ainsi seule dans la campagne?

      – Je suis Elena Agaphonovna et je sors mon cheval dans le champ qui appartient à mon père, le tsar Agaphon! Mais toi, qui es-tu? Et de quel droit me poses-tu des questions? Peut-être me faut-il appeler les gardes pour t'interroger à ce sujet?

      Ivan comprit qu'il avait devant lui la fille du tsar. Mais comme elle lui plaisait infiniment, il décida d'engager plus loin la conversation. Il retira son bonnet et dit à la belle:

      – Pardonne-moi Elena Prekrasnaia. Je ne voulais surtout pas t'offenser, je n'avais d'autre idée qu'admirer ta beauté, j'ignorais que tu étais la fille de notre tsar!

      Le beau jeune homme plût à Elena Prekrasnaia. Il était à la fois bien fait de sa personne et tenait des propos fort courtois. De mot en mot, leurs paroles se donnèrent le change. Tout le reste du jour ils chevauchèrent côte à côte dans les champs et ils ne se séparèrent qu'au soir venu. Elena Prekrasnaia rentra au palais, Ivan de son côté retrouva ses vieux habits, se salit comme il faut avant de revenir chez lui.

      Et dès lors, il en fut toujours ainsi. Tous