Si elle courait. Блейк Пирс

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Название Si elle courait
Автор произведения Блейк Пирс
Жанр Зарубежные детективы
Серия
Издательство Зарубежные детективы
Год выпуска 0
isbn 9781640297180



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dans la nuque. La plaie était bien visible, avec un contour net et ensanglanté – exactement comme dans le cas de Frank Nobilini. Il s’agissait d’un homme qui devait avoir la quarantaine. Il portait des vêtements de sport haut de gamme, un fin sweatshirt à capuche et un pantalon de jogging. Les lacets de ses chaussures de sport étaient parfaitement noués et des écouteurs Apple étaient posés juste à côté de lui, comme si ça avait été fait délibérément.

      « On connaît déjà son identité ? » demanda Kate.

      « Oui, » dit Pritchard. « Jack Tucker. La carte d’identité qu’on a retrouvée dans son portefeuille indique qu’il vit à Ashton. Un lien de plus avec l’affaire Nobilini. »

      « Vous connaissez Ashton, détective ? » demanda Kate.

      « Pas vraiment. J’y suis passé à l’occasion mais ce n’est pas vraiment le genre d’endroit qui me plaît. Trop parfait, trop propre, dans le genre suranné. »

      Elle voyait très bien ce qu’il voulait dire. Elle ne put s’empêcher de se demander ce que ça lui ferait de retourner à Ashton.

      « Quand est-ce que le corps a été découvert ? » demanda DeMarco.

      « Vers seize heures trente. Je suis arrivé sur les lieux à dix-sept heures quinze et j’ai tout de suite vu le lien avec l’affaire Nobilini. J’ai dû insister pour qu’ils ne bougent pas le corps avant votre arrivée. Je me suis dit que vous auriez besoin de voir la scène. »

      « Vous n’avez pas dû vous faire que des amis, » dit Kate.

      « Oh, j’ai l’habitude. Beaucoup de policiers me surnomment Vieux Dossier Pritchard. »

      « En tout cas, vous avez bien fait, » dit Kate. « Même s’il s’avère qu’il n’y a aucun lien entre les deux affaires, la personne responsable de ce meurtre est toujours en liberté – et il vaudrait mieux qu’on l’épingle, au cas où il aurait l’intention de continuer. »

      « Pour l’instant, je n’ai aucune piste, » dit Pritchard. « J’ai pris quelques notes, au cas où vous voudriez y jeter un œil. »

      « Ça pourrait nous être utile. J’imagine que la police scientifique a déjà pris des photos ? »

      « Oui, et elles sont probablement déjà disponibles en format numérique. »

      Sur ces mots, Kate se releva, en gardant les yeux fixés sur le corps de Jack Tucker. Sa tête était légèrement tournée vers la droite, comme s’il regardait les écouteurs qui avaient été placés à côté de lui.

      « La famille a déjà été prévenue ? » demanda DeMarco.

      « Non. Et j’ai bien peur de devoir m’en charger, vu que j’ai demandé à la police d’attendre votre arrivée pour bouger le corps et continuer l’enquête. »

      « On va s’en charger, » dit Kate. « Moins il y a de personnes impliquées dans l’affaire, mieux c’est. »

      « Si c’est ce que vous voulez. »

      Kate finit par détourner les yeux du corps de Jack Tucker et regarda en direction de l’entrée de la ruelle, où les deux policiers avaient rejoint l’officier qui les avait laissé entrer. Elle avait déjà dû annoncer ce genre de mauvaises nouvelles tellement de fois, qu’elle savait que ce n’était jamais facile. En fait, c’était même de plus en plus dur.

      Mais elle avait également appris que bizarrement, c’était bien souvent aux prises avec les affres de la douleur que les personnes proches d’une victime semblaient se souvenir des moindres détails.

      Kate espérait que ce serait le cas dans cette affaire.

      Peut-être que la veuve de Jack pourrait l’aider à élucider une affaire qui la hantait depuis près d’une dizaine d’années.

      CHAPITRE TROIS

      Ashton ne se trouvait qu’à une vingtaine de minutes de New York. Il était 21h20 quand elles quittèrent la scène de crime et le trafic du vendredi soir était toujours aussi dense. Quand elles se retrouvèrent enfin sur l’autoroute, Kate remarqua que DeMarco était particulièrement silencieuse et ce n’était pas dans ses habitudes. Elle était assise sur le siège passager et regardait défiler la ville autour d’elle d’un air contrarié.

      « Tout va bien ? » demanda Kate.

      Sans prendre la peine de regarder Kate, DeMarco n’hésita pas une seconde avant de répondre. Il était clair que quelque chose la dérangeait et ce, depuis le moment où elles avaient quitté la scène de crime.

      « Je sais que ça fait plus longtemps que moi que tu fais ce boulot et que tu es rodée, mais je n’ai eu à annoncer la mort d’un proche qu’en une seule occasion. Et ça ne m’a pas plu du tout. Je me suis sentie vraiment mal. Et j’aurais préféré que tu me demandes mon avis avant de proposer qu’on s’en charge. »

      « Je suis désolée. Je n’y ai même pas pensé. Mais ça fait aussi partie de notre boulot. Au risque de paraître insensible, il vaut mieux que tu t’y habitues tout de suite. De plus… si on dirige l’enquête, il n’y a aucune raison que ce soit ce pauvre détective qui s’en charge. »

      « Il n’empêche que je préférerais que tu m’en parles avant. »

      Sa voix trahissait clairement de la colère, quelque chose qu’elle n’avait jamais vu chez DeMarco avant – en tout cas, pas envers elle. « OK, » se contenta-t-elle de répondre.

      Elles restèrent silencieuses le reste du trajet jusqu’à Ashton. Kate avait été assez souvent confrontée à la situation de devoir annoncer la mort d’un proche pour savoir que toute tension entre co-équipiers ne ferait qu’empirer les choses. Mais elle savait également que DeMarco n’était pas du genre à recevoir des leçons quand elle était en colère. Alors peut-être que ce serait une leçon qu’elle apprendrait sur le vif.

      Elles arrivèrent à la maison des Tucker à 21h42. Kate ne fut pas du tout surprise de voir que la lumière du porche était allumée, ainsi que toutes les autres lampes de la maison. Vu les vêtements que portait Jack Tucker, il était sûrement parti faire son jogging ce matin. Mais le fait que son corps ait été retrouvé en ville soulevait de nombreuses questions. Et elles allaient devoir les poser à une épouse probablement très inquiète.

      Une épouse inquiète qui est sur le point d’apprendre qu’elle est veuve, pensa Kate. Mon dieu, j’espère qu’ils n’ont pas d’enfants.

      Kate se gara devant la maison et sortit de voiture. DeMarco fit de même, mais plus lentement, comme pour bien faire comprendre à Kate qu’elle n’était pas du tout contente de se trouver là. Elles remontèrent l’allée dallée vers les marches, mais avant même qu’elles ne les atteignent, Kate vit la porte d’entrée s’ouvrir.

      Quand elle les vit, la femme qui avait ouvert la porte s’immobilisa. Elle avait l’air de chercher ses mots. Pour finir, tout ce qu’elle fut capable de murmurer fut : « Qui êtes-vous ? »

      Kate tendit lentement la main vers la poche de sa veste pour en sortir son badge. Mais avant même qu’elle n’ait eu le temps de le montrer ou de se présenter, la femme comprit la raison de leur visite. Une profonde tristesse envahit ses yeux et son visage se mit à trembler. Au moment où Kate et DeMarco arrivèrent finalement aux marches, la femme de Jack Tucker tomba à genoux et se mit à pleurer.

      ***

      Il s’avéra que les Tucker avaient des enfants. Trois enfants, pour être exact. Sept ans, dix ans et treize ans. Ils étaient tous encore éveillés et se trouvaient dans le salon. Kate fit de son mieux pour faire rentrer la femme – qui était parvenue à se présenter sous le nom de Missy, à travers ses sanglots – et l’asseoir sur une chaise. L’enfant de treize ans se précipita aux côtés de sa mère pendant que DeMarco faisait