Название | Ivanhoe. 3. Le retour du croisé |
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Автор произведения | Вальтер Скотт |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
«Il y a au moins deux cents hommes réunis dans les bois, répliqua un écuyer de service.» – «Voilà une belle affaire, dit Front-de-Boeuf; cela vient de vous avoir prêté mon château pour vous divertir. Vous vous êtes conduits avec tant de circonspection, que vous avez attiré autour de mes oreilles cet essaim de guêpes.»
«De guêpes? répliqua de Bracy; dites plutôt de bourdons sans dards, une bande de fainéans et de vauriens qui, au lieu de travailler pour leur subsistance, vivent dans les bois et détruisent le gibier.» – «Sans dards! répliqua Front-de-Boeuf; dis donc des flèches fourchues longues d'une aune5, et lancées avec une telle force qu'elles perceraient un écu français.»
«Fi donc! sire chevalier, dit le templier; appelons nos gens, et faisons une sortie. Un chevalier, un seul homme d'armes, ce serait assez contre vingt de ces paysans.» – «Assez, beaucoup trop, répliqua de Bracy; je rougirais de mettre seulement contre eux ma lance en arrêt.» – «C'est fort bon, sire templier, répondit Front-de-Boeuf, s'il s'agissait de Turcs, ou de Maures, ou de ces gueux6 de paysans français, très vaillant de Bracy; mais nous avons affaire à des archers anglais, sur lesquels nous n'aurons d'autre avantage que nos armes et nos chevaux, dont nous ne pourrons faire usage dans les clairières de la forêt. Tu parles de faire une sortie! à peine avons-nous assez d'hommes pour la défense du château. Les plus braves de mes gens sont à York, ainsi que les vôtres, de Bracy: à peine nous en reste-t-il une vingtaine et une poignée que vous emmenâtes dans cette folle entreprise.»
«Est-ce que tu crains, dit le templier, qu'ils ne soient en forces suffisantes pour enlever le château d'un coup de main?» – «Non certes, sire Brian, se récria Front-de-Boeuf, ces bandits ont un chef audacieux; mais dépourvus qu'ils sont de machines de guerre, d'échelles de siége, de conducteurs expérimentés, mon château les défie.» – «Envoie tout de suite chez tes voisins, dit le templier; qu'ils rassemblent leurs gens, qu'ils viennent au secours de trois chevaliers assiégés par un fou et un gardeur de pourceaux, dans le château baronnial de Réginald Front-de-Boeuf!»
«Encore une plaisanterie, sire chevalier, répliqua le baron; mais chez qui envoyer? Malvoisin est en ce moment à York avec ses vassaux, ainsi que mes autres alliés, et sans votre infernale entreprise, j'y serais avec eux.» – «Alors donc, envoyons un messager à York, et rappelons nos gens près de nous, dit de Bracy; s'ils soutiennent l'aspect de ma bannière flottante et de ma compagnie franche, je les tiens pour les plus audacieux brigands qui jamais aient bandé l'arc dans les bois.»
«Et qui chargerons-nous de ce message? dit Front-de-Boeuf, car il ne doit point y avoir un sentier où ces vauriens ne fassent le guet; et ils arracheront la dépêche du sein même du porteur. J'ai votre affaire, ajouta-t-il après s'être recueilli un moment. Sire templier, puisque vous savez lire, vous savez écrire sans doute, et si nous pouvons retrouver l'écritoire et la plume de mon chapelain, qui mourut il y a environ un an, aux fêtes de Noël, au milieu d'une orgie…»
«Je suis à vos ordres, dit l'écuyer qui attendait debout, je crois que la vieille Barbara, pour l'amour de son confesseur, a conservé cette plume et cette écritoire. Je l'ai entendue raconter qu'il fut le dernier qui lui ait dit de ces choses qu'un homme poli doit adresser à fille ou femme.» – «Va, cours les chercher, Engelred; et alors, sire templier, tu écriras sous ma dictée une réponse à cet audacieux défi.»
«J'aimerais mieux me servir pour y répondre de la pointe d'une épée que de la pointe d'une plume, dit Bois-Guilbert, mais qu'il soit fait comme vous voulez.» Il s'assit devant une table, et Front-de-Boeuf lui dicta en français un billet dont voici la teneur:
«Sire Réginald Front-de-Boeuf et les nobles chevaliers ses alliés et confédérés ne reçoivent point de défi de la part de serfs, de vassaux et de fugitifs. Si le personnage qui prend le nom de Chevalier noir a des droits aux honneurs de la chevalerie, il doit savoir qu'il s'est dégradé par sa présente association, et qu'il ne peut demander compte de quoi que ce soit à de loyaux et nobles chevaliers. Quant aux prisonniers que nous avons faits, nous vous prions, par charité chrétienne, d'envoyer un prêtre pour recevoir leur confession et les réconcilier avec Dieu, car nous avons arrêté qu'ils seraient exécutés ce matin avant midi, et que leurs têtes, attachées à nos créneaux, montreraient quel cas nous faisons de ceux qui se sont levés pour les délivrer. C'est pourquoi nous vous prions derechef d'envoyer un prêtre qui les réconcilie avec Dieu; c'est le dernier service que vous ayez à leur rendre sur la terre.»
Cette lettre, après avoir été pliée, fut donnée à l'écuyer, qui la remit à son tour au messager, lequel attendait dehors une réponse à celle qu'il avait apportée.
L'archer, ayant rempli sa mission, retourna au quartier général des alliés, qui pour le moment était établi sous un chêne vénérable, à la distance d'environ trois portées de flèche du château. C'est là que Wamba, Gurth, et leurs alliés le chevalier noir, Locksley et le joyeux ermite, attendaient avec impatience une réponse à leur sommation. Autour d'eux, et non loin, on voyait un grand nombre d'audacieux yeomen, dont le sauvage accoutrement et les figures sillonnées annonçaient assez quel était le genre de leur profession habituelle. Plus de deux cents d'entre eux s'étaient déjà réunis, et en attendaient d'autres qui devaient les joindre. Les chefs auxquels ils obéissaient n'étaient distingués que par une plume au bonnet. Le vêtement, les armes, l'équipement étaient les mêmes pour tous.
Outre ces troupes, une bande moins régulière et moins bien armée, composée de Saxons de la juridiction voisine, ainsi qu'un grand nombre de vassaux et serfs du vaste domaine de Cedric, était déjà rassemblée au même endroit, pour aider à la délivrance de leur maître. À l'exception de quelques uns, tous étaient armés d'épieux, de faux, de fléaux et autres instrumens de labour, que parfois les hasards de la guerre convertissent en un arsenal; car les Normands, selon la politique des conquérans jaloux de leur conquête, ne permettaient point aux Saxons de posséder aucune arme, et même de s'en servir. Cette circonstance rendait bien moins formidable aux assiégés le secours des Saxons, malgré tout ce que pouvait avoir d'imposant la force de ces hommes, la supériorité de leur nombre, et l'enthousiasme que leur inspirait une si juste cause. Ce fut au chef de cette armée bariolée de toutes couleurs, que la lettre du templier fut remise: on la donna au chapelain pour qu'il en fît la lecture.
«Par la houlette de saint Dunstan, dit ce digne ecclésiastique, cette houlette qui fit rentrer plus de brebis au bercail que jamais saint n'en amena au paradis, je jure qu'il m'est impossible de vous expliquer ce jargon; est-ce du français ou de l'arabe? je l'ignore.» Il passa alors la lettre à Gurth qui secoua la tête d'un air renfrogné, et à son tour la passa à Wamba. Le fou l'examina d'un coin du papier à l'autre; et, selon l'habitude d'un singe qui imite tout, il fit une grimace, ayant l'air de comprendre le contenu de la lettre; puis, fesant une gambade, il la passa à Locksley.
«Si les grandes lettres étaient des arcs, et les petites des flèches, je pourrais y connaître quelque chose, dit l'honnête archer; je vous assure que ce qui est renfermé dans ce papier est aussi en sûreté devant en sûreté devant mes flèches.»
«C'est donc à moi à vous servir de clerc,» dit le chevalier noir; puis, prenant la lettre des mains de Locksley, il la lut d'abord des yeux, et ensuite il l'expliqua en saxon à ses confédérés.
«Exécuter le noble Cedric! s'écria Wamba: par le saint sacrement, ne t'es-tu point trompé, sire chevalier?» – «Non, mon digne ami, répliqua le chevalier; j'ai traduit littéralement chaque mot tel qu'il est écrit.» – «Par saint Thomas de Cantorbéry! répliqua Gurth, nous aurons le château, dussions-nous l'arracher de ses fondemens avec nos
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Le premier interprète a voulu sans doute dissimuler ce compliment de l'auteur à nos compatriotes, en ne traduisant pas l'épithète de