Han d'Islande. Victor Hugo

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Название Han d'Islande
Автор произведения Victor Hugo
Жанр Зарубежная классика
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Издательство Зарубежная классика
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subsistance diminuent en proportion de l'accroissement du peuple; item, que le golfe nommé Otte-Sund s'appelait autrefois Limfiord et n'a pris le nom d'Otte-Sund qu'après qu'Othon le Roux y eut jeté sa lance; item, expose que c'est par ses conseils et sous sa direction qu'on a fait d'une vieille statue de Freya la statue de la Justice qui orne la grande place de Drontheim; et qu'on a converti en diable, représentant le crime, le lion qui se trouvait sous les pieds de l'idole; item

      – Ah! faites-nous grâce de ses éminents services. Voyons, que demande-t-il?»

      Le secrétaire tourna plusieurs feuillets, et poursuivit:

      «.... Le très humble exposant croit pouvoir, en récompense de tant de travaux utiles aux sciences et aux belles-lettres, supplier son excellence d'augmenter la taxe de chaque cadavre mâle et femelle de dix ascalins, ce qui ne peut qu'être agréable aux morts en leur prouvant le cas qu'on fait de leurs personnes.»

      Ici la porte du cabinet s'ouvrit, et l'huissier annonça à haute voix la noble dame comtesse d'Ahlefeld. En même temps, une grande dame, portant sur sa tête une petite couronne de comtesse, richement vêtue d'une robe de satin écarlate, bordée d'hermine et de franges d'or, entra, et, acceptant la main que le général lui offrait, vint s'asseoir près de son fauteuil.

      La comtesse pouvait avoir cinquante ans. L'âge n'avait, en quelque sorte, rien eu à ajouter aux rides dont les soucis de l'orgueil et de l'ambition avaient depuis si longtemps creusé son visage. Elle attacha sur le vieux gouverneur son regard hautain et son sourire faux.

      – Eh bien, seigneur général, votre élève se fait attendre. Il devait être ici avant le coucher du soleil.

      – Il y serait, dame comtesse, s'il n'était, en arrivant, allé à Munckholm.

      – Comment, à Munckholm! j'espère que ce n'est pas Schumacker qu'il cherche?

      – Mais cela se pourrait.

      – La première visite du baron de Thorvick aura été pour Schumacker!

      – Pourquoi non, comtesse? Schumacker est malheureux.

      – Comment, général! le fils du vice-roi est lié avec ce prisonnier d'état!

      – Frédéric Guldenlew, en me chargeant de son fils, me pria, noble dame, de l'élever comme j'eusse élevé le mien. J'ai pensé que la connaissance de Schumacker serait utile à Ordener, qui est destiné à être aussi puissant un jour. J'ai en conséquence, avec l'autorisation du vice-roi, demandé à mon frère Grummond de Knud un droit d'entrée pour toutes les prisons, que j'ai donné à Ordener.– Il en use.

      – Et depuis quand, noble général, le baron Ordener a-t-il fait cette utile connaissance?

      – Depuis un peu plus d'un an, dame comtesse; il paraît que la société de Schumacker lui plut, car elle le fixa assez longtemps à Drontheim; et ce n'est qu'à regret et sur mon invitation expresse qu'il en partit l'année dernière pour visiter la Norvège.

      – Et Schumacker sait-il que son consolateur est le fils d'un de ses plus grands ennemis?

      – Il sait que c'est un ami, et cela lui suffit, comme à nous.

      – Mais vous, seigneur général, dit la comtesse avec un coup d'oeil pénétrant, saviez-vous en tolérant, et même en formant cette liaison, que Schumacker avait une fille?

      – Je le savais, noble comtesse.

      – Et cette circonstance vous a semblé indifférente pour votre élève?

      – L'élève de Levin de Knud, le fils de Frédéric Guldenlew est un homme loyal. Ordener connaît la barrière qui le séparé de la fille de Schumacker; il est incapable de séduire, sans but légitime, une fille, et surtout la fille d'un homme malheureux.

      La noble comtesse d'Ahlefeld rougit et pâlit; elle tourna la tête, cherchant à éviter le regard calme du vieillard comme celui d'un accusateur.

      – Enfin, balbutia-t-elle, cette liaison, général, me semble, souffrez que je le dise, singulière et imprudente. On dit que les mineurs et les peuplades du Nord menacent de se révolter, et que le nom de Schumacker est compromis dans cette affaire.

      – Noble dame, vous m'étonnez! s'écria le gouverneur. Schumacker a jusqu'ici supporté tranquillement son malheur. Ce bruit est sans doute peu fondé.

      La porte s'ouvrit en ce moment, et l'huissier annonça qu'un messager de sa grâce le grand-chancelier demandait à parler à la noble comtesse.

      La comtesse se leva précipitamment, salua le gouverneur, et, tandis qu'il continuait l'examen des placets, se rendit en toute hâte à ses appartements, situés dans une aile du palais, en ordonnant qu'on y envoyât le messager.

      Elle était depuis quelques moments assise sur un riche sopha, au milieu de ses femmes, quand le messager, entra. La comtesse en l'apercevant fit un mouvement de répugnance qu'elle cacha soudain sous un sourire bienveillant. L'extérieur du messager ne semblait pourtant pas repoussant au premier abord; c'était un homme plutôt petit que grand, et dont l'embonpoint annonçait tout autre chose qu'un messager. Cependant, quand on l'examinait, son visage paraissait ouvert jusqu'à l'impudence, et la gaieté de son regard avait quelque chose de diabolique et de sinistre. Il s'inclina profondément devant la comtesse, et lui présenta un paquet, scellé avec des fils de soie.

      – Noble dame, dit-il, daignez me permettre d'oser déposer à vos pieds un précieux message de sa grâce, votre illustre époux, mon vénéré maître.

      – Est-ce qu'il ne vient pas lui-même? et comment vous prend-il pour messager? demanda la comtesse.

      – Des soins importants diffèrent l'arrivée de sa grâce, cette lettre est pour vous en informer, madame la comtesse; pour moi, je dois, d'après l'ordre de mon noble maître, jouir de l'insigne honneur d'un entretien particulier avec vous.

      La comtesse pâlit; elle s'écria d'une voix tremblante:

      – Moi! un entretien avec vous, Musdoemon?

      – Si cela affligeait en rien la noble dame, son indigne serviteur serait au désespoir.

      – M'affliger! non sans doute, reprit la comtesse s'efforçant de sourire; mais cet entretien est-il si nécessaire?

      Le messager s'inclina jusqu'à terre.

      – Absolument nécessaire! la lettre que l'illustre comtesse a daigné recevoir de mes mains doit en contenir l'injonction formelle.

      C'était une chose singulière que de voir la fière comtesse d'Ahlefeld trembler et pâlir devant un serviteur qui lui rendait de si profonds respects. Elle ouvrit lentement le paquet et en lut le contenu. Après l'avoir relu:

      – Allons, dit-elle à ses femmes d'une voix faible, qu'on nous laisse seuls.

      – Daigne la noble dame, dit le messager fléchissant le genou, me pardonner la liberté que j'ose prendre et la peine que je parais lui causer.

      – Croyez au contraire, repartit la comtesse avec un sourire forcé, que j'ai beaucoup de plaisir à vous voir.

      Les femmes se retirèrent.

      – Elphège, tu as donc oublié qu'il fut un temps où nos tête-à-tête ne te répugnaient pas?

      C'était le messager qui parlait à la noble comtesse, et ces paroles étaient accompagnées d'un rire pareil à celui du diable lorsqu'au moment où le pacte expire il saisit l'âme qui s'est donnée à lui.

      La puissante dame baissa sa tête humiliée.

      – Que ne l'ai-je en effet oublié! murmura-t-elle.

      – Pauvre folle! comment peux-tu rougir de choses que nul oeil humain n'a vues?

      – Ce que les hommes ne voient pas, Dieu le voit.

      – Dieu, faible femme! tu n'es pas digne d'avoir trompé ton mari, car il est moins crédule que toi.

      – Vous insultez peu généreusement à mes remords, Musdoemon.

      – Eh