Название | Le massacre des amazones: études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains |
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Автор произведения | Han Ryner |
Жанр | Документальная литература |
Серия | |
Издательство | Документальная литература |
Год выпуска | 0 |
isbn | 4064066088668 |
Ah! les pauvres qui n'ont pas même au trésor de la mémoire une fleur fanée et un beau jour éteint, comme Max Lyan les plaint, comme elle sourit tristement à les voir chercher partout «une issue, un leurre d'emploi aux facultés aimantes si cruellement refoulées»! Elle s'attendrit aux humbles affections et aux manies de la vieille fille qui n'a trouvé parmi les hommes «nul aliment pour son cœur avide et douloureusement a cherché plus bas des prétextes à amour».
Réfugiée dans le rêve, elle sent tout ce que son bonheur a d'inquiet et de flottant. Par instants, l'océan de réalité s'irrite, et la tempête semble sur le point de briser la frêle barque. Toujours, d'ailleurs, la joie de Max Lyan a quelque chose de contradictoire. La lutte entre une imagination riche et facile et une raison solide donne à toutes ces pages le charme piquant d'une «ironie spirituelle et tendre». Lorsque la Fée des Chimères contait poétiquement sa triste vie, «ses paroles avaient un ton si doucement ironique que, parfois, je ne savais si je devais rire ou m'apitoyer. Je cherchais alors le vrai sens dans ses yeux; mais ces yeux, railleurs et tendres, m'embrouillaient davantage.» Quelquefois pourtant le regard de la conteuse se mouille, et elle s'excuse: «Les vieux cœurs sont si pleins de larmes qu'une émotion de plus les fait déborder. Ne remuez pas trop le mien.»
Depuis que son incognito était découvert, Max Lyan qui, m'affirme-t-on, a dans ses tiroirs plusieurs volumes inédits, hésitait à publier de nouveau. Elle vient enfin, après des années, de triompher de cette pudeur excessive et qui privait douloureusement quelques amis du beau et du délicat.
Cœur d'enfant est très différent de la Fée des Chimères, d'un art moins habile, mais d'une grâce plus spontanée encore. La Fée des Chimères, avec ce charme inattendu d'une poésie craintive jusqu'à l'ironie, est de ces livres qu'on ne refait pas. Mais ce conte renfermait le germe de plusieurs romans. Il me semble la préface, pudiquement hésitante et balbutiante, de confidences plus directes sur le cœur de la femme. J'imagine que les livres soigneusement cachés forment le cycle de l'amour et du rêve féminins, et Cœur d'enfant en dit le premier chapitre.
Ceux-là qui ont remonté dans leurs souvenirs d'enfance sont nombreux et plusieurs ont rapporté des trésors de ces brumes lointaines. Certains vers de Sully-Prudhomme sont jolis et émouvants comme des enfants tristes exilés dans une cour de collège grossièrement tapageuse; tels vers de Jean Aicard sont alertes comme des petits qui s'amusent. Le Roman d'un enfant de Loti est d'une grâce mièvre, vieillote et fausse; peut-être l'auteur est-il sincère, mais l'homme est trop bêtement vaniteux pour retrouver l'enfant en sa naïveté simple et il attribue souvent au passé les idées du présent. Les pages où le peintre Jules Breton conte son enfance sont exquisement vraies. Pourtant,—si l'on oublie l'immortel Petit Chose et cette Vie d'enfant dont Batisto Bonnet a fait un merveilleux livre provençal et dont j'eus la gloire d'aider Alphonse Daudet à faire un livre français—les femmes ont mieux que les hommes murmuré, souriantes d'aujourd'hui et frémissantes d'autrefois, les tempêtes des petits cœurs et les primes floraisons pas tout à fait écloses des imaginations. Les Mémoires d'une enfant de Mme Michelet sont, malgré ce qu'il y a de trop viril et de trop brusque, de trop Michelet, dans la nervosité de la phrase, une œuvre charmante et sincère. Les Souvenirs d'une enfant pauvre de Rose Romain ont quelque chose d'étriqué; ils expriment une âme naturellement médiocre que la misère précoce et trop continue a encore enlaidie et rapetissée; ils font plaindre l'infortunée petite fille sans la faire aimer. Mais, si la grâce est absente, l'émotion abonde, assez forte et poignante pour émouvoir le lecteur qui se défend. Le livre de Max Lyan est très supérieur à ces œuvres intéressantes. Je lui reproche quelques longueurs dans la dernière partie, mais le début conte la plus fraîche et la plus délicieusement enfantine des idylles et les pages centrales, douloureuses et souriantes, mettent aux yeux des larmes d'attendrissement et d'admiration heureuse.
D'après ces deux livres, j'essaie de rêver ceux qui suivront. Certains détails me font espérer que l'auteur nous dévoilera un jour, d'une main qui tremble un peu, les hésitations, les balbutiements, les erreurs, les élans brusques et brusquement arrêtés de l'amour en un cœur virginal. Elle nous dira aussi plus complètement la vraie femme de trente ans, apparue en une fuite dans la Fée des Chimères, celle qui ne sait plus sourire et qui dit, les regards brûlants: «Marchons... foulons l'avenir... Je veux vivre!... je veux aimer!»
Et, même en nous donnant de la vie directe avec toutes ses tristesses et ses violences, même quand elle nous dira les aridités de la passion et ses puissantes oasis, elle ne perdra jamais son don unique «de flatter notre amour du merveilleux et d'en mettre partout en doses délicates qui laissent clairement transparaître le réel».
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