L'Épice. Robert A. Webster

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Название L'Épice
Автор произведения Robert A. Webster
Жанр Триллеры
Серия
Издательство Триллеры
Год выпуска 0
isbn 9788835414087



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bâti une réputation de première classe. Lorsque les propriétaires annoncèrent qu’ils avaient vendu au profit d’une grande entreprise, Cake se rappela son expérience au Savoy et décida qu’il était temps de bouger et donna son préavis peu de temps avant le trophée du Pâtisserie de l’année.

      En dépit des offres d’emploi d’autres restaurants très en vue et de l’offre d’une augmentation généreuse de sa rémunération par Avalon, Cake, au sommet de sa profession, voulait impliquer Jade dans une entreprise de pâtisserie.

      Cake se réjouissait à l’idée qu’il participait pour la dernière fois au « Trophée du Pâtissier de l’année » ou à toute autre cérémonie de récompenses, car seuls les chefs parrainés par de grands hôtels et restaurants pouvaient se présenter. Cake se sentait toujours mal à l’aise et il réalisa qu’il avait l’air affreux dans son costume, son corps trapu se balançant sur des jambes maigres. Les meilleurs tailleurs londoniens lui confectionnaient des tailleurs sur mesure, néanmoins ils pendaient comme si une main maladroite et aveugle les avait faits. Il avait toujours ressenti cela comme une injustice face à ses rivaux car son sens olfactif élevé, son palais parfait et son talent exceptionnel lui donnaient un avantage définitif sur eux. Il voulait maintenant amener ses arômes et délicatesses du Sud et sa clientèle décadente pour les offrir au Nord. Le couple se fréquentait depuis trois ans déjà. Ils trouvèrent des locaux dans le centre-ville de Lincoln et les convertirent en une boulangerie-pâtisserie, ce dont Cake rêvait depuis longtemps.

      Jade voulait tenter l’aventure au Nord avec Cake et l’aider dans ses efforts. Bien qu’elle soit satisfaite de sa vie à Londres et sache qu’elle regretterait l’argent et l’adulation londonienne que lui procurait son fiancé superstar de la cuisine, elle avait compris que Cake était malheureux de travailler dans les grands hôtels. Jade avait un travail bien payé et, en ajoutant le salaire de Cake et ses prix de concours, ainsi que ses bonus, malgré leurs remboursements de prêt à Londres, ils réunirent suffisamment d’argent pour financer leur affaire à Lincoln, qui était presque achevée ; Jade se rendait régulièrement à Lincoln pour vérifier la progression du bâtiment. Cake finissait son travail à Avalon dans quelques semaines, et ils déménageraient tous les deux dans la ville du Nord.

      * * *

      Le grand jour arriva et la « Boulangerie-Pâtisserie CAKE » ouvrit ses portes au public. Pour Cake et Jade, il était maintenant temps de voir si les fruits de leur travail allaient payer. Ils se tenaient dans la pâtisserie comme des parents fiers de montrer leur nouveau-né au monde.

      « Cet endroit sent merveilleusement bon », dit Jade en embrassant Cake, qui préparait et était aux fourneaux avec ses deux boulangers depuis cinq heures du matin, propageant des arômes divins dans toute la boutique.

      Cake avait l’air nerveux et jetait des coups d’œil au personnel debout devant les vitres des présentoirs remplis de pâtisseries et de gâteaux décoratifs. Il regarda ses deux boulangers à travers la cloison en verre de la boulangerie, puis se tourna vers Jade, soupira en plissant le front et demanda : « Est-ce que tout a l’air OK ? ».

      Jade prit sa main et dit : « C’est parfait, ne t’inquiète pas ».

      « Je ne vois personne faisant la queue dehors », dit Cake en regardant à travers la vitrine. Il jeta un coup d’œil à la pendule. « Il est sept heures quarante-cinq », lança Cake, bougeant nerveusement.

      Deux hommes frappèrent alors à la porte.

      « Il était temps qu’ils arrivent », dit Jade, qui déverrouilla la porte, laissa entrer les hommes, et reverrouilla la porte.

      « Désolé, nous sommes en retard », dit Kris Pinyoun, gardien de but du Lincoln city FC, qui arrivait avec un photographe de la gazette de Lincoln pour couvrir l’ouverture de l’établissement.

      Jade regarda dehors, soupira, et verrouilla la porte.

      Cake, Jade, les serveuses et Kris se dirigèrent vers le centre de la boutique et se tinrent autour d’un gâteau composé Louis Vuitton en exposition. Le photographe prit des clichés de Jade en train de couper le gâteau et de tendre un morceau à Kris, qui coupa un morceau avec sa fourchette sur l’assiette. Le photographe prit un instantané au moment où Kris plaçait le petit morceau dans sa bouche. Son expression changea tandis que le gâteau délicat se dissolvait dans sa bouche et qu’il savourait les parfums.

      « Belle posture », pensa le photographe qui continua à mitrailler le footballeur ravi.

      « Il est maintenant huit heures », dit Cake d’une voix anxieuse, regardant à nouveau la pendule murale.

      Jade sourit et ordonna l’ouverture des portes.

      Sarah ouvrit la porte de devant et le personnel se plaça derrière les comptoirs à leur poste prévu.

      Cake et Jade se tenaient enlacés à côté de Kris Pinyoun, qui se resservit d’une tranche de gâteau tandis que quelques personnes entrèrent. Le photographe prit des photos des premiers clients, alors que Jade leur donnait une tranche de gâteau Louis Vuitton.

      Kris se servit une autre tranche du gâteau qui diminuait à vue d’œil, puis dit « Je crois que nous allons vous laisser ».

      Cake tendit à Kris son pourboire de 300 £.

      « Ce gâteau était délicieux », dit Kris, léchant les miettes sur le napperon en papier vert. « Bonne chance pour votre boutique ». Il jeta un dernier regard au reste du gâteau Louis Vuitton, mais constatant le regard sévère de Jade, il réalisa qu’il allait s’incruster et s’en alla.

      Quelques clients se présentèrent au compte-gouttes dans l’heure qui suivit.

      « Je pensais que cela serait plus remuant », dit Cake désappointé.

      « Cela va aller », dit Jade, en le rassurant, « Le premier jour est toujours aléatoire, donc ne t’inquiète pas ». Et puis, il n’est que neuf heures et demie.

      « Je pense qu’il manque un ingrédient », dit Cake en reniflant les arômes.

      « Tu penses toujours qu’il manque un ingrédient, la mystérieuse épice manquante. Je vais demander à Grand Dave de péter. D’habitude, ça remet tes sens d’aplomb », ricana Jade.

      « Crois-tu que nous nous sommes trompés ? Cela nous a coûté plus d’argent que nous aurions pensé », dit Cake.

      « Je suis sûre que nous avons bien fait », répliqua Jade, en l’embrassant sur la joue. « Maintenant, fonce dans ta pâtisserie et utilise toute ta magie sur un Alaska ».

      Cake rentra dans le fournil et regarda à travers la cloison de verre pendant que les clients rentraient un à un dans la pâtisserie et que Jade et les filles servaient. Il savait que sa famille leur rendrait visite dans la journée et était sûr qu’elle serait fière de lui.

      Les choses ne s’étaient pas passées comme prévu pour le couple. Du fait de dépenses imprévues, ils avaient dépassé de loin leur budget à cause de la réglementation sur la construction et d’entrepreneurs négligents, ce qui avait retardé l’ouverture de la boutique et fait un trou dans leurs économies.

      La pâtisserie-boulangerie était superbe. Situé dans le centre de la zone commerciale de Monks Road, le bâtiment à deux étages comportait un grand espace ouvert au rez-de-chaussée, que Jade et Cake avaient converti en une installation somptueuse. La devanture de la boutique se distinguait parmi la rangée de boutiques voisines, avec son grand panneau vert et un logo à feuille d’or.

      L’intérieur de la pâtisserie ressemblait à un restaurant londonien décadent de 1920 avec de petites imitations de réverbères et d’autres luminaires et fixations Art Deco, ainsi que des colonnes en marbre vert citron à chaque coin. La couleur dominante était le vert jade subtil, et tout était assorti, la vaisselle, la garniture, les sacs en papier et les napperons.

      La section pâtisserie comportait de grands présentoirs en verre le long des