Название | Un diplomate luxembourgeois hors pair |
---|---|
Автор произведения | Paul Schmit |
Жанр | Биографии и Мемуары |
Серия | |
Издательство | Биографии и Мемуары |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9782919792009 |
Les deux rejetons de familles bourgeoises voire aristocratiques étaient liés non seulement par tous les talents de la jeunesse alliée à l’ambition, mais encore et surtout par le fait qu’ils voulaient échapper à des situations familiales compliquées, notamment en raison du remariage de leurs pères respectifs. L’entente avec les belles-mères de l’un et de l’autre n’était guère optimale et ni Luxembourg ni Venise ne retenaient suffisamment les deux audacieux qui, sans trop hésiter, ont pris le grand large. Hugues connaissait le grand monde et le grand jeu de la vie, et Pisana allait combler son indicible enthousiasme pour les contrées exotiques et son ambition de poursuivre une carrière somme toute prometteuse. Pisana est décrite par d’aucuns comme très gentille mais ne sachant pas faire le ménage.
Et les voilà partis pour le Japon. Pour les déplacements des jeunes Le Gallais, l’avion, cette fabuleuse conquête de l’air par l’homme, ne semble pas avoir été à portée de mains. Pisana n’a d’ailleurs utilisé ce moyen de déplacement qu’une seule fois de sa vie pour se rendre à Cuba, Hugues peut-être aussi pour se rendre au Mexique, mais pas si souvent que cela leur aurait été possible avec une aviation qui n’en était plus à ses débuts mais toujours considérée comme dangereuse. L’automobile était inexistante et impossible à utiliser à Venise, de sorte que la quasi-exclusivité de leurs déplacements ont été entrepris en train et en bateau. En tout cas, au seuil de leur vie nouvelle, une page aventureuse allait s’ouvrir pour Pisana et Hugues. Le couple allait mener une vie de rêve en faisant habilement fructifier son talent, que ce soit à Tokyo, à Luxembourg, plus tard à Washington ou finalement à Venise.
53 Comme le couple est resté sans enfants, la maison est revenue aux héritiers de Hugues et de Pisana.
54 Par la suite, et pendant presque vingt ans, le rez-de-chaussée du palais a accueilli jusqu’en 2017 la participation luxembourgeoise aux Biennales de Venise.
55 Télégramme de condoléances au colonel ou encore Lt. Gianni Velluti, demi-frère de Pisana, du 22 mars 1957 de Doody.
56 Mersch, Jules : Biographie Nationale du Pays de Luxembourg depuis ses origines jusqu’à nos jours. Luxembourg 1972, fasc. 19, p. 68 ; Mémorial n°51 du 19 juillet 1920, p. 764.
57 Victor Bodson (1902-1984), ministre de la Justice de 1940 à 1947.
58 Heisbourg, Georges : Le gouvernement luxembourgeois en exil. 1942-43, p. 22.
59 Documents du Département de la Guerre (War Department) de février 1944 et mars 1946 mis à disposition par la famille de M. Brasseur (Tom Elvinger).
60 Robert Flesch (1882-1940), ingénieur, chef des laminoirs de l’usine de Dudelange.
61 Élie Decazes, 5e duc Decazes (1914-2011).
62 Peggy Guggenheim (1898-1979), collectionneuse et mécène.
ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES AVANT LA GUERRE ET POSTE DIPLOMATIQUE À WASHINGTON
La famille d’Hugues avait été à l’origine de l’Arbed dont le siège social a été le symbole de l’économie luxembourgeoise florissante. Le bâtiment reflète l’histoire glorieuse d’une époque de la sidérurgie dominante. L’édifice a marqué et continue de constituer l’emblème de l’avenue de la Liberté. L’architecture et l’urbanisme de la capitale restent imprimés par ce fleuron du patrimoine architectural et industriel du pays.
D’après un membre de la famille, Hugues, après la Première Guerre mondiale, n’avait en fait pas de vraie position. Peu enclin à se montrer expansif, en public du moins, il n’avait pas non plus l’âme sœur qui allait vraiment lui permettre de jouer son rôle avec davantage d’ardeur et de fougue. Au bout de ses études, il était heureux de pouvoir représenter Columeta où quelqu’un a dû placer un mot en sa faveur et le recommander. Il n’était apparemment pas connu pour être trop assidu au travail de bureau, certains disant à l’époque que le numéro deux faisait une partie non négligeable du boulot. C’est aussi ce qui résulte d’une lettre d’Andrée Mayrisch à sa mère du 19 novembre 1921 alors qu’elle et Hugues étaient à Londres tous les deux : « Hugues devient de plus en plus comique en spats63 et gibus.64 Il prononce tellement de paroles mémorables qu’on ne les retient pas. Voici quelques-unes des meilleures : “Je trouve que c’est amoral pour quelqu’un d’aussi riche que Gaston65 de travailler”, “Je suis beau, je suis intelligent, j’ai des idées larges”. À propos des affaires, et de l’argent qu’il gagnera plus tard : “Quand je voudrais, je réussirai(s) toujours, dans n’importe quoi.” En plus de ses autres défauts, il est devenu snob et rempli de préjugés mondains – mais c’est un cher garçon tout de même, quoique Poussy66 et moi le croyions capables [sic] des pires canailleries, innocemment d’ailleurs. »67 Pas trop porté sur le travail donc, mais néanmoins intéressé à jouer dans la cour des grands, Hugues