Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì

Читать онлайн.
Название Le Ciel De Nadira
Автор произведения Giovanni Mongiovì
Жанр Исторические любовные романы
Серия
Издательство Исторические любовные романы
Год выпуска 0
isbn 9788835411437



Скачать книгу

Je ne te le permets pas, au prix de tout raconter à notre père. ” ” Tu ne le feras pas, ma sœur, pas toi qui ne m’a jamais trahi. ” Apollonia se leva, le regarda et le fixa… Sur ce, il lui caressa la joue du bout du doigt.

      “ La vengeance est la ruine de l’homme. C’est toi qui m’as raconté comment la guerre d’il y a vingt ans n’a pas eu de succès pour les chrétiens à cause de la vengeance de ce type. ”

      “ Arduin le lombard… mais ce ne fut pas à cause de sa vengeance que les armées des chrétiens s’en allèrent au delà de la mer ; ce fut parce que leur général voulu l’humilier publiquement… juste comme Umar a fait avec moi. ”

      Chapitre 12

      Début de l’été 1040 (431 de l’hégire), vallée à l’est de Tragina

      De nombreux jours passèrent, peut-être une semaine ou plus, un temps où Conrad continua de fréquenter l’église rupestre. Il y dormit, y mangea, y pria et doucement il commença à échanger quelques paroles avec ceux qui y venaient, surtout avec les quelques moines du rite grec qui connaissaient la langue d’oïl, mais aussi avec certaines personnes de la servitude, et avec les soldats de la garde du camp. Conrad y passa tant d’heures que durant les quelques moments où il mit le nez dehors, ses yeux brûlèrent à cause de l’intense lumière du soleil. Il apprit qui étaient chaque personnage peint sur le mur, le nom de tous les saints et il éprouva beaucoup d’affection pour Saint André, priant à bouche ouverte et faisant le symbole de la trinité de la main ; ce saint en particulier, surmontait la sépulture de son père.

      Roul et les autres avaient erré dans les campagnes pendant des jours en-tiers, et maintenant, de retour de la poursuite, ils rentraient au camp avec la grande armée. C’était les premières heures de l’après-midi, quand Conrad entendit une grande confusion qui provenait d’en bas et se jura à lui même que dans les tentes on fêtait certainement.

      Peu de temps passa et son homme de confiance vint vers lui.

      “ Mon fils, sort ! ”

      Conrad alors sorti, mais il resta devant l’entrée.

      “ L’entière armée revient. ”

      “ C’est vous qui fêterez la victoire… moi, je souffre encore pour la perte de mon père. ”

      “ Beaucoup de soldats ont perdu un parent dans la bataille, un frère et même un père… Il y a peu, ils ont enterré leur propres morts, et pas dans un beau mausolée comme celui-ci, mais au milieu d’un camp. Maintenant, cependant, il est juste de jouir de nos sacrifices… ils sont morts également pour cela. ”

      “ Je ne veux pas abandonner mon père. ” dit Conrad.

      “ Et un quelconque infidèle profanait ce lieu ? Il renforça sa thèse.

      “ Dieu le punira, mais ils ne peuvent pas tuer ton père une seconde fois. Aujourd’hui nous fêterons ensemble, et puis, compensation en poche, nous retournerons à Syracuse pour aider ceux qui sont restés, afin de compléter l’assaut. Nous avons obtenu un grand butin de ces jours-ci… Dieu seul sait combien de villages ont été pris dans la poursuite et sur la route du retour ! Chacun aura sa part et toi tu auras celle de ton père. ”

      “ Je ne l’ai pas gagnée. ”

      “ Qu’as-tu gagné de tout cela que ton père n’ait fait pour toi ? Mon garçon, je commence à être fatigué de tes caprices ! Aujourd’hui, j’avais même des difficultés à croire que tu étais resté ici pendant plus d’une semaine. Mais je ne suis pas ton père, et si je ne pourrai pas honorer la pro-messe que je lui ai faite, alors il vaut mieux que je t’arrache la tête avec deux de mes doigts, plutôt que t’avoir dans les pieds ! ”

      “ Qu’attendez-vous de moi ? ” demanda donc Conrad en haussant la voix.

      “ Que tu comprennes que ton père est mort, et que tu arrêtes de pleurnicher. Que tu saches que j’étais un ami de Rabel, et non de toi, je n’aurais donc aucun scrupule à te pendre à la bannière, si tu ne fais pas ce que je te dis. ”

      “ Prenez la part du butin de mon père et laissez moi en paix. ”

      Quand après cette phrase Conrad se retourna pour aller se réfugier dans la grotte, Roul le prit par la nuque et le hissa à plus de deux mètres de hauteur. La main du guerrier embrassait presque tout le cou du jeune garçon, il la serra à tel point que les yeux du jeune homme semblèrent projetés vers l’extérieur.

      “ On m’appelle Poing Dur et je devrais me faire insulter par toi, un sale gosse ? J’y mettrai bien peu à t’écraser sur ce rocher ! ” hurla t’il au point de ressembler au Diable.

      Il le fit donc tomber brusquement en lâchant la prise.

      “ Si quelqu’un voyait comment tu essaies de me mépriser, ma réputation serait mise à dure épreuve. J’ai tué des hommes pour bien moins que cela ! Remercie ton père et mon honneur si aujourd’hui je ne t’étrangle pas. Maintenant lèves-toi et viens au camp ! ”

      Conrad était blessé, plus dans son corps que dans son âme, et il évitait de regarder l’autre dans les yeux, restant encore recroquevillé sur l’herbe sèche. Ni même son père n’était parvenu à le discipliner de la sorte.

      A un certain point il vit la gigantesque main de Roul s’approcher de son visage ; il ferma donc très fort les yeux en imaginant cette menace qui se concrétisait.

      “ Lève-toi et viens avec moi. Je te ferai voir comment vivait ton père, je te ferai connaître ses amis, je te ferai boire ce qu’il buvait et je te ferai connaître les femmes qu’il préférait. ” l’invita Roul d’ un ton anormale-ment gentil en lui tendant la main.

      Conrad l’attrapa et se remit debout, il essuya les larmes qui baignaient ses tâches de rousseur et s’efforça d’avoir une expression de dureté.

      “ C’est ainsi que tu me plais ” se complimenta l’énergumène avant de lui tourner le dos et commencer à descendre de la côte.

      “ Roul ! ” au contraire appela Conrad.

      “ Qu’il y a t’il d’autre ? ” répondit avec impatience l’adulte d’entre les deux.

      “ Je veux que vous m’emmeniez avec vous dans la prochaine bataille. ” Roul se mit à rire, il était heureux que ses moyens donnaient des résultats, mais il rit de bon goût.

      “ Sale gosse, qu’est ce que tu voudrais ? ”

      “ Vous voulez m’enseigner à vivre comme vivait mon père… , emmenez-moi également au combat. Mon père m’a enseigné l’épée depuis que je marche. Je sais le faire ! ”

      “ Tu m’en donneras une démonstration dès que cela sera possible. En ce qui concerne la guerre…. eh bien, mon fils, tu dois d’abord préparer ton cœur… tu dois apprendre à haïr ! ”

      “ Je sais déjà haïr ! Mettez devant moi un infidèle et vous verrez comme je le réduirai en lambeaux. ”

      “ cela ne suffit pas, tu n’es pas assez fort. ”

      “ Donnez-moi votre hache et j’abattrai cet olivier en trois coups. ” Roul rit encore plus fort et répondit :

      “ Tu ne saurais même pas soulever ma hache ! Tu viendras avec moi en bataille mais pas maintenant. L’armée régulière de Constantinople est composée d’hommes qui ont au moins dix-huit ans. Nous ne sommes certes pas à leur niveau, mais attends au moins que quelques poils te naissent au menton avant de venir. ”

      “ L’année prochaine ? ” demanda naïvement Conrad.

      “ L’année prochaine… c’est d’accord. ” dit Roul pour s’en libérer. ” Je vengerai mon père ! ”

      Roul cette fois ne répondit pas, il posa plutôt une main sur l’épaule de l’autre et recommença à descendre.

      Le camp était un essaim de personnes : avant