Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì

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Название Le Ciel De Nadira
Автор произведения Giovanni Mongiovì
Жанр Исторические любовные романы
Серия
Издательство Исторические любовные романы
Год выпуска 0
isbn 9788835411437



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bannières indomptables s’agitaient au vent ; ce jour là le vent était incertain, même Dieu probablement ne savait de quel côté être… tout comme, au jugement des postérités incrédules, Dieu était confus par rap-port à qui il devait soutenir dans cette bataille. D’un côté, au cri de ”Alla-hu Akbar37”, les sarrasins de Sicile et d’Afrique – arrivés en support des premiers – prêts à rechasser l’envahisseur. De l’autre côté, vantant ” Le Christ gagne ”, les hommes à la solde de Constantinople, pour lesquels les envahisseurs étaient les autres.

      Invités par leur commandant, à l’abri entre Jebel38 et les Nébrodes, les hommes de Abd-Allah se prosternaient vers La Mecque et involontaire-ment vers l’armée ennemie. Les autres aussi étaient recueillis dans la prière, toutefois, non pas en une unique oraison harmonieuse, mais certains en latin et d’autres en grec.

      Le camp avait été monté à environ miles à l’est de la montagne contre laquelle est protégée la ville de Tragina39, et ici, parmi les tentes, Conrad avait observé son père s’éloigner avec l’armée toute entière, juste quelques heures auparavant.

      A l’exception de la présence d’un modeste village de marchands et paysans, il s’agissait d’une zone éloignée des centres habités, riche en bois d’un côté, sur les versants des montagnes les plus hautes, et de collines herbeuses adaptent au pâturage de l’autre côté. Un fleuve s’écoulait juste-ment au point le plus bas de la vallée, et de cela un petit ruisseau perdurait malgré l’été, assurant l’approvisionnement en eau aux soldats.

      Maintenant Conrad fixait le point au fond de la rue où il avait vu son père pour la dernière fois. Le matin, il l’avait aidé à porter sa cotte de maille avec une croix rouge sur la poitrine, sur sa tunique blanche. Il faisait déjà chaud durant les premières heures après l’aube, il avait donc tenu son casque à l’abri du soleil, pour qu’il soit plus frais quand son père l’au-rait mis. Comme dernier geste, avant de monter à cheval, Rabel avait froissé les cheveux de son fils et en échange Conrad lui avait passé la bannière et le casque. Puis un regard et il se confondit dans la marée humaine de soldats, en avançant vers la clairière juste hors du camp ; ici Georges Maniakès avait harangué ses troupes. Conrad était donc monté sur le tabouret à peine libéré par un frère bénédictin et avait essayé de trouver Rabel parmi les hommes réunis là au fond. Puis il avait vu Roul, sa tête et ses épaules planaient au dessus des autres, et il avait imaginé que son père pouvait être là.

      Ils savaient tous qu’il s’agissait de la bataille la plus importante de l’entière campagne sicilienne, toutefois Rabel avait essayé de cacher sa tension ce jour là, durant toutes les heures où il avait été avec son fils.

      “ Les autres, sont-ils nombreux ? ” avait demandé Conrad.

      Les guetteurs parlent surtout d’infanteries. Nous, nous avons un cheval ! ”

      “ Cette fois, je pourrai assister à la scène… ”

      “ Conrad, mon fils, je te l’aurai répété cent fois : reste ici avec les femmes, la servitude et les moines… ” expliqua Rabel, qui continua :

      “ Mais si les choses devaient tourner mal, aux premiers signes, sauve-toi sur la colline et cache-toi. ”

      “ Y a t-il cette possibilité ? Tancred et Roul disent que les choses iront comme elles ont été jusqu’à présent, c’est vrai, mais nous connaissons la situation. Et puis, évite de décourager les soldats ! ”

      Ainsi Rabel avait encouragé son fils.

      Il était déjà midi et dans le camp on respirait toute l’inquiétude pour cette difficile attente. De temps en temps quelqu’un revenait du camp pour communiquer des nouvelles concernant l’avancement de la bataille. Certaines parmi les jeunes filles de la servitude pleuraient car certainement liées à quelque soldat avec qui était né une liaison. Puis, un prêtre du camp s’approcha de Conrad qui était encore assit sur le tabouret, sous le soleil, et lui dit :

      “ Mon fils, ton père rentrera prématurément si tu restes là à fixer le fond de la route. ”

      Conrad le regarda du bas vers le haut. ” Voici un morceau de pain ! ” ajouta t-il.

      Le garçon l’attrapa et le mordit.

      “ Si tu as besoin de quelque chose pour occuper ton esprit outre que ton estomac, viens auprès de moi. ”

      Il le porta sur la colline sans végétation, aux tonalités dorées car brûlées par le soleil. Le sommet était dépourvu de terre, tout comme un grand ro-cher gris ardoise à la surface dentelée. La fronde d’une olive, la seule pré-sente, enracinée sur le côté de la formation rocheuse, était occupée par un petit troupeau de chèvres, et par un vieux berger qui avait plus de rides sur le visage que d’années. Le prêtre tourna par derrière et entra par une ouverture du rocher. Conrad fut étourdi en voyant que l’intérieur de la roche était assez spacieux pour permettre la présence d’au moins vingts hommes, et était complètement peint de couleurs vives, en ayant tout au-tour des parois des images de l’histoire de la bible et de la vie des saints; le style était typiquement celui des peintures sacrées de l’Orient. Un petit prie-Dieu au fond et une croix au mur indiquaient le lieux où l’on se prosternait.

      “ Père, vous êtes étranger, parti pour suivre l’armée, comment connaissez-vous cet endroit ? ”

      “ Les frères du rite grec s’y réunissent depuis des siècles pour prier. Ce sont eux qui me l’ont indiqué. Mais maintenant prie le Seigneur et la Madonne, afin que ton père rentre sain et sauf. ” conclut le religieux avant de le laisser seul.

      Ce fut ainsi que Conrad se retrouva seul, à genoux, les yeux fermés, serrant le crucifix sur sa poitrine, et priant pour que Dieu ramène son père.

      Quand il rentra du camp c’était déjà le soir. Il rentra dès qu’il vit que certains hommes à cheval étaient rentrés de la bataille, et il accéléra quand il se rendit compte qu’un d’entre eux était le gros Roul ; le sang sur son hache danoise et sur la cotte de mailles était encore frais.

      “ Jeune homme, où étais-tu ? ” demanda le guerrier dès que Conrad s’approcha auprès d’eux.

      “ Un prêtre m’a conduit sur les falaises… ” expliqua l’autre, toutefois il ne voulut pas révéler pourquoi il y était allé de peur que son intimité soit ridiculisée

      Son visage changea…. Si son père était rentré sain et sauf, il aurait sans aucun doute été au premier rang parmi ces hommes. Tout d’un trait, le vi-sage de Roul lui apparut triste, comme si sa fureur avait été mortifiée par un évènement néfaste. Seulement maintenant, il comprenait ce qui se cachait derrière cette couverture humaine de soldats du nord dont Raoul était à l’ouverture du rang.

      “ Où est mon père ? ” demanda t-il, même s’il imaginait déjà la réponse.

      “ Nous avons gagné, mon fils. ” dit Tancred, un autre parmi les plus proches de Rabel, peut être pour tenter de contrebalancer le désespoir du jeune garçon, celui-ci brandissait encore sa longue pique et portait un manteau rouge.

      “ Oui, ceux qui sont restés, nous les avons fait fuir. ” intervint un autre. ” Ça a été une grande victoire ! ” exclama quelqu’un dans le groupe.

      “ Le vent aussi nous a été favorable aujourd’hui… mais le vent le plus terrible, c’est encore une fois nous de la compagnie normande qui l’avons porté. ” ajouta Tancred.

      Toutefois Conrad, pendant que ce dernier parlait, ouvrit un passage par-mi les hommes.

      Rabel était étendu sur le sol. Sa gorge était marquée d’une grosse tâche de sang, vraisemblablement là où il avait reçu le coup mortel ; un coup qui avait été donné avec une incroyable puissance, vu qu’il avait trans-percé la cotte en maille. Sa chevelure blonde était découverte,



<p>37</p>

Allahu Akbar: littéralement ”Dieu est le plus grand”. Il s’agit d’une expression arabe commune dans le monde islamique et présente dans le Coran, dans la ṣalāt et dans l’adhān.

<p>38</p>

Jebel: littéralement ”mont”. En Sicilien, utilisé sans appellation, indiquait le mont par antonomase, c’est à dire l’Etna. A l’époque normande on finit par appeler le volcan ”mont Jebel” au point qu’il devint ”Mongibello”, c’est à dire ”mont mont”.

<p>39</p>

Tragina: antique nom de la localité de Troina, dans la province d’Enna.