Название | Voie sans issue |
---|---|
Автор произведения | Блейк Пирс |
Жанр | Зарубежные детективы |
Серия | |
Издательство | Зарубежные детективы |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781640297173 |
Elle n’avait pas envie de gâcher cette soirée avec un tel sujet de conversation mais elle savait aussi que si elle le gardait pour elle, elle continuerait d’y penser toute la soirée.
« Alors, » dit Moulton, en tripotant les coins de son menu en l’ouvrant. « Ce n’était pas bizarre que je t’invite à dîner ? »
« Je suis sûre que ça dépend à qui tu poses la question, » répondit-elle. « Le directeur Johnson penserait sûrement que ce n’est pas une bonne idée. Mais pour être tout à fait honnête, » dit-elle, « j’espérais un peu que tu le fasses. »
« Ah, alors tu es plutôt traditionnelle ? Tu ne m’aurais pas demandé pour aller dîner ? Tu aurais attendu que je le fasse ? »
« Ce n’est pas tant le fait d’être traditionnelle que le fait d’avoir une certaine appréhension à la suite de ma dernière relation. Je devrais d’ailleurs t’en parler tout de suite. Jusqu’à il y a sept mois, j’étais fiancée. »
L’air surpris qui envahit son visage ne fut que momentané. Par bonheur, elle n’y vit aucun signe de peur ou d’embarras. Mais avant qu’il puisse ajouter quoi que ce soit, la serveuse vint leur demander ce qu’ils voulaient boire. Ils demandèrent tous les deux un Sapporo et commandèrent rapidement, pour ne pas laisser le fil de la conversation leur échapper.
« Est-ce que je peux te demander pourquoi ça n’a pas marché entre vous ? » demanda Moulton.
« C’est une longue histoire. La version courte, c’est qu’il m’oppressait et qu’il ne parvenait pas à se détacher de l’ombre de sa famille – et de sa mère, en particulier. Et quand j’ai soudain commencé ma carrière au FBI, il ne m’a pas beaucoup soutenue. Il n’était pas non plus très compréhensif avec mes propres histoires de famille… »
Elle savait qu’il devait sûrement avoir entendu parler de certaines choses de son passé. Quand elle avait fouillé sur le sujet vers la fin de sa formation, elle était sûre que des rumeurs avaient dû circuler à l’académie.
« Oui, j’ai entendu certaines choses à ce sujet… »
Il laissa le commentaire en suspens. Chloé comprit par là que si elle voulait lui en parler, il l’écouterait. Mais si elle préférait laisser le sujet de côté, il n’insisterait pas non plus. Et à ce moment-là, avec tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle se dit que c’était maintenant ou jamais. Ça ne sert à rien d’attendre, pensa-t-elle.
« Bien que je préfère garder les détails pour plus tard, je pense qu’il faudrait que tu saches que j’ai vu mon père aujourd’hui. »
« Il est sorti de prison ? »
« Oui. Et je pense que c’est en partie grâce à ce que j’ai découvert ces derniers mois au sujet de la mort de ma mère. »
Il fallut un moment à Moulton pour savoir comment réagir. Il prit une gorgée de sa bière pour se laisser le temps de réfléchir. Quand il reposa son verre, il répondit de la meilleure manière possible.
« Et comment tu te sens ? »
« Bien, je pense. C’était juste très inattendu. »
« Chloé, on n’était pas obligé de sortir ce soir. J’aurais compris si tu avais annulé. »
« J’ai failli le faire. Mais je ne voulais pas lui laisser le moindre pouvoir sur une autre partie de ma vie. »
Il hocha la tête et le silence s’installa à nouveau entre eux. Ils en profitèrent pour étudier le menu. Leur silence fut interrompu par la même serveuse, qui revenait prendre leurs commandes. Quand elle fut partie, Moulton se pencha en avant et demanda : « Est-ce que tu veux en parler ou tu préfères qu’on ignore le sujet ? »
« Je préférerais l’ignorer pour l’instant. Je voulais juste que tu saches qu’il est possible que j’ai parfois la tête ailleurs ce soir. »
Il sourit et se leva lentement de sa chaise. « Je comprends mais laisse-moi essayer une chose, si ça ne te dérange pas. »
« Quoi… ? »
Il s’approcha d’elle, se pencha en avant et l’embrassa. Elle eut d’abord un mouvement de recul, ne sachant pas ce qu’il avait l’intention de faire. Mais quand elle comprit, elle le laissa faire. Non seulement ça, mais elle lui rendit son baiser. Ils s’embrassèrent doucement mais aussi avec un certain empressement, et elle sut qu’il pensait probablement à ce moment depuis aussi longtemps qu’elle.
Il arrêta de l’embrasser avant que ça ne commence à devenir gênant. Après tout, ils étaient assis dans un restaurant et entourés d’autres clients. Et Chloé n’avait jamais été du genre à aimer les démonstrations publiques d’affection.
« Loin de moi l’idée de m’en plaindre, » dit-elle, « mais que me vaut l’honneur ? »
« Deux choses. D’abord, le fait que j’ai réussi à prendre mon courage à deux mains… quelque chose dont je suis rarement capable avec une femme. Mais c’était aussi pour te donner autre chose à laquelle penser… en espérant qu’elle te fasse oublier le fait d’avoir vu ton père aujourd’hui. »
Elle avait la tête qui tournait légèrement et une vague de chaleur envahit son corps. Elle soupira et dit : « Oui, je pense que tu as réussi. »
« Tant mieux, » dit-il. « J’imagine qu’on peut aussi laisser tomber la question de savoir si on est sensé s’embrasser à la fin de notre rendez-vous… car c’est toujours un moment gênant. »
« Oh, après ça, on a plutôt intérêt, » dit-elle.
Sur ces mots, et comme Moulton l’avait espéré, la visite inattendue de son père lui sembla soudain un lointain souvenir.
***
Le dîner se déroula bien mieux qu’elle l’aurait espéré. Une fois qu’ils eurent laissé le sujet de son père de côté et qu’ils reprirent leur conversation après le baiser inattendu de Moulton, le reste de la soirée fut des plus agréables. Ils parlèrent du FBI, de musique, de films, de personnes qu’ils avaient connues lors de leur formation à l’académie, de leurs centres d’intérêt et de leurs hobbys. Tout lui sembla naturel et elle ne s’était vraiment pas attendu à ça.
D’un côté, elle regrettait presque d’être restée aussi longtemps avec Steven. Si c’était ce qu’elle avait manqué en restant avec lui, elle avait vraiment raté beaucoup de choses.
Quand ils eurent terminé de manger, ils prirent encore quelques verres. Ce fut une autre occasion pour Moulton de lui montrer son affection, en s’arrêtant à deux verres tandis que Chloé prenait un troisième. Il lui demanda même si elle préférait prendre un taxi, au cas où elle n’était pas à l’aise avec le fait qu’il prenne le volant.
Il la ramena chez elle et se gara devant le trottoir un peu après vingt-deux heures. Elle était loin d’être saoule mais elle était assez joyeuse pour penser à des choses auxquelles elle n’aurait pas pensé autrement.
« J’ai vraiment passé une bonne soirée, » dit Moulton. « J’aimerais vraiment qu’on le fasse à nouveau, si tu es d’accord et si tu penses que ça ne risque pas d’affecter notre travail. »
« Ça me plairait