Название | Une Cour de Voleurs |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | Un Trône pour des Sœurs |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781640292949 |
Sophia sentait la peur des orphelins qui l'entouraient. Leurs pensées si nombreuses formaient une vague de crainte. Quelques-uns se demandaient s'il fallait l'aider mais ils n'en avaient jamais vraiment la possibilité. La plupart d'entre eux étaient seulement heureux de ne pas être à la place de Sophia.
Alors que les sœurs l'entraînaient vers la cour, Sophia se débattait, mais en vain. Peut-être Kate aurait-elle su se battre contre elles et leur échapper mais Sophia n'avait jamais été une combattante. Elle avait été la plus rusée des deux mais, dans ce cas, elle n'avait pas été assez rusée. Elle avait été capturée et maintenant …
… maintenant, il y avait un poteau qui l'attendait au centre de la cour et on comprenait aisément pourquoi.
Quand les sœurs emmenèrent Sophia à ce poteau, certains des enfants la raillèrent et cela la fit presque souffrir encore plus que le reste. Elle savait pourquoi ils le faisaient parce que, si elle avait été à leur place, elle les aurait imités, ne serait-ce que pour s'assurer de ne pas être choisie comme victime d'une punition. Malgré cela, Sophia sentit des larmes lui monter aux yeux en voyant la colère qui animait certains des jeunes visages du public.
Elle allait leur servir d'avertissement. Pendant tout le reste de leur vie, ils penseraient à elle dès qu'ils penseraient à s'évader.
Sophia appela Kate avec ses pouvoirs pendant qu'on l'attachait au poteau, qu'on lui pressait le visage contre le bois et qu'on la tenait en place avec des cordes de chanvre rugueux.
Kate, à l'aide ! Elles m'ont attrapée !
Cependant, elle ne reçut aucune réponse et les sœurs continuèrent à attacher Sophia comme une victime sacrifiée aux entités plus sombres que les gens avaient vénérées avant la Déesse Masquée. Sophia cria à l'aide avec toute la force mentale qu'elle put invoquer mais cela sembla ne produire aucun effet.
Les sœurs prenaient leur temps. Visiblement, elles voulaient soigner la mise en scène tout autant que la torture. Ou peut-être ne voulaient-elles simplement pas faire souffrir Sophia trop vite pour que le spectacle dure plus longtemps.
Quand Sophia fut attachée au poteau, les sœurs firent entrer certains des enfants les plus jeunes et les forcèrent à la regarder comme si elle était une bête sauvage capturée dans une ménagerie.
“Nous devons être reconnaissantes”, dit la sœur O’Venn. “Nous devons être humbles. Nous devons rendre à la Déesse Masquée ce que nous lui devons pour ses cadeaux. Si vous ne le faites pas, vous en paierez le prix. Cette fille s'est enfuie. Cette fille a eu l'arrogance d'accorder plus d'importance à sa volonté qu'à celle de la déesse. Cette fille était dévergondée et fière.”
Elle le dit comme un juge qui prononce une condamnation avant de se rapprocher de Sophia. Il commençait à pleuvoir, maintenant, et Sophia sentait l'eau froide lui couler dessus dans le noir.
“Repens-toi”, dit-elle. “ Repens-toi de tes péchés et paye à la déesse le prix de ton pardon !”
Elle souffrira qu'elle le fasse ou non mais elle doit choisir quand même.
Sophia voyait la même opinion dans les pensées des autres sœurs. Elles comptaient la faire souffrir tout autant quoi qu'elle dise. Il était inutile d'essayer de mentir et d'implorer leur pardon parce que, en vérité, même les sœurs les plus humbles voulaient la faire souffrir. Elles voulaient le faire pour que Sophia serve d'exemple aux autres parce qu'elles croyaient sincèrement que cela serait bon pour son âme ou simplement parce qu'elles aimaient regarder souffrir les gens. La sœur O’Venn appartenait à la seconde catégorie.
“Je suis désolée”, dit Sophia. Elle voyait les autres se repaître de ses paroles. “Je suis désolée de ne pas avoir couru deux fois plus vite ! Vous devriez tous vous enfuir !” cria-t-elle aux enfants présents. “Elles ne peuvent pas vous arrêter tous. Elles ne peuvent pas vous attraper tous !”
La sœur O’Venn gifla Sophia, dont la tête heurta le bois du poteau de punition, puis elle enfonça une cheville en bois entre les dents de Sophia avec une telle violence que, quand aucune dent ne céda, ce fut comme un miracle.
“Comme ça, tu ne te mordras pas en hurlant”, dit-elle avec une tendresse factice qui ne ressemblait en rien aux choses que Sophia voyait dans son esprit. A ce moment-là, Sophia comprit le désir de vengeance de Kate, son envie d'incendier cet endroit. Elle aurait mis le feu à la sœur O’Venn sans le moindre scrupule.
La sœur masquée sortit un fouet et le testa exprès pour que Sophia le voie. C'était un objet d'apparence maléfique, avec plusieurs mèches de cuir toutes dotées de nœuds. C'était un objet qui pouvait marquer et déchirer les chairs et qui était beaucoup plus violent que toutes les ceintures ou ou tous les bâtons que les sœurs avaient autrefois utilisés pour battre Sophia. Elle essaya de se dégager de ses liens mais en vain. Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était de rester insoumise pendant qu'elles la punissaient.
Quand la sœur O’Venn la frappa pour la première fois, Sophia mordit presque la cheville en bois. Une douleur intense lui explosa dans le dos et elle sentit les coups la déchirer.
Je t'en supplie, Kate, dit-elle par télépathie, je t'en supplie !
Une fois de plus, elle eut la sensation que ses paroles se perdaient dans l'air sans obtenir de réponse. Est-ce que sa sœur les avait entendues ? C'était impossible à savoir en l'absence de réponse. Sophia ne pouvait que rester pendue là, l'appeler et espérer.
D'abord, Sophia essaya de ne pas crier ne serait-ce que pour priver la sœur O’Venn de ce qu'elle voulait vraiment mais, en vérité, quand une douleur brûlante comme le feu lui enflamma le dos, elle ne put plus se retenir. Sophia hurla à chaque impact jusqu'à avoir l'impression d'avoir été complètement vidée.
Quand les sœurs lui retirèrent finalement la cheville de la bouche, Sophia remarqua qu'elle saignait de là aussi.
“Est-ce que tu te repens maintenant, mauvaise fille ?” demanda la sœur masquée.
Sophia l'aurait tuée si elle avait eu ne serait-ce qu'un moment pour le faire, se serait enfuie mille fois si elle avait pensé avoir une chance de fuir. Malgré cela, elle força son corps secoué de sanglots à hocher de la tête en espérant qu'elle saurait avoir l'air assez repentante.
“Je vous en prie”, supplia-t-elle. “Je suis désolée. Je n'aurais pas dû m'enfuir.”
Alors, la sœur O’Venn s'approcha assez près pour se moquer d'elle. Sophia vit sa colère et aussi son appétit pour la violence.
“Tu t'imagines que je ne vois pas quand une fille me ment ?” demanda-t-elle. “Dès le jour où tu es arrivée ici, j'aurais dû savoir que tu étais méchante, vu l'endroit d'où tu venais. Cela dit, je vais te rendre vraiment pénitente. S'il le faut, je te battrai jusqu'à faire disparaître la méchanceté qui est en toi !”
Elle se tourna vers les autres enfants et Sophia détestait l'idée qu'ils soient encore en train de regarder, immobiles comme des statues, figés par la peur. Pourquoi ne l'aidaient-ils pas ? Au moins, ils auraient pu reculer, horrifiés, s'enfuir de la Maison des Oubliés pour s'éloigner autant que possible des horreurs qu'on y perpétrait. Ils ne faisaient qu'être là, immobiles, pendant que la sœur O’Venn paradait devant eux, le fouet sanglant en main.
“Vous êtes venus ici parce que vous n'étiez rien, la preuve du péché d'un autre ou les déchets du monde !” cria la sœur masquée. “Quand vous sortez d'ici, vous êtes des garçons et des filles prêts à servir le monde comme on vous le demande. Celle-ci a cherché à s'enfuir avant d'avoir son contrat. Ici, elle a profité de plusieurs années de sécurité et d'instruction puis elle a essayé de s'enfuir pour ne pas en payer le prix !”
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