Le Serment des Frères . Морган Райс

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Название Le Serment des Frères
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632916341



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aux démons qu’il avait déchaînés inconsciemment sur le monde. Il avait un creux à l’estomac, sentait qu’il avait relâché une force noire sur le monde, une qui ne serait pas facilement maîtrisée. Il avait le sentiment qu’il avait fait sortir quelque chose, comme un boomerang, qui un jour, d’une manière ou d’une autre, retournerait à lui. Peut-être même plus tôt qu’il ne l’imaginait.

      Thor serra la garde, préparé. Quoi que ce soit, il l’affronterait intrépidement au combat, tuerait tout ce qui viendrait à lui.

      Mais ce qu’il craignait véritablement était les choses qu’il ne pouvait pas voir, les ravages invisibles que les démons pourraient commettre. Ce qu’il craignait le plus était les esprits inconnus, ceux qui se battaient furtivement.

      Thor entendit des bruits de pas, sentit leur petit bateau tanguer, et se tourna pour voir Matus marcher jusqu’à côté de lui. Matus se tint là tristement, portant le regard vers l’horizon avec lui. C’était un jour sombre et morose, et alors qu’ils regardaient au loin, il était malaisé de dire si c’était le matin ou l’après-midi, le ciel tout entier était uniforme, comme si cette partie du monde tout entière était en deuil.

      Thor pensa à comment Matus était rapidement devenu un ami proche. En particulier maintenant, avec Reece obsédé par Selese, Thor avait le sentiment de perdre partiellement un ami, et d’en gagner un autre. Thor se rappela comment Matus l’avait sauvé plus d’une fois là-bas, et il ressentait déjà envers lui de la loyauté, comme s’il avait toujours été un de ses frères.

      « Cette chaloupe », dit doucement Matus, « n’a pas été faite pour la haute mer. Un bon orage, et nous serons tous tués. C’est juste un hors-bord du navire de Gwendolyn, qui n’a pas été conçu pour travers les mers. Nous devons trouver un bateau plus grand. »

      « Et une terre », intervint O’Connor, venant à côté de Thor, « et des provisions. »

      « Et une carte », ajouta Elden.

      « Où se trouve notre destination, de toute façon ? » demanda Indra. « Où allons-nous ? As-tu une quelconque idée d’où ton fils pourrait être ? »

      Thor scruta l’horizon, comme il l’avait fait des milliers de fois, et réfléchit à toutes leurs questions. Il savait qu’ils avaient tous raison, et avait pensé aux mêmes choses. Une mer vaste s’étendait devant eux, et ils étaient sur cette petite embarcation, sans provisions. Ils étaient en vie, et il était reconnaissant pour cela, mais leur situation était précaire.

      Thor secoua lentement la tête. Alors qu’il se tenait là, plongé dans ses pensées, il commença à remarquer quelque chose à l’horizon. Tandis qu’ils naviguaient plus près, cela apparut plus clairement, et il fut certain que c’était quelque chose et non pas seulement ses yeux lui jouant des tours. Son cœur s’emballa sous le coup de l’excitation.

      Le soleil perça les nuages, un rayon de lumière descendit sur l’horizon et illumina une petite île. C’était une petite étendue de terre, au milieu d’un vaste océan, avec rien d’autre autour d’elle.

      Thor cligna des yeux, se demandant si elle était réelle.

      « Qu’est-ce que c’est ? » Matus posa la question qui était dans tous leurs esprits, car ils la voyaient tous, et étaient tous debout, le regard fixé dessus.

      Comme ils se rapprochaient, Thor vit une brume entourant l’île, étincelant dans la lumière, et il sentit une énergie magique rattachée à ce lieu. Il leva les yeux et vit qu’il s’agissait d’un endroit désolé. Des falaises s’élevaient droit dans les airs, sur des vingtaines de mètres, c’était une île étroite, escarpée, impitoyable, des vagues se brisaient contre les rocs qui l’encerclaient, elle émergeait dans l’océan comme une ancienne bête. Thor sentait, de chaque fibre de son être, que c’était là où ils étaient censés aller.

      « C’est une ascension raide », dit O’Connor. « Si jamais nous y arrivons. »

      « Et nous ne savons pas ce qu’il y a au sommet », ajouta Elden. « Ça pourrait être hostile. Nous n’avons plus armes, hormis ton épée. Nous ne pouvons nous permettre un combat ici. »

      Mais Thor étudia l’endroit, et il s’interrogea, sentant quelque chose de fort ici. Il leva les yeux haut et regarda Estopheles décrire des cercles au-dessus, et il fut encore plus certain que c’était l’endroit.

      « Nous devons retourner chaque pierre dans notre recherche de Guwayne », dit Thor. « Aucun endroit n’est trop isolé. Cette île sera notre premier arrêt », dit-il. Il resserra sa prise sur son épée :

      « Hostile ou pas. »

      CHAPITRE SIX

      Alistair se retrouva debout dans un étrange paysage, qu’elle ne reconnut pas. C’était un désert, en quelque sorte, et alors qu’elle en regardait le sol ce dernier vira du noir au rouge, s’asséchant et craquant sous ses pieds. Elle releva les yeux, et au loin remarqua Gwendolyn, debout devant une armée disparate, de seulement quelques dizaines d’hommes, des membres de l’Argent qu’Alistair avait connu autrefois. Leurs visages étaient ensanglantés, leurs armures fêlées. Dans les bras de Gwendolyn se trouvait un petit bébé, et Alistair sentit qu’il s’agissait de son neveu, Guwayne.

      « Gwendolyn ! » s’écria Alistair, soulagée de la voir. « Ma sœur ! »

      Mais pendant qu’Alistair observait s’éleva soudain un son terrible, celui d’un million d’ailes battantes, qui se faisait plus fort, suivi par un grand piaillement. L’horizon devint noir et un ciel empli de corbeaux apparut, volant dans sa direction.

      Alistair regarda avec horreur les corbeaux arriver en un grand vol, un mur noir, descendre en piqué et s’emparer de Guwayne dans les bras de Gwendolyn. Poussant des cris perçants, ils l’emportèrent vers les cieux.

      « NON ! » hurla Gwendolyn, tendant les bras vers le ciel tandis qu’ils lui arrachaient les cheveux.

      Alistair regarda, impuissante, elle ne pouvait rien faire d’autre que de les observer emportant l’enfant en pleurs. Le sol du désert se craquela et s’assécha encore, et il commença à se fendre, jusqu’à ce qu’un par un, tous les hommes de Gwen y chutent.

      Seule demeura Gwendolyn, là debout, le regard fixé sur elle, les yeux hantés par un air qu’Alistair souhaita ne jamais avoir vu.

      Alistair cligna des yeux et se retrouva debout sur un grand navire au milieu d’un océan, des vagues se déchiraient tout autour d’elle. Elle parcourut les alentours du regard et vit qu’elle était la seule sur le bateau, se tourna vers l’avant et vit un autre navire devant elle. Erec se tenait à sa proue, face à elle, et fut rejoint par des centaines de soldats des Îles Méridionales. Elle fût angoissée de le voir sur un autre navire, et s’éloignant d’elle.

      « Erec ! » s’écria-t-elle.

      Il la dévisagea en retour, tendant le bras vers elle.

      « Alistair ! » lui cria-t-il. « Reviens vers moi ! »

      Alistair vit avec horreur les deux embarcations dériver et s’éloigner l’une de l’autre, celle d’Erec était emportée loin d’elle par les courants. Son navire commença à tourner lentement dans l’eau, puis tournoya de plus en plus vite. Erec tendait les bras vers elle, Alistair était impuissante et ne pouvait rien faire d’autre que de regarder son bateau être aspiré par un tourbillon, de plus en plus profondément, jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue.

      « EREC ! » cria Alistair.

      Une autre plainte s’éleva pour rencontrer la sienne, et Alistair baissa les yeux pour voir qu’elle tenait un bébé – l’enfant d’Erec. C’était un garçon, et ses pleurs s’élevaient vers les cieux, noyant le bruit du vent, de la pluie et les hurlements des hommes.

      Alistair se réveilla en hurlant. Elle s’assit et regarda autour d’elle,