Название | La Lune Dansante |
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Автор произведения | Amy Blankenship |
Жанр | Ужасы и Мистика |
Серия | Les Liens Du Sang |
Издательство | Ужасы и Мистика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9788873040163 |
Kane Tripp baissa légèrement la tête et plongea une main dans ses cheveux courts et hérissés. Il avait détesté les couper, leur longueur passée lui manquait. Il pouvait encore se rappeler leur douce caresse sur ses reins. Portant la cigarette à ses lèvres, il inspira profondément en se disant que bien des choses lui avait manqué, comme les cigarettes qu'il avait coutume de fumer avant d'être enterré vivant et laissé pour mort.
Quarante longues années plus tôt, il avait été pris au dépourvu par Malachi, le meneur d'un modeste clan jaguar, pour se voir accusé du meurtre de la compagne du métamorphe. Avant cette nuit-là , Kane était en bons termes avec les jaguars, et leur chef avait été l'un de ses amis les plus intimes. Les lèvres de Kane se serrèrent à ce souvenir. Malachi l'avait appréhendé, jugé et condamné dans un accès de rage.
En utilisant un sort issu de ce même livre que Kane avait cru si soigneusement caché, Malachi l'y avait lié, le rendant incapable de bouger ou de parler⦠dans l'incapacité même de se défendre par lui-même. Puis il avait enlevé la boucle d'oreille en pierre de sang de l'oreille de Kane, qui lui permettait d'aller et venir librement à la lumière du jour. Cet objet avait autrefois appartenu au premier vampire du nom, Syn.
Un jour, Kane lui avait demandé comment le premier de leur espèce avait pu exister et la réponse à cette question l'avait surpris.
Syn était venu en ce monde seul, meurtri et affamé. Un jeune homme l'avait trouvé et dans sa soif, Syn avait bu son sang. Le vampire apprit alors très vite que les humains de ce bas monde étaient de bien fragiles créatures, que l'âme pouvait quitter quand il leur offrait son propre sang, dans l'espoir de créer une famille sur cette planète. Mais une fois leurs âmes envolées, ils devenaient inutiles à ses yeux et rien de moins que des monstres.
Au cours de sa vie sans fin, Syn avait rencontré trois humains seulement alors capables de préserver leurs âmes... ce qui fit d'eux ses enfants. La seule différence consistant en ce qu'une fois transformés, le soleil pouvait les brûler... les contraignant eux et leurs frères monstrueux à se cacher du jour. Ce qui, grâce à la pierre de sang, n'avait jamais été un problème sur la planète de Syn.
Les épais brassards de Syn avaient été rapportés de son propre monde et fabriqués à partir de la Pierre de sang. Il avait arraché un morceau de l'un de ces brassards, puis avait façonné à base de cette même matière un anneau, un collier, et une seule boucle d'oreille. Kane tendit la main pour toucher une fois encore le bijou qu'il portait à l'oreille.
Là où la pierre de sang lui avait offert une vie à peu près normale... le grimoire de Syn avait fait la ruine de Kane. Syn l'avait laissé à son élu afin qu'il l'utilise à bon escient pendant son sommeil. Concernant ce satané sort, c'était un moyen de venir à bout des enfants sans âme au cas où ils deviendraient un trop grand danger pour les humains.
Alors que ce damné sortilège agissait sur lui, Kane, impuissant, ne pouvait que regarder de ses yeux noirs et fixes son ancien ami le recouvrir d'une terre sombre. Le ciel étoilé couronnant une forêt était la dernière vision dont il se souvenait alors.
Les ténèbres avaient été dévorantes et emplies d'un tel silence. Le sort le retenait prisonnier mais il pouvait sentir aisément ces petites vies qui fourmillaient dans la terre au-dessous de lui. De minuscules créatures mortelles qui évitaient de manger sa chair morte mais qui rongeaient inconsciemment son âme.
Le temps passant, il se dit qu'il était forcément devenu fou, puis il commença d'entendre des bruits et de temps à autre⦠des voix. Elles lui étaient bienvenues du fin fond de sa prison, et il aspirait à en entendre davantage. Parfois il entendait des familles entières, et à d'autres moments, des adultes seulement.
Parfois, il tentait aussi de lutter contre la malédiction, pour appeler à l'aide ou à quelque compagnie. La magie avait une emprise tenace sur lui, le rendant totalement impuissant. Il connaissait ce sort⦠il l'avait utilisé sur quelques monstres. Cette magie un brin complexe requérait le sang d'un être aimé pour en être libéré. Un sortilège d'amour si puissant que seule l'âme sÅur de la victime pouvait briser.
Cela avait toujours fonctionné sur les vampires dénués d'âme parce qu'il fallait posséder une âme pour compter sur une âme sÅur. Il s'était servi de ce sort plus d'une fois pour libérer le monde de ses frères démoniaques et meurtriers qui ne connaissaient rien d'autre que la soif de sang.
Kane eut un rire amer face à cette pensée obsédante qu'il était maudit⦠car il n'avait pas d'âme sÅur. Du moins n'avait-il jamais rencontré une telle énigme. Et s'il n'en avait pas, il était peu probable qu'elle vînt trébucher sur sa tombe tout en saignant. Malachi avait tellement souffert ⦠il avait aimé sa femme avec tant d'amour qu'il souhaitait que Kane en connaisse toute la profondeur et se languisse de le connaître à son tour.
Aspirer à un tel amour, ça, il le faisait sans mal. à bien des reprises il versa des larmes, exhortant n'importe quel dieu existant à l'écouter, pour mener jusqu'à lui cette âme sÅur qui pourrait le libérer. S'il avait réellement tué la femme de son ami, la punition aurait été justifiée. Mais il était innocent d'un tel crime.
Une nuit, bien après qu'il ait abandonné tout espoir... il l'entendit. Le bruit distinct du rugissement de Malachi fit voler en éclats son monologue intérieur imprégné de démence, accompagné d'un autre cri de rage tout à fait bestial. à sa grande stupeur, il entendit la voix d'une petite fille juste au-dessus de lui, qui leur hurlait de ne pas faire de mal à son chiot.
Le son de sa petite voix effrayée brisa quelque chose en lui, lui donnant plus que jamais le désir d'être libre, pour qu'il puisse la protéger de la créature de la nuit.
« Malachi ne fera pas de mal à ton chien, petite », chuchota Kane mentalement.
C'était la vérité. Malachi ne ferait jamais de mal à une mouche à moins qu'on ne lui ai fait du tort d'une certaine manière⦠et encore moins à un enfant. Sentant que son ami était quelque part au-dessus de lui, une étincelle de vie s'alluma chez Kane. Il sentit la colère l'envahir lorsque la jeune fille se remit à hurler et il sentit le choc d'un atterrissage brutal sur le sol qui le surplombait. Du sang⦠il sentit que des gouttes de sang toutes fraîches venaient d'être versées, suintant jusqu'à lui à travers la terre molle.
Il n'avait jamais été aussi heureux de recevoir. Le parfum envahit son esprit et faillit le propulser à de plus hauts sommets de folie, sachant qu'il était dans l'impossibilité de s'en approcher. Il était si faible après avoir passé tant de temps sans boire une seule fois... assoiffé à mort, sans jamais mourir cependant. Ce fut à ce moment-là qu'il sentit l'un de ses doigts tressaillir.
Kane se concentra là -dessus, ainsi que sur ce qui restait de son esprit, afin de tenter un mouvement. Il sentait les jours défiler, s'appuyant pour cela sur la chaleur émanant de la terre qui le submergeait. L'odeur du sang l'enveloppait à présent, le guidait. Il finit par être capable de bouger lentement les bras, puis il entama la laborieuse entreprise que représentait la sortie de sa propre tombe.
Bien des jours avaient passé et, quand sa main se fraya