Название | Une Confédération Orientale comme solution de la Question d'Orient |
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Автор произведения | Unknown |
Жанр | Книги о Путешествиях |
Серия | |
Издательство | Книги о Путешествиях |
Год выпуска | 0 |
isbn |
La propagande grecque en Macédoine est entrée ces temps derniers dans une phase de violence dangereuse, depuis qu'effrayée par les progrès de la cause roumaine, elle semble vouloir imiter les procédés d'intimidation des comitadjis bulgares12. Si cette attitude continuait à être ouvertement soutenue par les ministres de l'Église patriarcale, elle constituerait un réel danger pour la paix en Macédoine et ne ferait sans doute que le jeu de l'Autriche-Hongrie, toute prête à faire avancer ses régiments de Novibazar pour venir rétablir l'ordre, au cas où l'Europe craindrait d'abandonner ce soin aux troupes impériales ottomanes.
Les panhellénistes sauraient-ils oublier–et ce souvenir devrait les incliner à l'équité–que les Roumains du Pinde et les Albanais, les premiers surtout, furent longtemps les plus fermes soutiens de l'hellénisme, et que l'un des précurseurs de la révolution grecque, le poète Rigas, Roumain de Thessalie, ne confondait pas dans ses chants les diverses races balkaniques, lorsqu'il s'écriait:
Bulgares et Albanais, Serbes et Roumains,
Épirotes et insulaires, d'un même élan
Tirez le sabre pour la liberté;
L'Hellade vous appelle et vous tend les bras!
Bulgares, Roumains, Serbes, Albanais et Grecs, telles sont précisément les nationalités épiro-macédoniennes que nous allons maintenant examiner avec quelque détail. À la classification établie, voici cent ans et plus, par le barde très averti de l'émancipation hellénique, nous n'aurons à ajouter, pour être complet, que les Monténégrins.
CHAPITRE III
LES BULGARES
La principauté de Bulgarie fut créée sur des bases assez équitables par le traité de Berlin; mais ses habitants n'ont jamais pu oublier que le traité de San-Stefano leur assignait un territoire s'étendant du Danube à l'Archipel et englobant la Macédoine et une partie de la Thrace. Aussi, pour arriver à regagner les frontières que voulait d'abord leur assurer la Russie et dont les priva le veto de l'Europe, les Bulgares ont-ils déployé une énergie, une audace révolutionnaire susceptibles de provoquer les plus grandes complications, si l'Autriche-Hongrie et la Russie, en tant que puissances mandataires, n'avaient assumé la charge d'enrayer leur action en Macédoine par l'application, si laborieuse, si décevante d'ailleurs, d'un programme de réformes.
Au point de vue historique, les prétentions des Bulgares à s'étendre seuls vers le sud ne sont pas plus légitimes que les prétentions des Grecs à s'étendre seuls vers le nord, puisque les territoires convoités par les uns et par les autres ont une population qui n'est en majorité ni slave ni hellénique. Dans tous les cas, les Bulgares ne sauraient invoquer le droit historique, puisque ce peuple, en partie composé d'éléments touraniens et finnois slavifiés, est le dernier venu de tous dans la péninsule balkanique, où il trouva, au sixième siècle, l'élément roumain, dont il subit l'influence civilisatrice et avec lequel il vécut en bonne intelligence.
Du septième au douzième siècle, l'histoire des Bulgares se confond avec celle des Roumains du sud; sous la dynastie des Assanides, l'Empire roumano-bulgare fait plus d'une fois trembler sur leur trône les maîtres de Byzance, qu'il s'agisse de l'Empire grec ou de l'éphémère Empire latin.
De 1185 à 1260, cet État roumano-bulgare arrive au point culminant de sa puissance sous l'impulsion de deux frères, Roumains d'origine, dont nous aurons à reparler; il gravit peu à peu les terrasses du Pinde, et Jean Assan II, en 1230, voit sa domination s'étendre du Danube jusqu'à Larissa.
Les Bulgares invoquent ces conquêtes comme base de leurs prétentions sur la Macédoine; mais en faisant même abstraction du droit historique, que nous leur refusons, l'occupation de ces vastes territoires par la petite principauté déchaînerait de perpétuelles hostilités entre les races.
La disparition des Assanides entraîna la dislocation de leur empire. Les Bulgares tombèrent, en 1390, sous le joug des Ottomans et supportèrent avec une remarquable résignation, pendant des siècles, une domination arbitraire et rapace.
Ce peuple de paysans, uniquement adonné à l'agriculture, se plia au silence de la servitude jusqu'au moment où un ferment de liberté éveilla chez lui des sentiments de révolte et des aspirations vers un meilleur état social.
D'autre part, le courant panslaviste se manifestait dans le grand empire du Nord dès 1780. Un ouvrage historique sur les Slovéno-Bulgares, publié par Païsie, un moine bulgare du mont Athos, faisait grand bruit en Russie; Venelin, Aprilov et leurs disciples imprimaient au slavisme une énergique impulsion. Mais, comme tous les autres peuples chrétiens soumis aux Turcs, les Bulgares subirent surtout l'influence de la révolution grecque de 1821, cette fille posthume de la Révolution française, et qui la première déchira le pacte de la Sainte-Alliance. Préparée depuis vingt-cinq ans dans les principautés roumaines, l'indépendance hellénique, dont d'autres que des Grecs furent les facteurs dominants, fit naître chez tous les raïas l'espoir de la liberté.
Pourtant les Bulgares furent les plus lents à prendre conscience de leur nationalité, et ce n'est pas avant 1840 qu'ils reçurent des encouragements de l'Occident, quand les écrits de Cyprien Robert les firent enfin connaître à l'Europe.
L'émancipation ecclésiastique étant, en Orient, le prologue de l'émancipation politique,–par le fait que le Synode oecuménique est dans la main des Turcs, quand il n'agit pas sournoisement comme agent du panhellénisme,–les Bulgares, soutenus par la diplomatie russe, réclamèrent, dès 1857, leur Église autonome. Ils ne réussirent point tout d'abord à l'obtenir, en raison du veto opposé par le patriarcat de Constantinople, sur la base moins de privilèges formels que lui aurait reconnus le conquérant de Byzance, que d'une tradition séculaire abusive. Irrités par cette résistance, les nationalistes, malgré les efforts des autorités ottomanes pour enrayer le courant, redoublèrent d'ardeur, usant de la presse, des brochures et de toutes les autres formes de la propagande.
Enfin, menaçant d'une révolution si l'on n'accédait à leur voeu, et malgré la résistance désespérée du Synode oecuménique, les Bulgares finirent par obtenir une juridiction spirituelle particulière, sous le nom d'exarchat. Le firman de 1870, constitutif de cet exarchat, fut à la fois la base de l'Église bulgare et le point de départ du développement politique de ce peuple. Le patriarcat recourut au moyen suprême, l'excommunication, et déclara schismatique l'exarchat bulgare, ce qui d'ailleurs n'entrava en rien l'existence de celui-ci.
Cependant, après cette concession de principe de la part des autorités turques, le haut clergé grec intrigua de telle façon que la reconnaissance par bérat fut refusée par la Porte aux évêchés bulgares. D'autre part, l'administration ottomane persévérait dans ses procédés vexatoires; aussi les comités panslavistes de Moscou, qui encourageaient la rébellion, trouvèrent-ils un terrain favorable. C'est alors, après quelques soulèvements réprimés par des massacres barbares, que le peuple bulgare implora l'aide de la Russie et s'adressa à l'Europe, en réclamant son autonomie et un gouvernement national garanti par les puissances.
La guerre de 1877 sortit de là. On sait comment le succès des armes russes et roumaines amena l'indépendance de la Bulgarie.
La nouvelle principauté devait avoir un prince élu par le peuple et confirmé par la Porte avec le consentement des puissances. Une assemblée nationale fut chargée de rédiger la constitution sous la surveillance d'un gouvernement provisoire russe, contrôlé par les représentants de l'Europe.
Depuis, grâce aux efforts patriotiques de ses hommes d'État, la Bulgarie sut s'affranchir des influences étrangères
12
Les collisions que l'on a signalées tout dernièrement dans diverses localités et notamment à Monastir, se sont d'ailleurs produites entre Roumains dits