Le roman d'un jeune homme pauvre (Play). Feuillet Octave

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Название Le roman d'un jeune homme pauvre (Play)
Автор произведения Feuillet Octave
Жанр Зарубежная драматургия
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Издательство Зарубежная драматургия
Год выпуска 0
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MADAME VAUBERGER.

      Monsieur! c'est monsieur Laubépin.

       MAXIME.

      Laubépin!.. Ah! faites entrer! faites entrer! (A part.) Dieu soit loué! Je vais du moins être tiré de cette angoisse! (Entre Laubépin.)

       SCENE VI.

       MAXIME, LAUBEPIN.

       MAXIME.

      Ah! cher Monsieur, je vous attendais avec impatience…

      LAUBEPIN, s'inclinant.

      Monsieur le marquis! Votre santé, monsieur le marquis?

       MAXIME.

      Meilleure, monsieur Laubépin, je vous remercie…

       LAUBEPIN.

      Et mademoiselle Hélène de Champcey?

       MAXIME.

      Elle va bien, elle est toujours ici, dans sa pension. La pauvre enfant ignore nos désastres; moi-même, monsieur Laubépin, vous le savez, je n'en connais pas exactement l'étendue, et c'est de votre bouche…

       LAUBEPIN.

      Pardon, monsieur le marquis, mais il entre dans mes habitudes de procéder avec méthode.

       MAXIME.

      Ah! veuillez vous asseoir, Monsieur. (Ils s'asseoient à droite1 [1. Laubépin, Maxime.].)

       LAUBEPIN.

      Ce fut, monsieur, en l'année 1820, que mademoiselle Louise-Hélène Dugald Delatouche d'Erouville fut recherchée en mariage par Charles-Christian Odiot, marquis de Champcey d'Hauterive. Vous n'ignorez pas, Monsieur, que j'étais enchaîné à la famille Dugald Delatouche par les liens d'un dévouement en quelque sorte héréditaire, et que, de plus, la jeune héritière de cette maison m'avait inspiré, par ses aimables vertus, une affection aussi profonde que respectueuse. Je dus employer tous les arguments de la raison pour détourner mademoiselle Dugald de la funeste alliance qui lui était proposée. Je dis funeste alliance, Monsieur, parce que tout en rendant justice aux qualités chevaleresques et trop séduisantes qui distinguaient monsieur le marquis de Champcey, comme tous ceux de sa maison, j'apercevais déjà clairement sous ces dehors brillants l'irréflexion et la frivolité obstinées, la fureur du plaisir, et finalement le barbare égoïsme…

       MAXIME.

      Monsieur, la mémoire de mon père m'est sacrée, et j'entends qu'elle le soit à tous ceux qui parlent de mon père devant moi.

      LAUBEPIN, avec émotion.

      Monsieur, je respecte ce sentiment; mais quand je parle de votre père, comment oublier, Monsieur, que je parle de l'homme qui a tué votre mère, une enfant héroïque, une martyre!

      MAXIME, se levant.

      Monsieur Laubépin!

      LAUBEPIN, se levant aussi et posant une main sur le bras de Maxime.

      Pardon, jeune homme; mais j'étais l'ami de votre mère… je l'ai pleurée. Veuillez me pardonner!.. Au surplus (se rasseyant), si vous l'exigez, je ne parlerai que du présent.

       MAXIME.

      Je vous en prie. (Ils s'asseyent.)

       LAUBEPIN.

      Monsieur, vous verre le détail de mes opérations dans le dossier volumineux que le concierge de cet hôtel est allé chercher chez moi: mais pour résumer ces opérations en un mot, il se trouve qu'après la vente de votre château, de vos terres et de cet hôtel même, à des conditions inespérées, vous resterez redevable envers les créanciers de Monsieur votre père, d'une somme de 45,000 fr.

       MAXIME.

      Est-il possible!

       LAUBEPIN.

      Monsieur, cela est certain.

       MAXIME.

      Comment! non-seulement il ne nous reste rien, mais…

       LAUBEPIN.

      Vous devez quarante-cinq mille francs…

      MAXIME, se levant. Faisant quelques pas dans la chambre. A part.

      Mon Dieu! pauvre Hélène1 [1. Maxime, Laubépin.]!

      LAUBEPIN, qui l'observe, se levant.

      Maintenant, monsieur le marquis, je dois vous dire que Madame votre mère, en prévision de ce qui arrive, avait daigné me remettre en dépôt quelques bijoux et joyaux d'une valeur de 50,000 francs environ.

       MAXIME.

      Ah!

       LAUBEPIN.

      Pour empêcher que cette faible somme, votre unique fortune désormais, ne tombe aux mains des créanciers, nous pouvons user d'un subterfuge légal que je vais avoir l'honneur de vous soumettre.

      MAXIME, simplement.

      Comment? mais c'est tout à fait inutile. Je suis trop heureux de pouvoir, à l'aide de cette somme, dégager entièrement l'honneur de mon père.

      LAUBEPIN, qui ne cesse d'observer Maxime avec une attention marquée.

      Ah! – soit, monsieur le marquis; mais comme en ce cas vous restez absolument sans ressources, puis-je vous demander, à titre confidentiel et respectueux, si vous avez avisé à quelque moyen d'assurer votre existence et celle de votre soeur et pupille?

       MAXIME.

      Mon Dieu! Monsieur, tous mes projets sont bouleversés, je vous l'avoue. Je ne m'attendais pas à ce complet dénûment. Si j'étais seul au monde, je me ferais soldat; mais j'ai ma soeur. Je ne puis souffrir le pensée de la voir condamnée au travail, aux privations, aux dangers de la pauvreté. Elle est heureuse dans sa pension; elle est assez jeune pour y demeurer quelques années encore. Si je pouvais trouver quelque occupation qui me permît, en me réduisant moi-même à l'existence la plus étroite, de payer la pension de ma soeur, et de lui amasser une dot, je serais heureux!..

       LAUBEPIN.

      Ah! – dans notre cadre social, monsieur le marquis, une occupation assez lucrative pour répondre à vos honorables attentions, ne se trouve guère du jour au lendemain… Heureusement j'ai à vous communiquer quelques propositions qui, sans aucun effort de votre part, sont de nature à modifier votre situation. En premier lieu, je serai près de vous l'interprète d'un spéculateur riche et influent; cet individu a conçu l'idée d'une entreprise considérable qui doit réussir surtout par le concours de la classe aristocratique de ce pays. Il pense qu'un nom comme le vôtre, monsieur le marquis, figurant en tête de son prospectus, aiderait puissamment à lancer l'entreprise.

       MAXIME.

      Oui, vraiment?

       LAUBEPIN.

      Il vous offre, en retour d'une facile complaisance, d'abord une forte prime, ensuite…

       MAXIME.

      En voilà assez, monsieur Laubépin; en voilà trop1 [1.

      Laubépin, Maxime.]!

      LAUBEPIN, haussant la voix.

      Si la proposition ne vous plaît pas, monsieur le marquis, elle ne me plaît pas plus qu'à vous. Mais j'ai cru devoir vous la soumettre. En voici une autre qui, j'espère, vous sourira davantage: j'ai parmi mes anciens clients un honorable commerçant qui s'est retiré des affaires avec une fortune assez ronde: sa fille, monsieur le marquis, fille unique et conséquemment adorée, a été par hasard informée de votre situation, et je sais, je suis certain qu'elle serait prête et disposée à recevoir de votre main le titre de marquise de Champcey. Le père consent, et je n'attends qu'un mot de vous pour vous dire le nom et la demeure de cette famille intéressante.

       MAXIME.

      Mon