Le médecin malgré lui. Жан-Батист Мольер

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Название Le médecin malgré lui
Автор произведения Жан-Батист Мольер
Жанр Зарубежная драматургия
Серия
Издательство Зарубежная драматургия
Год выпуска 0
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en se querellantSganarelle

      Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.

Martine

      Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.

Sganarelle

      O la grande fatigue que d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon!

Martine

      Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote!

Sganarelle

      Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge son rudiment par cœur.

Martine

      Peste du fou fieffé!

Sganarelle

      Peste de la carogne!

Martine

      Que maudit soit l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui!

Sganarelle

      Que maudit soit le bec cornu3 de notaire qui me fit signer ma ruine!

Martine

      C'est bien à toi vraiment à te plaindre de cette affaire! Devrois-tu être un seul moment sans rendre grâce au Ciel de m'avoir pour ta femme? et méritois-tu d'épouser une personne comme moi?

Sganarelle

      Il est vrai que tu me fis trop d'honneur et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Hé! morbleu! ne me fais point parler là-dessus, je dirois de certaines choses…

Martine

      Quoi? que dirois-tu?

Sganarelle

      Baste! laissons là ce chapitre; il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu fus bien heureuse de me trouver.

Martine

      Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver? Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître qui me mange tout ce que j'ai…

Sganarelle

      Tu as menti, j'en bois une partie.4

Martine

      Qui me vend pièce à pièce tout ce qui est dans le logis…

Sganarelle

      C'est vivre de ménage.5

Martine

      Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avois…

Sganarelle

      Tu t'en lèveras plus matin.

Martine

      Enfin, qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison…

Sganarelle

      On en déménage plus aisément.

Martine

      Et qui, du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer et que boire.

SGANARELLE

      C'est pour ne me point ennuyer.

Martine

      Et que veux-tu, pendant ce temps, que je fasse avec ma famille?

Sganarelle

      Tout ce qu'il te plaira.

martine

      J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.

Sganarelle

      Mets-les à terre.

Martine

      Qui me demandent à toute heure du pain.

Sganarelle

      Donne-leur le fouet. Quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison.

Martine

      Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même?..

Sganarelle

      Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.

Martine

      Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches?..

Sganarelle

      Ne nous emportons point, ma femme.

Martine

      Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir?

Sganarelle

      Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le bras assez bon.

Martine

      Je me moque de tes menaces.

Sganarelle

      Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.

Martine

      Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.

Sganarelle

      Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque chose.

Martine

      Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles?

Sganarelle

      Doux objet de mes vœux, je vous frotterai les oreilles.

Martine

      Ivrogne que tu es!

Sganarelle

      Je vous battrai.

Martine

      Sac à vin!

Sganarelle

      Je vous rosserai.

Martine

      Infime!

Sganarelle

      Je vous étrillerai.

Martine

      Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, bélître, fripon, maraut, voleur!..

Sganarelle(Il prend un bâton, et lui en donne.)

      Ah! vous en voulez donc?

Martine

      Ah! ah! ah! ah!

Sganarelle

      Voilà le vrai moyen de vous apaiser.

      SCÈNE II

MONSIEUR ROBERT, SGANARELLE, MARTINEM. Robert

      Holà! holà! holà! Fi! Qu'est-ce ci? quelle infamie! Peste soit le coquin, de battre ainsi sa femme!

Martine,

      les mains sur les côtés, lui parle en le faisant reculer, et à la fin lui donne un soufflet.

      Et je veux qu'il me batte, moi.

M. Robert

      Ah! j'y consens de tout mon cœur.

Martine

      De quoi vous mêlez-vous?

M. Robert

      J'ai tort.

Martine

      Est-ce là votre affaire?

M. Robert

      Vous avez raison.

Martine

      Voyez un peu cet impertinent qui veut empêcher les maris de battre leurs femmes!

M. Robert

      Je me rétracte.

Martine

      Qu'avez-vous à voir là-dessus?

M. Robert

      Rien.

Martine

      Est-ce à vous d'y mettre le nez?

M. Robert

      Non.

Martine

      Mêlez-vous de vos affaires.

M. Robert

      Je ne dis plus mot.

Martine

      Il me plaît d'être battue.

M. Robert

      D'accord.

Martine

      Ce n'est pas à vos dépens.

M. Robert

      Il est vrai.

Martine

      Et vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire.

M. Robert

      (Il passe ensuite vers le mari, qui pareillement lui parle toujours en le faisant reculer, le frappe avec le mime bâton et le met en fuite. Il dit à la fin:)

      Compère, je vous demande pardon de tout mon cœur; faites, rossez, battez comme il faut votre femme; je vous aiderai, si vous le voulez.

Sganarelle

      Il



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P. 4, 1. 12. Bec cornu. C'est la traduction de l'italien becco cornuto (bouc cornu), qui veut dire cornard, ou cocu, parce que le bouc, qui a de fort grandes cornes, est le seul animal qui voie avec plaisir que ses compagnons couvrent sa femelle. (Sorberiana, p. 74.) Cf. École des Femmes, acte IV, sc. vi.

5, 19. J'en bois une partie. V. la Comédie des Proverbes (1633): «Ils ont la mine de ne manger pas tout leur bien, ils en boivent une bonne partie.» (Acte II, sc. iii.)

– 24. C'est vivre de ménage. On lit dans la Vengeance des Femmes, d'Etienne Denise (1557):

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5, 19. J'en bois une partie. V. la Comédie des Proverbes (1633): «Ils ont la mine de ne manger pas tout leur bien, ils en boivent une bonne partie.» (Acte II, sc. iii.)

– 24. C'est vivre de ménage. On lit dans la Vengeance des Femmes, d'Etienne Denise (1557):

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– 24. C'est vivre de ménage. On lit dans la Vengeance des Femmes, d'Etienne Denise (1557):

Nous avons vu tant de bons ménagersPour chopiner se mettre en grands dangers,Vendre joyaux, mettre bagua en gage;Eh bien! cela, c'est vivre de ménage.

«Tu m'appelles ivrogne? dira plus tard Tabarin. Y a-t-il homme qui vive plus de ménage que moi? – Vraiment oui, répond Francisquine, vous vivez de ménage: toute notre vaisselle est engagée! Maudite soit l'heure que je vous vis jamais!»

Citons encore les Contens et Mécontens sur le sujet du temps (1649):

«Je connoit un graveur qui, n'ayant du pain, est réduit à vendre tes meubles pièce à pièce. – C'est le moyen de vivre de minage», répliquai-je.

Chevalier s'est souvenu de ce jeu de mots dans son Intrigue des Carrosses à cinq sols, qui n'est que de quatre ans l'aînée du Médecin malgré lui:

Diable! quel ménager! On voit sur son visageQu'il vendra tout dans peu pour vivre de minage.

Voir enfin dans les Nouveaux Contes pouf rire (Cologne, 1722, I, 72) le chapitre intitulé: «Ce que c'est que vivre de ménage