Название | Œuvres complètes de lord Byron, Tome 6 |
---|---|
Автор произведения | George Gordon Byron |
Жанр | Зарубежная классика |
Серия | |
Издательство | Зарубежная классика |
Год выпуска | 0 |
isbn |
Manfred!
Dis, dis-toute ma vie est dans ta voix. – C'est bien ta propre voix!
Manfred! demain finiront tes maux terrestres. Adieu!
Un mot de plus. – M'as-tu pardonné?
Adieu!
Dis, nous retrouverons-nous un jour?
Adieu!
Par grâce, un mot! dis que tu m'aimes!
Manfred! (L'esprit d'Astarté disparaît.)
Elle est partie, partie sans retour. Ses paroles seront accomplies. Retourne à la terre.
Il est tombé dans une affreuse convulsion, – sort réservé aux mortels qui veulent pénétrer dans des mystères au-dessus de leur nature humaine.
Pourtant, voyez comme il sait se maîtriser et soumettre ses tortures à sa propre volonté. S'il eût été des nôtres, c'était, n'en doutez pas, un terrible esprit.
As-tu quelque autre question à adresser à notre puissant maître, ou à nous, ses adorateurs?
Aucune.
Ainsi donc, adieu pour un tems.
Ah! nous nous reverrons! mais en quel lieu? sur la terre? N'importe où; à ton plaisir. Je me sépare ton débiteur pour la grâce que tu viens de m'accorder. Au revoir, vous tous! (Manfred sort; la toile tombe.)
FIN DU DEUXIÈME ACTE.
ACTE III
SCÈNE PREMIÈRE
Quelle heure est-il?
Dans une heure le soleil sera couché. Nous aurons une soirée délicieuse.
Dis-moi, tout est-il disposé dans la tour, ainsi que je l'ai ordonné?
Seigneur, tout est prêt. Voici la clef et le coffre.
Bien, laisse-moi. (Herman sort.)
Il y a en moi un calme-une sérénité que je ne puis m'expliquer, et que je n'avais pas encore goûtés depuis que j'ai fait l'épreuve de la vie. Si je ne savais que la philosophie est la plus grande de nos vanités, le mot le plus vide que le jargon de nos écoles ait jamais fait vibrer à nos oreilles, je croirais, en vérité, avoir découvert le grand secret si cherché, avoir trouvé dans mon ame la pierre philosophale. Cela ne durera pas; mais encore est-il bon d'avoir connu un si doux état, ne fût-ce qu'une seule fois en ma vie. Une sensation nouvelle s'est révélée à moi; elle a élargi le domaine de mes pensées. Je veux en prendre note sur mes tablettes, et constater l'existence d'un semblable sentiment. – Qu'est-ce?
Seigneur, l'abbé de Saint-Maurice demande à vous être présenté.
Paix au comte Manfred!
Merci, saint père! sois le bien-venu dans ces murs; ta présence les honore et répand sa bénédiction sur ceux qui les habitent.
Comte, plaise au ciel qu'il en soit ainsi! mais je voudrais conférer seul avec toi.
Sors, Herman. Que me veut mon respectable hôte?
Je parlerai sans détour. – Mon âge, mon zèle, l'habit que je porte et mes bonnes intentions m'en donnent le privilège. Nous sommes proches voisins, comte Manfred, et quoique nous nous fréquentions peu, j'ai cru, en cette qualité, pouvoir me présenter ici. D'étranges rumeurs, outrageantes à notre sainte fois, se mêlent à ton nom; à ce noble nom illustré depuis tant de siècles. Puisse celui qui le porte le transmettre dans toute sa pureté.
Poursuis, – j'écoute.
On rapporte que tu te livres à l'étude des mystères qui ont été interdits aux recherches de l'homme. On rapporte aussi que tu communiques avec les habitans des sombres retraites, avec ces esprits malins et déchus, qui marchent dans la vallée couverte des ombres de la mort. Je n'ignore pas que tu échanges rarement tes idées avec les autres hommes, comme toi créés par Dieu, et que tu vis dans l'isolement, comme un anachorète. – Plût au ciel que ta solitude fût aussi sainte.
Et qui sont ceux qui parlent de la sorte?
Tous nos frères-les paysans épouvantés-tes propres vassaux, eux-mêmes, qui ne te regardent que d'un œil inquiet. Ta vie est en danger.
Qu'ils la prennent donc!
Je suis venu pour te sauver, et non pour aider à ta perte. – Je ne chercherai même point à pénétrer dans le secret de ton ame. Mais s'il y a quelque vérité dans ce qu'ils disent, fais pénitence, il en est tems encore. Implore la divine miséricorde. Viens te réconcilier avec la véritable Église, et l'Église te réconciliera avec le ciel.
J'entends; mais voici ma réponse: Ce que je fus, ce que je suis, reste un mystère entre le ciel et moi. – Je ne choisirai point un mortel pour médiateur. Ai-je manqué à vos décrets? Prouvez-le, et qu'on me punisse.
Mon fils, je ne t'ai point parlé de peines, mais de repentir et de pardon. – Je laisse la pénitence à ton choix. – Pour le pardon, nos institutions saintes et une foi robuste nous ont donné le pouvoir de détourner les hommes du sentier du vice, et de les ramener à des sentimens meilleurs, à des espérances élevées; le reste appartient au ciel: «Toute vengeance est dans mes mains,» a dit le Seigneur. Et c'est en toute humilité que son serviteur répète un mot terrible.
Vieillard! il n'est aucune puissance chez vos prêtres, aucun charme dans la prière, ni dans les diverses formes de purification auxquelles nous soumet la pénitence, ni dans l'humilité,