Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11. George Gordon Byron

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Название Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11
Автор произведения George Gordon Byron
Жанр Зарубежная классика
Серия
Издательство Зарубежная классика
Год выпуска 0
isbn http://www.gutenberg.org/ebooks/32509



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lorsqu'on le présenta à Mme de Staël; c'était le grand confluent du Rhône et de la Saône, et ils étaient tous deux si horriblement laids, que je me demandais avec étonnement comment les deux plus beaux esprits de la France et de l'Irlande avaient pu se choisir chacun de leur côté une telle résidence.»

      Dans un autre passage cependant, il parle un peu plus favorablement du physique de Mme de Staël. «Sa taille n'était pas mal, dit-il, ses jambes étaient passables et ses bras très-beaux. Au total, je conçois qu'elle ait pu inspirer, des désirs, son ame et son esprit pouvant faire naître des illusions sur tout le reste. Elle aurait fait un grand homme».

      »Je n'avais pas beaucoup vu Curran avant 1813; mais depuis je le reçus chez moi (car il y venait souvent), et je le rencontrai en société, chez Mackintosh, chez le lord Holland, etc., etc., et il me parut toujours étonnant à moi qui avais vu tant d'hommes remarquables de l'époque.»

      «*** (appelé communément *** le long, homme très-spirituel, mais bizarre) se plaignait à notre ami Scrope B. Davies, étant à cheval, qu'il avait un point de côté. «Je ne m'en étonne pas, lui répondit Scrope, vous montez à cheval comme un tailleur.» Quiconque a vu *** avec sa grande taille, monté sur une petite jument, ne peut nier la justesse de cette répartie.»

      «Quand B. fut obligé de se retirer en France à la suite de son affaire avec le pauvre M***, qui reçut de là le surnom de Dick le tueur de dandys (ils s'étaient battus, je crois, au sujet d'argent, de dettes, etc., etc.), il ne savait pas un mot de français, et se mit à étudier la grammaire. Quelqu'un ayant demandé à notre ami Scrope Davies si Brummel faisait des progrès dans la langue française, il répondit que Brummel, de même que Buonaparte en Russie, avait été arrêté par les élémens.

      »J'ai mis ce calembourg dans Beppo, et ce n'est pas un vol, mais un honnête échange, car Scrope a fait fortune à plusieurs dîners (il me l'a avoué lui-même), en répétant comme venant de son propre fonds quelques-unes des bouffonneries dont je l'avais régalé le matin.»

      «*** est un brave homme et il rime bien, quoique il ne soit pas savant. C'est un de ces individus qui vous prennent au collet. Un soir, à un rout de Mrs. Hope, il s'était attaché à moi malgré des symptômes de détresse très-manifestes de ma part, car j'étais amoureux et je venais de saisir une minute où il n'y avait ni mère, ni mari, ni rivaux, ni commères auprès de mon idole du moment, qui était aussi belle que les statues de la galerie où nous nous tenions alors. Je dis donc que *** me tenait par le bouton et par les cordes du cœur, et ne m'épargnait ni d'un côté ni de l'autre. W. Spenser, qui aime à plaisanter, et qui ne hait pas à tourmenter un peu les autres, vit ma situation, et s'avançant vers nous, il me fit ses adieux du ton le plus pathétique. Car, ajouta-t-il, je vois bien que c'en est fait de vous. – Là-dessus, *** s'en alla. Sic me servavit Apollo.

      «Je me rappelle avoir rencontré Blücher dans les assemblées de Londres, et je ne sache pas avoir jamais vu d'homme de son âge moins respectable. Avec la voix et le ton d'un sergent recruteur, il prétendait aux honneurs d'un héros, comme si nous devions adorer une pierre parce qu'un homme, en faisant un faux pas, est tombé dessus.»

Nous approchons maintenant du terme de cette fatale époque de son histoire. Dans un billet 26 adressé à M. Rogers, peu de tems avant son départ pour Ostende, il dit: «Ma sœur est en ce moment près de moi, et elle repart demain. – Si jamais nous devons nous revoir, ce ne sera pas, du moins, de quelque tems; et, dans de telles circonstances, j'espère que vous et M. Shéridan m'excuserez de ne pouvoir me rendre chez lui ce soir.»

Note 26: (retour) Footnote 26: Daté du 16 avril.

      Ce fut la dernière entrevue qu'il eut avec sa sœur, la seule personne, en quelque sorte, dont il se séparât avec regret. Il nous dit lui-même qu'il était incertain de savoir qui lui avait causé le plus de chagrin, des ennemis qui l'attaquaient, ou des amis qui s'en affligeaient avec lui. Ces vers si beaux et si tendres:

Quoique le jour de ma destinée soit évanoui, etc., furent le tribut d'adieux 27 qu'il adressa, en partant, à celle qui, au milieu de ses épreuves les plus amères, avait été sa seule consolatrice; et quoique connus à la plupart des lecteurs, ils peignent si bien les profondes blessures de sa sensibilité à cette époque, que je ne pense pas que le lecteur regrette d'en retrouver quelques stances ici.

Note 27: (retour) On verra dans une lettre subséquente que la première stance de ces adieux si sincèrement affectueux: «Ma barque est sur le rivage» fut aussi composée à cette époque.(Note de Moore.)

      ...........................

      Quoique le roc sur lequel s'appuyait ma dernière espérance soit réduit en éclats, et que les fragmens en soient engloutis sous les ondes, quoique je sente que mon ame soit condamnée à la douleur, elle ne sera pas son esclave. Je suis réservé à plus d'une angoisse; on peut m'accabler, mais non pas m'avilir; on peut me torturer, mais non me soumettre: c'est de toi que je m'occupe, et non pas d'eux.

      Quoiqu'appartenant à l'humanité, tu ne m'as pas trompé. Quoique femme, tu ne m'abandonnas pas; quoique chérie, tu t'es abstenue de m'affliger, et lorsqu'on me calomnia tu restas toujours inébranlable. Je me fiais à toi, et tu n'as pas trahi ma confiance; si tu m'as quitté, ce n'était pas pour me fuir, et quand, attentive, tu me surveillais, ce n'était pas pour me diffamer, ni pour rester muette lorsque le monde m'attaquait.

      Je recueillerai du moins quelque chose des débris du naufrage de mon bonheur passé. Il m'a appris que l'objet que je chérissais le plus était aussi celui qui méritait le plus d'être aimé. La fontaine qui jaillit dans le désert, l'arbre qu'on rencontre encore au milieu d'une lande nue et stérile, l'oiseau gazouillant dans une solitude, te retraceront à mon ame, et lui parleront de toi.

      Sur un bout de papier, je retrouve, écrite de sa main, en date du 14 avril, la liste suivante de ses gens, avec l'indication des pays qu'il se proposait de parcourir. «Domestiques, – Berger, Suisse, William Fletcher et Robert Rushton. – John William Polidori, médecin. – La Suisse, la Flandre, l'Italie, et peut-être la France.» On remarquera que les deux domestiques anglais étaient le même paysan et le même page qui étaient partis avec lui pour ses premiers voyages en 1809, et maintenant, pour la seconde fois, il fit ses adieux à sa patrie, le 25 d'avril 1816, et s'embarqua pour Ostende.

      Les circonstances sous l'influence desquelles Lord Byron quittait l'Angleterre étaient de nature, s'il eût été question d'un homme ordinaire, à ne pouvoir être envisagées que comme aussi fatales qu'humiliantes. Dans le cours rapide d'une année, il avait éprouvé tous les genres de chagrins domestiques. Ses foyers avaient été profanés huit ou neuf fois par la présence des huissiers, et les priviléges de son rang l'avaient seuls préservé de la prison. Il s'était aliéné la tendresse de sa femme, si toutefois il l'avait jamais possédée; et maintenant, rejeté par elle et condamné par le monde, il se livrait à un exil qui n'avait pas même le mérite de paraître volontaire, puisque l'espèce d'excommunication que prononçait contre lui la société, ne semblait pas lui laisser d'autre ressource. S'il eût appartenu à cette classe d'êtres insoucians et naturellement satisfaits d'eux-mêmes, contre la rude surface desquels les reproches d'autrui viennent s'émousser, il aurait pu trouver dans son insensibilité un refuge certain contre le blâme public; mais, au contraire, cette même susceptibilité de sensations, qui le rendait si sensible aux louanges des hommes, acquérait un nouveau degré de force quand il s'agissait de leur censure. En dépit de l'étrange plaisir qu'il prenait à se peindre, aux yeux du monde, d'une manière défavorable, il ne put s'empêcher d'être à la fois surpris et affligé de voir que le monde l'avait pris au mot; et, semblable à un enfant couvert d'un masque, qui se voit tout à coup dans une glace, lui-même recula d'effroi, lorsque le sombre déguisement qu'il avait affecté, en quelque sorte, en plaisantant, fut réfléchi soudainement à ses yeux, dans le miroir de l'opinion publique.

      Ainsi entouré de chagrins qu'il sentait aussi profondément, nous ne craignons pas de dire que toute autre ame