Название | Childéric, Roi des Francs, (tome second) |
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Автор произведения | Comtesse de Beaufort d’Hautpoul Anne Marie |
Жанр | Историческая литература |
Серия | |
Издательство | Историческая литература |
Год выпуска | 0 |
isbn | http://www.gutenberg.org/ebooks/35010 |
Périra sous les noirs hivers;
Les vents déchaînés dans les airs,
Détruiront la fleur passagère,
Chaque saison, à son retour,
Détruit ou donne l'espérance;
Tout varie, excepté l'amour,
La douce amitié, l'innocence.
L'air embaumé de ce bocage,
Ces verds gazons, ce beau ruisseau,
Qui, dans le cristal de son eau,
Réfléchit le ciel et l'ombrage,
Tout dans ce champêtre séjour,
M'invite encore à l'espérance;
Tout me dit, conserve l'amour,
La douce amitié, l'innocence.
Childéric écoutoit avec ravissement les sons mélodieux de cette voix qui pénétroit son cœur; un modeste embarras embellissoit encore la princesse, et sa timidité étoit une grâce de plus. Childéric aimoit avec passion les airs simples et les paroles plus simples encore qu'elle chantoit. Alors les poëtes ne célébroient que la gloire et l'amour, leurs chants n'étoient point un travail, une étude; mais un épanchement ou un souvenir. L'objet de ces vers, plus sentis que bien exprimés, en recueilloit seul toute la gloire, le nom du poëte étoit oublié. Il a fallu sans doute que l'amour-propre et le désir de la célébrité changeassent bien les hommes, puisqu'ils sont parvenus à faire parler leur esprit sans le secours de leur cœur, et à emprunter de leur imagination seule et le sentiment qu'ils expriment, et la beauté qu'ils peignent. Si Bazine en chantant, s'est embellie de sa timidité, Berthilie, inquiète du succès de sa voix, a promené ses regards autour d'elle; ce regard, rapide et prompt, a cependant atteint Eginard comme un trait brûlant, il en est effrayé, et l'image de Grislidis s'offre à sa pensée… il en a reçu des cheveux, un anneau, il a promis! et dans ce tems un serment fait à la beauté étoit sacré, on rougissoit de le trahir… Le fidèle Eginard, chaque fois que le regard le blesse, porte à ses lèvres l'anneau chéri… Ce talisman d'amour calme son cœur, et il reprend son air léger, indifférent même. Berthilie le voit, et soupire; jeune, simple encore, elle a cru jouer avec l'amour, et ce jeu est devenu, sans qu'elle s'en doutât, le destin de toute sa vie.
Le roi des Francs avoit repris son récit, il avoit parlé de Viomade, ses discours étoient remplis de feu et d'éloquence. Sa physionomie brilloit d'une si tendre expression, que Bazine n'avoit pu, sans rougir, fixer des yeux qui seroient trop dangereux pour elle s'ils parloient d'amour: elle fit cette réflexion légèrement; mais Childéric, dans cet instant, réfléchissoit lui-même, et ne fut pas moins troublé que la princesse. Que va-t-il lui dire? Jusqu'à ce moment il n'a paru que sous ces beaux dehors qui ont illustré ses premières années. Il a vu naître à son récit, des sentimens qui font son bonheur; il a reçu des éloges qui font sa gloire. Hélas! que lui reste-t-il à raconter? Faut-il se dégrader lui-même auprès de cet objet de son culte, de son idolatrie! Doit-il lui parler d'Egésippe? osera-t-il lui avouer avec quel délire il a désiré une beauté qui n'étoit point Bazine; qu'il lui a sacrifié ses peuples, son ami, le soin de sa gloire? Que pensera de lui cette ame pure et sensible qui ne croit point à l'inconstance? Cependant il ne la trompera pas; il se croit aimé; il a su d'elle qu'Amalafroi n'avoit pas touché son ame; qu'elle est encore sans amour… Peut-être un jour il pourra disposer d'une couronne, et il va lui-même détruire l'espoir dont il ose jouir en secret! Non, non, il se taira; il fuira Bazine s'il le faut, mais il ne lui dira point: je fus ingrat et j'ai aimé.
Mais, tandis qu'abandonné à ses pensées, Childéric se tait, la princesse étonnée de son silence, baisse les yeux et soupire; elle n'ose demander au roi quel sentiment l'agite; cependant elle est inquiète. Berthilie, qui s'étoit aperçue de leur mutuel embarras, imagina un léger prétexte pour interrompre leur entretien. La princesse tremblante, alarmée, lui sut gré de l'avoir rendue à elle-même.
Bazine ne s'est point trompée sur ses premières émotions, mais cependant elles l'étonnent; elle avoit deviné l'amour, mais l'amour dans son cœur est encore plus pur, plus céleste, plus puissant que dans son imagination; Bazine croyoit connoître son ame, cependant elle y découvre chaque jour de doux secrets qui l'agitent, la tourmentent et lui plaisent. Elle jouit du bonheur d'aimer sans oser encore s'y livrer, et la tendre résistance qu'elle apporte elle-même au sentiment qui l'entraîne, est un charme de plus qui la ravit. Bazine aime enfin, elle en jouit sans oser à peine se l'avouer, et ce moment est enchanteur pour elle. Sa pensée ne s'égarera plus dans de vagues souhaits, dans de chimériques espérances; elle n'attendra plus dans la solitude d'un cœur sans objet qui l'occupe, un héros dont elle n'a qu'une idée furtive; tout est délice pour elle, parce que tout devient amour; aimer est toute sa vie; elle seule connoît encore le trouble heureux qui l'enivre si délicieusement; elle le dérobe, le renferme au fond de son cœur; elle craindroit de le laisser deviner. Cependant Berthilie la pénètre, mais elle se tait; elle a aussi son secret, et l'instant des doux aveux n'est pas encore venu.
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