Госпожа Бовари. Уровень 1 / Madame Bovary. Гюстав Флобер

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Название Госпожа Бовари. Уровень 1 / Madame Bovary
Автор произведения Гюстав Флобер
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Серия Легко читаем по-французски
Издательство
Год выпуска 0
isbn 978-5-17-161722-6



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Emma jusqu'au bout de la cour, tout en parlant du mal qu'elle avait à se relever la nuit. Elle parla beaucoup et Emma commença à s'ennuyer déjà.

      Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps; puis elle se ralentit, et son regard qu'elle promenait devant elle rencontra l'épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux châtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Ils s'en revinrent à Yonville en suivant le bord de l'eau.

      Ils causaient d'une troupe de danseurs espagnols, que l'on attendait bientôt sur le théâtre de Rouen.

      – Vous irez? demanda-t-elle.

      – Si je le peux, répondit-il.

      N'avaient-ils rien autre chose à se dire? Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse[34]; et, tandis qu'ils s'efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une même langueur les envahir tous les deux; c'était comme un murmure de l'âme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d'étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s'en raconter la sensation ou à en découvrir la cause.

      Quand ils furent arrivés devant son jardin, madame Bovary poussa la petite barrière, monta les marches en courant et disparut.

      Léon rentra à son étude. Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maître.

      Ce dernier était tout occupé d'affaires. Quant à la femme du pharmacien, c'était la meilleure épouse de Normandie, mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d'un aspect si commun et d'une conversation si restreinte.

      Et ensuite, qu'y avait-il? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes.

      Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d'Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abîmes.

      Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien, Charles n'avait point paru extrêmement curieux de le recevoir; et Léon ne savait comment s'y prendre entre la peur d'être indiscret et le désir d'une intimité qu'il estimait presque impossible.

      IV

      Dès les premiers froids, Emma quitta sa chambre pour habiter la salle, longue pièce à plafond bas où il y avait, sur la cheminée, un polypier touffu s'étalant contre la glace. Assise dans son fauteuil, près de la fenêtre, elle voyait passer les gens du village sur le trottoir.

      Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d'or. Emma, de loin, l'entendait venir; elle se penchait en écoutant, et le jeune homme glissait derrière le rideau, toujours vêtu de même façon et sans détourner la tête.

      M Homais arrivait pendant le dîner. Bonnet grec à la main, il entrait à pas muets pour ne déranger personne et toujours en répétant la même phrase: «Bonsoir la compagnie!». Puis, quand il s'était posé à sa place, contre la table, entre les deux époux, il demandait au médecin des nouvelles de ses malades, et celui-ci le consultait sur la probabilité des honoraires. Ensuite, on causait de ce qu'il y avait dans le journal. Homais, à cette heure-là, le savait presque par coeur; et il le rapportait intégralement, avec les réflexions du journaliste et toutes les histoires des catastrophes individuelles arrivées en France ou à l'étranger.

      Il ne venait pas grand monde à ces soirées du pharmacien, sa médisance et ses opinions politiques ayant écarté de lui successivement différentes personnes respectables. Le clerc ne manquait pas de s'y trouver[35]. Dès qu'il entendait la sonnette, il courait au-devant de madame Bovary.

      On faisait d'abord quelques parties de trente-et-un; ensuite M. Hornais jouait à l'écarté avec Emma; Léon, derrière elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordaient son chignon. À chaque mouvement qu'elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du côté droit remontait.

      Lorsque la partie de cartes était finie, l'apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma changeant de place, s'accoudait sur la table, à feuilleter l'Illustration. Léon se mettait près d'elle; ils regardaient ensemble les gravures et s'attendaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui lire des vers; Léon les déclamait d'une voix traînante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour. Léon lisait encore; et Emma l'écoutait. Léon s'arrêtait, désignant d'un geste son auditoire endormi, alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce, parce qu'elle n'était pas entendue.

      Ainsi s'établit entre eux une sorte d'association, un commerce continuel de livres et de romances; M. Bovary, peu jaloux, ne s'en étonnait pas.

      Le clerc se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration[36]; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d'être si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désirs. Puis il prenait des décisions énergiques; il écrivait des lettres qu'il déchirait, s'ajournait à des époques qu'il reculait. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser; mais cette résolution l'abandonnait bien vite en la présence d'Emma. Son mari, n'était-ce pas quelque chose d'elle?

      Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, – ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le coeur entier.

      V

      Ce fut un dimanche de février, une après-midi qu'il neigeait.

      Ils étaient tous, M et madame Bovary, Homais et M. Léon, partis voir, à une demi-lieue d'Yonville, dans la vallée, une filature de lin que l'on établissait. L'apothicaire avait emmené avec lui ses enfants, Napoléon et Athalie, pour leur faire faire de l'exercice.

      Rien pourtant n'était moins curieux que cette curiosité. Un grand espace de terrain vide, où se trouvaient pêle-mêle, entre des tas de sable et de cailloux, quelques roues d'engrenage déjà rouillées, entourait un long bâtiment quadrangulaire que perçaient quantité de petites fenêtres. Il n'était pas achevé d'être bâti, et l'on voyait le ciel à travers les lambourdes de la toiture.

      Homais parlait. Il expliquait à la compagnie l'importance future de cet établissement, supputait la force des planchers, l'épaisseur des murailles, et regrettait beaucoup de n'avoir pas de canne métrique, comme M. Binet en possédait une pour son usage particulier.

      Emma, qui donnait le bras à Léon, s'appuyait un peu sur son épaule, et elle regardait le disque du soleil irradiant au loin, dans la brume, sa pâleur éblouissante; mais elle tourna la tête: Charles était là. Son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage.

      Le givre tombait; et l'on s'en retourna vers Yonville.

      Madame Bovary, le soir, n'alla pas chez ses voisins, et, quand Charles fut parti, lorsqu'elle se sentit seule, le parallèle recommença dans la netteté d'une sensation presque immédiate.

      – Oui, charmant! charmant!.. N'aime-t-il pas? se demanda-t-elle. Qui donc?.. mais c'est moi!

      Toutes les preuves à la fois s'en étalèrent, son coeur bondit. Alors commença l'éternelle lamentation: «Oh! si le ciel l'avait voulu! Pourquoi n'est-ce pas? Qui empêchait donc?..»

      Quand Charles, à minuit, rentra, elle eut l'air de s'éveiller, et, comme il fit du bruit en se déshabillant, elle se plaignit de la migraine; puis demanda nonchalamment ce qui s'était passé dans la soirée.

      – M. Léon, dit-il, est remonté de bonne heure.

      Elle ne put s'empêcher de sourire[37],



<p>34</p>

Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse – Их взгляды были полны более серьезного разговора

<p>35</p>

Le clerc ne manquait pas de s'y trouver – Зато помощник нотариуса не пропускал ни одной встречи

<p>36</p>

Le clerc se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration – Помощник нотариуса мучился, выясняя, каким образом ему объясниться в любви

<p>37</p>

Elle ne put s'empêcher de sourire – Она не смогла сдержать улыбку