Основы теории первого иностранного языка. Теоретическая грамматика. И. Ю. Моисеева

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constante du mot

      Comme l’élément grammatical n’a pas de valeur nominative autonome, son adjonction ou mot ne modifie pas la signification de celui−ci, il n’empêche pas le mot de désigner les mêmes objets (d’avoir la même référence). En même temps, l’adjonction d’un élément lexical modifie la référence du mot: il commence à désigner un autre objet.

      Cette particularité des éléments grammaticaux permet notamment de les distinguer des éléments dérivationnels, qui, par ailleurs, ont un statut semblable à celui des morphèmes grammaticaux (valeur nominative non−autonome, sens catégoriel), extension à une série de mots, série fermée. Il y a des morphèmes de dérivation d’un emploi très large, par exemple, les suffixes diminutifs.

      Mais pourquoi maison et maisons représentent−ils deux formes grammaticales du même mot, alors que maison et maisonnette sont deux mots différents? C’est que le premier couple de formes correspond au même élément de réalité. Mais maison et maisonnette correspondent à des réalités différentes. Si un élément sans modifier le sens général du mot, le fait passer dans une autre partie du discours (marcher − marcheur, clair − clairement, rigide − rigidité), il est considéré aussi comme un suffixe (élément lexical) et non comme une flexion (élément grammatical), parce qu’en français les unités de sens indentique, mais appartenant à des parties du discours différentes sont des mots différents.

      2.1.5 Le caractère fermé et limité de la série

      On a vu que le sens lexical peut se réduire à un seul vocable. Le sens grammatical, par contre, embrasse une large série de mots. Il est donc évident que celui−ci doit être non seulement plus abstrait, mais que pour cette même raison il sera confiné à un nombre d’éléments plus restreint. Si les mots devaient se voir ajouter un nombre très grand de modificateurs grammaticaux, leur emploi dans la phrase et la communication même en seraient entravés. C’est pourquoi si le lexique représente une série illimitée d’éléments, la grammaire est faite d’une série limitée d’éléments. On peut dresser la liste des éléments grammaticaux, alors que pour le lexique cela n’est pas possible. Si les mots constituent des inventaires ouverts (on peut en emprunter à d’autres langues, ou en créer de nouveaux), les éléments grammaticaux constituent des listes fermées (en ne peut pas créer consciemment un élément grammatical).

      2.2 La catégorie grammaticale. Son aspect sémantique

      Le système grammatical d’une langue est caractérisé par l’ensemble de ses catégories grammaticales, morphologiques et syntaxiques. On parlera surtout ci−dessous des catégories morphologiques.

      La catégorie grammaticale représente l’unité de la valeur grammaticale (sens grammatical) et de la forme grammaticale. Pour qu’on puisse parler d’une forme grammaticale dans la langue, il faut qu’une forme s’associe régulièrement avec un sens grammatical déterminé.

      2.2.1 La structure interne de la catégorie grammaticale

      La structure interne de la catégorie grammaticale est caractérisée par les oppositions et les sous−catégories. Analysons les deux aspects de la catégorie grammaticale.

      Résumons les caractéristiques de la valeur grammaticale:

      Les oppositions sont la condition nécessaire de l’existence d’une catégorie grammaticale. Là, où il n’y a pas d’oppositions de sens rendues par les formes différentes, la catégorie grammaticale n’existe pas. Les formes qui s’opposent d’après leur sens a l’intérieur de la catégorie grammaticale s’appellent « sous−catégories ». Ainsi le singulier et le pluriel sont des « sous−catégories » de la catégorie grammaticale du nombre.

      Remarques: On appelle souvent « catégorie » ce qui est désigné ici par le terme sous−catégorie (la catégorie du singulier, du plus−que−parfait, par exemple). Les oppositions du sein de la même catégorie peuvent être binaires (entre deux sous−catégories) ou multiples (entre plusieurs sous−catégories). L’opposition binaire est la condition minimale de l’existence d’une catégorie grammaticale.

      Il y avait trois genres en latin. Cette opposition de trois éléments s’est réduite en langues romanes à une opposition binaire, on compte deux genres en français: masculin et féminin − le neutre s’est réparti entre les deux); mais la catégorie n’en subsiste pas moins: deux formes suffisent pour créer la catégorie de genre.

      La catégorie du cas en latin connaissait cinq (ou six) formes. Il ne s’en était conservé que deux en ancien français: le cas sujet et le cas régime, pourtant la catégorie du cas continuait à vivre avec ces deux formes. Après l’élimination d’un des cas (c’était le cas sujet, parfois le cas régime) toute la catégorie du cas s’est trouvée exclue de la langue. La grammaire traditionnelle compte en français quatre sous−catégories de mode: indicatif, conditionnel, subjonctif, impératif.

      Des théoriciens sont arrivés à conclure que le conditionnel et l’impératif ne sont pas des modes autonomes, mais des formes spécifiques de l’indicatif. La grammaire théorique maintient donc la catégorie verbale de mode par la seule opposition indicatif / subjonctif.

      Certaines théories mettent en doute le subjonctif en tant que mode à part (on y voit aussi des formes spécifiques de l’indicatif). Dans ce cas on devrait dire que le mode en tant que catégorie verbale morphologique est inexistant en français, faute d’oppositions. Ce sont les oppositions qui déterminent la valeur exacte de la catégorie grammaticale. L’ancien français ne connaissait que deux formes d’article: défini et indéfini (le / un). La fixation, à partir du XIV siècle, de l’article partitif a créé pour les deux articles anciens des oppositions nouvelles (le / du; un / du), ce qui a sensiblement modifié leurs significations.

      Il arrive, d’autre part, que telle opposition subsiste, sur le plan des formes, mais sa valeur change au cours de l’évolution de la langue. L’opposition article / zéro; article de l’ancien français ressemble très peu, quant à sa sémantique, à celle du français moderne. Le passé simple et le passé composé s’opposaient à l’origine en tant que passé non−actuel et passé actuel (exprimant le rapport avec le présent ). Actuellement ils se distinguent surtout comme temps narratif et déclaratif. Certes, les vieilles oppositions ne disparaissent pas du jour au lendemain, elles continuent à coexister à côté de nouvelles, ce qui rend l’analyse sémantique des formes grammaticales particulièrement délicate.

      La catégorie grammaticale a une structure sémantique complexe et hiérarchisée. Parfois, on relève des niveaux intermédiaires entre catégorie et sous−catégories.

      Les quatre modes verbaux traditionnels peuvent être groupés ainsi:

Conditionnel

      Ainsi, chaque opposition confère un sens à la forme, de sorte que la sous−catégorie grammaticale qui participe à plusieurs oppositions reçoit une structure sémantique complexe qui représente « un ensemble de sèmes ».

      La formule sémique symbolise le sens généralisé de la catégorie grammaticale. Pourtant, dans la parole, sous l’influence du contexte ou de la situation, la signification concrète de la catégorie grammaticale peut varier et ceci à cause de deux facteurs:

      a) le contexte ou la situation contribuent à mettre au premier plan un sème en reléguant, au second plan un autre: par exemple, dans certains contextes le passé simple perd le sème «expression écrite » pour devenir un synonyme absolu du passé composé;

      b) les oppositions ne révèlent que le sens généralisé des formes grammaticales, à l’intérieur duquel celles−ci peuvent développer une série d’acceptions spécifiques. Le passé simple exprime en général, une action limitée dans le temps. Mais cette limitation peut revêtir des formes variées: la limitation par le