Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger. Wolfgang Bendick

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Название Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger
Автор произведения Wolfgang Bendick
Жанр Сделай Сам
Серия Les Néo-Ruraux
Издательство Сделай Сам
Год выпуска 0
isbn 9783750218888



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Le moteur électrique étant cassé, elle n’avait pas coûté cher. Et parce qu’à la maison il n’y avait pas de courant, j’avais soudé une deuxième couronne sur la roue arrière de ma ‘Zündapp’, et sur la bétonnière un support pour la mobylette. Une longue chaîne faisait la transmission. J’alourdis la poignée d’accélération avec une pince à étau et c’était parti ! Maintenant nous avions besoin de plus d’eau. La source étant limitée, nous coupâmes un fût en plastique en deux et fîmes rentrer le tuyau. Pendant que nous faisions le mélange le fût avait le temps de se remplir à nouveau.

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      Nous avions prévu deux chantiers : par beau temps un à l’extérieur et un autre à l’intérieur en cas de pluie. Tous les matériaux avaient été transportés en haut. Le mur de devant la maison penchait légèrement vers l’extérieur. On le voyait bien dans le grenier aux entraits, ces poutres qui traversent la maison, liant les deux sablières qui sont posées sur les murs. Ceux-ci servaient à rattraper la poussée latérale des chevrons par manque de fermes dans la construction. Mais ceux-ci s’étaient défaits de leur fixation. Comme on pouvait le voir à la couleur du bois, quelqu’un avait à deux reprises essayé de corriger ce défaut en ajoutant un nouvel entrait. Mais ceux-ci avaient lâché à leur tour. Nous essayâmes à notre tour d’empêcher ce mouvement des murs avec un vieux câble que nous entourions autour des sablières à l’aide des serre-câbles et d’un ridoir. Plus tard, quand nous aménageâmes le grenier nous coulâmes du béton armé sur le mur transversal et autour du câble pour consolider le toit une fois de plus et pour toujours…

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      Mais une question restait ouverte – est-ce que c’était uniquement la poussée du toit qui écartait les murs ou est-ce que ça venait aussi des fondations et du poids des murs ? La façade de la maison, 25 mètres de long, construite uniquement avec des pierres brutes et avec des blocs en ardoise, faisait six mètres de haut. Sur quelle base cette dernière avait-elle été construite ? Les interstices étaient remplis d’un mélange d’argile et de petits cailloux. Mais à la base, là où le mur touchait le sol, ces joints étaient partis, probablement à cause de l’eau qui s’écoulait du toit, offrant un abri à de multiples animaux. Quand le soleil chauffait le mur, ça se mettait à grouiller de partout. Nous y observâmes des souris, des lézards et aussi des serpents. Jean-Paul y avait même vu des vipères ! Il semblait bien connaître notre maison. Sans doute avait-il cuvé pas mal de cuites dans le vieux lit. Dans sa grange aux vaches il avait caché une bouteille de gnôle, de la ‘prune’, dont il nous avait déjà offert une gorgée. Même sa mère donnait l’impression d’aimer la boisson.

      Nous commençâmes par creuser le plus profond possible le long du mur afin de couler des sortes de fondations devant. Nous posâmes d’anciennes planches de parquet de chant en haut de cette tranchée et les calâmes avec des pierres. Puis nous coulâmes du béton derrière ce coffrage, en ajoutant une barre d’acier torsadé avant de remplir complètement. Puis nous compactâmes ce béton avec la masse, jusqu’à ce qu’un lait de ciment remontât en surface. Pour faire ce chantier il nous fallait beaucoup de matériel, et matériel veut dire beaucoup de main d’œuvre. Bouger le gravier trois fois avec la pelle : d’abord du tas dans la remorque, de là dans le chariot et puis dans la bétonnière. Et de là avec la brouette dans le coffrage. Après quelques beaux jours ensoleillés c’était fini. Mais il faudrait bientôt poser une gouttière !...

      Ensuite nous élevâmes les murs de la fosse septique, mais avec des parpaings. Puis nous creusâmes une rigole en-dessous du seuil de la porte d’entrée, par laquelle nous fîmes passer tous les tuyaux d’évacuation et d’adduction. Avec en plus un tuyau que nous laissâmes vide. Au cas où… Traverser les murs du rez-de-chaussée semblait impossible, car ceux-ci avaient une épaisseur de 80 centimètres à leur base. Pourquoi chercher compliqué, quand c’est possible de faire simple ! Qu’est-ce qu’ils ont trimé à l’époque, les paysans d’ici pour ériger cette maison ! Est-ce qu’ils ont calculé l’épaisseur des murs d’après la quantité de pierres dans les champs pour s’en débarrasser ? En tout cas, l’endroit où se trouvait la maison avait servi de carrière. Et selon l’épaisseur variable de la couche de suie du feu ouvert sur les murs intérieurs nous constations que toutes les parties n’avaient pas le même âge, il y en avait qui avaient été ajoutées plus tard. La maison était faite de plusieurs parties, au moins deux, comme on pouvait le constater à une jointure sur l’avant. Comparé à l’effort que les vieux avaient fourni pour construire cette quasi-forteresse, notre boulot ressemblait plutôt à du cosmétique.

      *

      Plus de deux semaines s’étaient écoulées. Des jeunes gens avec un gamin de deux ans qui avaient acheté une maison sur l’autre versant de la vallée l’an passé, étaient venus et nous avaient invité pour déjeuner le dimanche. Comme le samedi précédent, nous avions fait un plongeon dans la civilisation et visité le marché dans la ville qui se trouvait à 25 kilomètres. Comme auparavant nous nous étions arrêtés devant de multiples bistrots sur le chemin du retour. Dans chaque bled il y en avait au moins un, géré par de vieux hôteliers qui, bizarrement, étaient tous au courant d’où nous venions et où nous habitions. En dehors des week-ends, ces auberges n’ouvraient que le soir et ce uniquement quand il y avait de la clientèle.

      A cause de tous ces « obstacles » en bordure de route, nous ne rejoignîmes le village que vers le soir. Les lumières claires du café nous souhaitaient la bienvenue et parce que nous voulions téléphoner, nous nous arrêtâmes. Courageusement nous plongeâmes dans le brouhaha des voix et l’épaisse fumée. Rapidement l’atmosphère hilare nous submergea et bientôt nous nous retrouvâmes parmi les picoleurs autour du petit zinc en nous accrochant à un verre de Pastis. « Ils sont bien lunés ! », remarqua Ludwig, « Tu crois qu’ils ont fumé quelque chose ? » « Regarde un peu mieux ! », répondis-je. « Ce ne sont pas des babacools, mais dans le meilleur cas des alcooliques ! » « J’ai pas mal envie de rouler un joint et de le faire tourner. Je parie, qu’ils prendront une taffe ! Vu la manière dont ils attaquent, ils ont bien un penchant pour les drogues ! » « Oublie-ça ! », répondis-je un peu agacé, « Ça nous amènera que des ennuis ! » « Eh bien, ce n’était que - comment dit-on - une supposition rhétorique ! », ajouta-t-il pour calmer le jeu.

      Ma vessie me força à quitter la ronde joyeuse pendant un instant. Je me trouvai, titubant, sur le mur de la berge à côté de la chiotte et me vidai en un grand arc dans la rivière. Celle-ci était plus facile à atteindre que le petit trou du WC à la turque ! Il me sembla être resté là-haut une éternité. Plusieurs fois je vérifiai si je n’avais pas encore fini. Je ne savais pas qu’une vessie avait une telle capacité ! L’idée me traversa l’esprit que l’estomac avait peut-être aussi participé au stockage. Car à part quelques pâtisseries sucrées au marché nous n’avions rien mangé de la journée. « Pouh ! Mais tant mieux », réfléchis-je, « ainsi au moins, rien ne peut me sortir de la bouche ! »

      Je dus soudain m’appuyer contre le mur. Je descendis du rempart de la berge et me rendis vers le bar en tâtonnant le crépi rugueux. En rentrant, un brouhaha babylonien me submergea. Quelqu’un m’avait aperçu et me tendait mon verre de Pastis bien tassé. « Tchin ! » « Tchin ! » Je le pris en me demandant combien de tournées j’avais raté. Automatiquement, peut-être aussi un peu conscient de mon devoir je le guidai vers ma bouche. « Cul sec ! », s’exclama celui qui me l’avait donné en vidant son verre en un seul coup. Je l’imitai. Je dus frissonner. « Affreux, ce goût exagéré d’anis ! » disait une pensée dans ma tête et je dus faire des efforts pour garder tout en moi. Car ce n’étaient pas de petits verres de gnôle, dans lesquels nous buvions, mais un genre de verres à eau avec en bleu inscrit dessus Pastis ou Ricard. Mon copain faisait triste mine. Deux chasseurs ont cru de leur devoir de lui montrer ce que signifiait « cul sec ! », en allemand quelque chose comme « ex ! » Le jeune barman qui tenait aussi un