Название | Les Néo-Ruraux Tome 1: Le Berger |
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Автор произведения | Wolfgang Bendick |
Жанр | Сделай Сам |
Серия | Les Néo-Ruraux |
Издательство | Сделай Сам |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9783750218888 |
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La bouteille de lait était posée devant la caravane. Jean-Paul restait invisible. Avait-il vu les gendarmes ? Sans doute oui. Rien ne lui échappait, à lui et à sa grand-mère qui vivait au virage en sortant du village. Ça allait les faire jaser ! Je m’efforçais de manger un muesli et puis je repris la recherche du disparu. Vers le soir, en approchant la maison, je vis déjà Jean-Paul de loin, en train de fouiner. « Un jour quelqu’un le trouvera… ! », dit-il avec ambiguïté. Au lieu de répondre je préférai faire un mélange de mortier et monter les trois dernières rangées de parpaings de la fosse septique. Aujourd’hui je n’avais pas encore travaillé à la maison !
Quand la nuit fut tombée, je descendis au village. Le bar était peu fréquenté. On me demanda si Ludwig avait réapparu. J’étais sûr que Jean-Paul les avait tenus au courant de tout ! En plus, tout le monde avait vu passer les flics ! Quelqu’un mentionna qu’une personne du village avait vu dimanche après-midi un stoppeur au bord de la route, mais elle n’était pas sûre que ce soit Ludwig. Cela ne m’aida pas beaucoup. Après avoir bu deux bières, je remontai vers la caravane et passai une nuit inquiète. Le lendemain matin je pris un autre itinéraire, cette fois au-dessus de la maison, là où la forêt avait reconquis la plus grande partie des terres arables. Je découvris quelques granges en ruine, un hameau abandonné, tout un système de chemins. Je regardais dans tous les bâtiments. A l’intérieur se trouvait parfois encore du foin fané, mais noirci côté ouest à cause du mauvais temps pendant les décennies écoulées. Le fumier avait rétréci en une couche de tourbe. L’intérieur ressemblait à un village-musée. Mais je ne trouvai aucune trace de mon copain !
Vers midi je descendis à la maison. Il faut agir ! Il faut mettre les choses au clair ! Je devrais appeler quelqu’un de sa famille ! Mais qui ? Son père ? J’avais parfois travaillé avec lui et on se tutoyait. Ou mieux, plutôt sa copine ? Tant qu’on ne l’avait pas trouvé, il demeurait encore un espoir qu’il soit en vie. Et enfin Jésus même n’avait ressuscité qu’au troisième jour ! Je descendis au village. Le bistrot était ouvert. La patronne rinçait les verres de la veille. Je lui demandai de mettre le compteur à zéro et me rendis aux toilettes. Je composai le numéro de sa copine.
Après de longues sonneries, quelqu'un décrocha. C’était elle. Je ne savais absolument pas comment lui apprendre la disparition de Ludwig. Je décidai de le faire à la française: « Comment ça va ? Bien ? Chez vous aussi il fait beau ? » Mais bientôt je ne savais plus quoi dire. « Mais pourquoi tu m’appelles, en fait ? », voulut-elle savoir. « As-tu des nouvelles de Ludwig ? », demandais-je pour préparer le terrain. « Pourquoi des nouvelles ? Il est dans le salon sur le canapé et fait la grasse matinée ! » Je n’en croyais pas mes oreilles ! Un soulagement énorme m’envahit. Il était vivant ! Mais ensuite je fus désarçonné... « Mais depuis quand ? » demandai-je. « Tu poses de drôle de questions ! Depuis qu’il a fini le repas, bien sûr ! » « Depuis quand est-il de retour je veux savoir ?! » « Depuis lundi après-midi, environ… » « Mais ce n’est pas possible ! Ici on le cherche partout ! » « Comme ça, au moins tu ne t’ennuies pas ! », fut sa réponse. « Passe le moi ! » Après un moment j’entendis sa voix à l’autre bout du fil. « Ah, c’est toi, salut ! Quoi de neuf en France ? » « La dernière nouvelle est, qu’ici, depuis trois jours on te cherche partout ! » « Pourquoi ça ? Je vais bien ! » « Pourquoi as-tu disparu si soudainement ? » « Euh, j’ai monté la côte et il y avait Madame Ail (c’est ainsi que nous avions surnommé la mère de Jean-Paul) et nous avons parlé un peu, sans trop se comprendre. Quand je suis arrivé sur la crête, j’avais envie de boire un expresso. Alors je suis descendu de l’autre côté vers la vallée. J’étais bientôt sur la route et j’ai tendu le pouce en l’air. Et le premier qui s’est arrêté se rendait comme par hasard à Paris. Il te connaissait même, il t’a vu dans le troquet une fois. C’était super ! A huit heures du soir j’étais à Paris. Je sirotais quelques expressos et puis j’ai sauté dans le métro, sans ticket, bien sûr, et j’ai quitté le bled. Et je me suis de nouveau posté au bord de la route. Figure-toi que la France est le pays idéal pour les auto-stoppeurs ! Le lendemain midi j’étais de retour à la maison, juste à temps pour déjeuner ! » « Tu aurais au moins pu dire un mot ! » « Tu n’étais pas là ! » « Ou écrire trois lignes ! » « Je ne vais pas descendre de la montagne pour une bagatelle pareille ! » « Je craignais que quelque chose te soit arrivé. Jean-Paul a raconté que je t’avais tué ! » « Que quelque chose me soit arrivé ?! Moi tué ?! Ça me fait hennir de rire ! Les mauvaises herbes ça ne s’élimine pas si facilement que ça ! En plus, je suis venu de mon plein gré, alors je peux repartir quand bon me semble ! » Face à une telle logique, il ne me restait plus qu’à raccrocher. Soulagé, mais en colère !
Je racontai la conversation à la patronne. Elle allait faire le nécessaire pour que la nouvelle se sache ! Quand le lendemain matin Jean-Paul m’apporta son lait verdâtre et me répéta, en me faisant un clin d’œil avec ses yeux de porcelet : « Un jour on le trouvera ! » Je lui répondis que j’avais parlé avec Ludwig au téléphone et qu’il était rentré chez lui. « C’est pas vrai, toutes ses affaires sont encore ici ! » insista-t-il. Avec de telles têtes de mule il me faudrait anticiper ! Je descendis voir les gendarmes pour leur faire savoir que mon pote était rentré chez lui. Cela ne les étonnait guère. « Vous autres hippies, vous venez et repartez quand ça vous chante. Si nous devions nous occuper de chaque disparation, on aurait du travail ! Déjà que ceux qui restent nous donnent assez de fil à retordre ! »
*
De retour à la maison, je pus enfin reprendre mon travail. Je serais encore seul ici pendant une semaine, puis un autre copain de mon village et le frère de Doris viendraient m’aider pour deux semaines de plus. Mon but, en ce laps de temps, était de poser le plancher des deux étages, installer les escaliers et une salle de bain provisoire. Avec un peu d’organisation ça pouvait être possible ! Je me procurais tout le matériel nécessaire, mais laissai tout dans le véhicule, afin de le monter une fois que mes amis seraient là. J’avais essayé de monter un chargement avec Jean-Paul au timon du chariot. Mais ça ne se passa pas comme prévu et il termina dans le ruisseau. Après coup, je m’étais demandé s’il ne l’avait pas fait exprès, car ce n’était pas si difficile que ça ! En attendant je continuai avec les matériaux qui étaient déjà sur place. Je montai les cloisons de la salle de bain, je crépis la fosse septique. Une fois sèche, je pourrais y appliquer la couche de goudron et puis couler la dalle au-dessus.
J’installai et branchai les lavabos. Les tuyaux en PVC s’avéraient être une solution idéale car ils étaient faciles à couper et à poser. Au lieu d’utiliser un taraud, il suffisait de passer du papier de verre et puis de la colle. Mais il n’y avait pas assez de pression pour que l’eau monte jusqu’à la cuisine. Je me procurai alors une bobine de tuyau Polyuréthane en 25 mm et un embout avec crépine. Il me restait un fût en plastique avec couvercle. Celui-ci ferait l’affaire comme captage et réservoir de la source plus haut, d’où venait le ruisseau que nous avions déjà capté provisoirement. D’abord je perçai un trou de 10 mm dans la paroi avec la perceuse à manivelle, à environ 10 cm du fond. J’agrandis ce trou avec une râpe afin que le tuyau de 25 peinât à y rentrer. Ainsi au moins c’était étanche ! Je fixai la crépine dans cet embout. Plus bas, à peine au-dessus du fond, je fis un autre trou, cette fois de 32 mm, dans lequel j’enfonçai un bout de PVC que je fermai avec un bouchon. Celui-ci servirait plus tard pour purger le dépôt de temps en temps. En partant du milieu vers le haut je perçai des trous de 5mm dans la paroi, par lesquels la source pourrait s’infiltrer dans le fût. En haut, juste en-dessous du bord, un autre trou de 32, dans lequel j’introduisis le trop plein. Je creusai la source le plus profond possible et y posai le tonneau. Je dus