Il Suffira D'Un Duc. Bianca Blythe

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Название Il Suffira D'Un Duc
Автор произведения Bianca Blythe
Жанр Историческая литература
Серия
Издательство Историческая литература
Год выпуска 0
isbn 9788835432692



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de la bienséance, auparavant.

      Margaret hésita, mais sa mère la tira d’un coup sec vers un escalier imposant. Un frisson, à ne pas mettre uniquement sur le compte du champagne renversé, descendit furtivement le long de la colonne vertébrale de Margaret.

      — Nous ne devrions pas aller là, dit Margaret. Ce sont les appartements du duc.

      — Balivernes, chuchota Maman. Vous ne pouvez pas garder du champagne sur votre robe. C’est inconvenant. En outre, le duc est dans la salle de bal.

      Les yeux de Maman pétillèrent, et ses lèvres restèrent recourbées d’une façon plus communément aperçue chez les gens assistant à un opéra-comique. Elle entreprit l’ascension des marches de marbre avec détermination, balayant l’ourlet de sa robe contre la balustrade avec une telle force que certains des rubans qui s’y trouvaient cousus se dénouèrent. Visiblement, la femme de chambre de Maman n’avait pas été préparée à l’énergie de Maman.

      Margaret frémit à l’idée de ce que Maman pourrait faire à l’étage, où elle risquait de céder à l’envie de fureter partout. Maman pouvait difficilement errer seule dans les recoins privés de la résidence.

      Margaret jeta un coup d’œil en direction du majordome. Heureusement, il était occupé à surveiller la porte – pas ce qui se passait à l’intérieur de la résidence. Margaret soupira et suivit sa mère, glissant une main gantée de dentelle sur la rampe. Dans des cadres dorés, des peintures de différents paysages magnifiques, vraisemblablement les immenses terres du duc, garnissaient les escaliers. Tout était superbe, même s’il était peu probable que des amateurs d’art ne se hissent en haut des marches pour détailler les peintures. S’il y avait d’autres peintures dans la résidence, elles devaient être encore plus exceptionnelles.

      Le pallier non-éclairé sembla un peu inquiétant, mais une bonne s’approcha bientôt d’elles en tenant une lanterne. Margaret se recroquevilla. Elles étaient découvertes.

      Sapristi.

      Margaret se dandina, se préparant à affronter un regard glacé et un mot sévère, comme ceux adressés à ses camarades de classe à leur finishing school, mais qui n’avaient jamais été dirigés vers elle. Margaret obéissait aux règles, même celles qui n’étaient pas écrites. Elle était suffisamment maligne pour ne pas errer dans les étages, même si le duc ne se promenait pas en ce moment dans les couloirs sombres.

      La bonne allait leur dire de partir d’une minute à l’autre. Mais à la place, la bonne hocha la tête à l’adresse de Maman.

      — Par ici.

      Margaret cligna des paupières. La bonne avait-elle assisté à l’incident et était-elle montée par un autre escalier ? Mais les bonnes n’étaient généralement pas présentes lors des bals. Peut-être un valet l’avait-il informée ? Margaret fronça les sourcils.

      La bonne avançait d’un bon pas, passant devant des buffets et des vases démesurés en porcelaine bleu et blanc qui avaient l’air somptueux même dans cette pauvre lumière, et Maman et Margaret se dépêchèrent après elle. Leurs pieds s’enfoncèrent dans des tapis luxueux qui assourdissaient leurs pas, mais l’étrange silence n’apaisait pas le cœur battant toujours plus vite de Margaret. Un sourire béat rayonnait sur les lèvres de Maman, alors que d’ordinaire elle aurait marmonné que la démarche rapide de la bonne n’était pas nécessaire.

      Enfin, la bonne s’arrêta devant une porte.

      — C’est ici.

      — Merci, dit Maman en pressant quelque chose dans les mains de la bonne. J’ai bien peur d’avoir besoin de votre aide.

      La bonne hocha gravement la tête.

      — Bien sûr. Elle est plutôt grande.

      L’instant d’après, la bonne saisissait les poignets de Margaret et la trainait à l’intérieur de la pièce.

      — Que faites-vous ? s’écria Margaret en luttant contre la solide prise de la bonne.

      Margaret était en pleine confusion. Les bonnes n’étaient pas supposées tirer quelqu’un dans les chambres. Personne n’était supposé faire cela.

      — Maman ? plaida Margaret.

      Des mains poussèrent Margaret. Des mains qui n’appartenaient pas à la bonne. Les deux mains de la bonne étaient refermées autour des poignets de Margaret, comme des menottes de fortune. Le parfum de lavande préféré de sa mère qui flotta autour de Margaret, ne laissa aucune équivoque : Maman la forçait à entrer dans la pièce. Maman n’était pas encline à faire des câlins, et pourtant, à présent, elle poussait le dos de Margaret.

      — Le lit est sur la droite, dit la bonne d’un ton professionnel, comme si elle expliquait la disposition de la chambre à une nouvelle invitée qui était entrée de manière normale, avec une invitation.

      — S’il vous plaît, relâchez-moi, dit Margaret de sa voix la plus autoritaire. Que se passe-t-il, au juste ?

      — Je garantis votre paix et votre bonheur futurs, dit Maman avec un petit cri de joie. N’est-ce pas merveilleux ?

      Margaret sentit son cœur s’alourdir.

      Une idée lui vint.

      Une idée abominable, atroce et alarmante.

      — À qui appartient cette chambre ?

      La voix de Margaret tremblota, peinant dans une gorge soudainement sèche, comme si elle venait d’entrer au Sahara, et pas dans une chambre somptueuse située dans la très humide et moite Angleterre.

      — Celle du duc de Jevington, déclara Maman. Votre futur mari.

      Juste ciel.

      Margaret ferma les yeux avec force. Malheureusement, quand elle les rouvrit, le monde demeurait le même qu’auparavant.

      — Vous plaisantez, dit Margaret. Vous devez être en train de plaisanter.

      Maman n’avait peut-être jamais fait de plaisanterie auparavant, et elle avait peut-être enrôlé cette étrange bonne pour l’assister dans sa blague, mais cela ne signifiait pas qu’elle n’était pas en train de plaisanter.

      Sûrement pas.

      Maman n’allait pas réellement mettre en scène une situation compromettante, n’est-ce pas ?

      — Le duc m’a peut-être invitée à sa résidence, mais cela ne veut pas dire qu’il désire me trouver installée dans son lit, dit Margaret.

      Maman éclata de rire et referma la porte. La bonne posa la lanterne sur la table avec un bruit métallique. La lumière dorée illumina un plafond à caissons. L’atmosphère embaumait le cèdre et le citron, une odeur masculine bien différente de la senteur de lavande de la chambre de Margaret.

      Une rosette tomba de sa robe sur le tapis visiblement coûteux juste en-dessous. Non pas que le duc doive en connaitre le coût. Le père de Margaret gagnait de l’argent, mais un noble conservait le sien, et personne n’était plus noble que le duc de Jevington. Ses ancêtres avaient probablement fait rapporter le tapis depuis l’Empire ottoman à dos d’ânes par-delà les Alpes durant les croisades.

      Sapristi.

      Le cœur de certaines femmes devait battre plus fort à l’idée d’être la femme du duc de Jevington. Contrairement à la plupart des ducs, il était en âge de se marier ; cependant, contrairement à la plupart des ducs, il n’était pas marié.

      Maman souhaitait sans aucun doute changer ce fait précis.

      Le physique séduisant du duc était de notoriété publique, suscitant chez les grands-mères potentielles d’agréables visions de bébés aux visages symétriques, quand elles n’étaient pas en train de penser aux vastes domaines