Les deux nigauds. Comtesse de Ségur

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Название Les deux nigauds
Автор произведения Comtesse de Ségur
Жанр Языкознание
Серия
Издательство Языкознание
Год выпуска 0
isbn 4064066089054



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       Comtesse de Ségur

      Les deux nigauds

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066089054

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VII

       VIII

       IX

       X

       XI

       XII

       XIII

       XIV

       XV

       XVI

       XVII

       XVIII

       XIX

       XX

       XXI

       XXII

       XXIII

       XXIV

       XXV

       Table des matières

      PARIS! PARIS!

      M. et Mme Gargilier étaient seuls dans leur salon; leurs enfants,

       Simplicie et Innocent, venaient de les quitter pour aller se coucher.

       M. Gargilier avait l'air impatienté; Mme Gargilier était triste et

       silencieuse.

      —Savez-vous, chère amie, dit enfin M. Gargilier, que j'ai presque envie de donner une leçon, cruelle peut-être, mais nécessaire, à cette petite sotte de Simplicie et à ce benêt d'Innocent?

      —Quoi? Que voulez-vous faire? répondit Mme Gargilier avec effroi.

      —Tout bonnement contenter leur désir d'aller passer l'hiver à Paris.

      —Mais vous savez, mon ami, que notre fortune ne nous permet pas cette dépense considérable; et puis votre présence est indispensable ici pour tous vos travaux de ferme, de plantations.

      —Aussi je compte bien rester ici avec vous.

      —Mais. comment alors les enfants pourront-ils y aller?

      —Je les enverrai avec la bonne et fidèle Prudence; Simplicie ira chez ma soeur, Mme Bonbeck, à laquelle je vais demander de les recevoir chez elle en lui payant la pension de Simplicie et de Prudence, car elle n'est pas assez riche pour faire cette dépense. Quant à Innocent, je l'enverrai dans une maison d'éducation dont on m'a parlé, qui est tenue très sévèrement, et qui le dégoûtera des uniformes dont il a la tête tournée.

      —Mais, mon ami, votre soeur a un caractère si violent, si emporté; elle a des idées si bizarres, que Simplicie sera très malheureuse, auprès d'elle.

      —C'est précisément ce que je veux; cela lui apprendra à aimer la vie douce et tranquille qu'elle mène près de nous, et ce sera une punition des bouderies, des pleurnicheries, des humeurs dont elle nous ennuie depuis un mois.

      —Et le pauvre Innocent, quelle vie on lui fera mener dans cette pension!

      —Ce sera pour le mieux. C'est lui qui pousse sa soeur à nous contraindre de les laisser aller à Paris, et il mérite d'être puni. On envoie dans cette pension les garçons indociles et incorrigibles: ils lui rendront la vie dure; j'en serai bien aise. Quand il en aura assez, il saura bien nous l'écrire et se faire rappeler.

      —Et Prudence? Elle est bien bonne, bien dévouée, mais elle n'a jamais quitté la campagne, et je crains qu'elle ne sache pas comment s'y prendre pour arriver à Paris.

      —Elle n'aura aucun embarras; le conducteur de la diligence la connaît, prendra soin d'elle ainsi que des enfant; une fois en chemin de fer, ils auront trois heures de route, et ma soeur ira les attendre à la gare pour les emmener chez elle.

      Mme Gargilier chercha encore à détourner son mari d'un projet qui l'effrayait pour ses enfants, mais il y persista, disant qu'il ne pouvait plus supporter l'ennui et l'irritation que lui donnaient les pleurs et les humeurs de Simplicie et d'Innocent Il parla le soir même à Prudence, en lui recommandant de ne rien dire encore aux enfants. Elle fut très contrariée d'avoir à quitter ses maîtres, mais flattée en même temps, de la confiance qu'ils lui témoignaient. Elle détestait Paris sans le connaître, et elle comptait bien que les enfants s'en dégoûteraient promptement et que leur absence ne serait pas longue.

      Quelques jours après Simplicie essuyait pour la vingtième fois ses petits yeux rouges et gonflés. Sa mère qui la regardait de temps en temps d'un air mécontent, leva les épaules et lui dit avec froideur:

      —Voyons, Simplicie, finis tes pleurnicheries; c'est ennuyeux, à la fin. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas aller passer l'hiver à Paris et que je n'irai pas.

      SIMPLICIE.—Et c'est pour cela que je pleure. Croyez-vous que ce soit amusant pour moi, qui vais avoir douze ans, de passer l'hiver à la campagne dans la neige et dans la boue?

      MADAME GARGILIER.—Est-ce que tu crois qu'à Paris il n'y a ni neige ni boue?

      SIMPLICIE.—Non, certainement; ces demoiselles m'ont dit qu'on balayait les rues tous les jours.