Héroïne, Traîtresse, Fille . Морган Райс

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Название Héroïne, Traîtresse, Fille
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640291010



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rêver.

      “Et quel rêve !” se dit Felene. “Parcourir le monde, sauver de belles princesses et séduire de belles jeunes filles. Tu te prends pour qui ? Une sorte d'héroïne ?”

      Ce rêve semblait mieux correspondre à ce que Thanos aurait pu faire qu'à ce qu'elle ou ses semblables auraient pu faire.

      “Ma vie serait bien plus simple si je ne t'avais pas rencontré, Prince Thanos”, dit Felene. Elle tira sur une des cordes de son bateau et lui fit prendre une nouvelle direction.

      Cependant, elle ne pensait pas ce qu'elle avait dit. Si elle n'avait pas rencontré Thanos, sa vie aurait surtout été plus courte. Sans lui, elle aurait péri sur l'Île des Prisonniers et, après ça …

      Thanos était un homme qui semblait avoir une cause, qui défendait quelque chose, même s'il avait fallu que Felene lui rappelle quelle cause c'était. Thanos était un homme qui avait été prêt à se battre contre tout ce que son éducation lui avait appris à croire. Il s'était battu contre l'Empire, même s'il aurait été plus facile pour lui de ne pas le faire. Il avait été prêt à donner sa vie pour sauver des femmes comme Stephania et c'était vraiment le type de chose que faisait un héros.

      “Je suppose que, si j'avais du plomb dans la cervelle, je tomberais amoureuse de toi”, dit Felene en pensant au prince. Il était certainement mieux de tomber amoureux de lui que de femmes comme Elethe mais, dans cette vie, on n'obtenait pas ce qu'on voulait et, en matière d'amour, on n'avait absolument aucun choix.

      Il suffisait que Thanos soit un homme digne de respect, sinon même d'admiration. Il suffisait que Felene devienne une meilleure personne rien qu'en pensant au type de chose qu'il ferait.

      “Même si ça ne me rend pas forcément plus intelligente.”

      Felene soupira. C'était stérile de se déchirer comme ça. Elle savait ce qu'elle allait faire.

      Elle allait repartir à Delos. Elle allait trouver Thanos si, par un heureux hasard, il était encore en vie. Elle allait retrouver Stephania, elle allait retrouver Elethe et ce serait œil pour œil, dent pour dent. Thanos aurait probablement conseillé une solution moins violente et plus civilisée, mais l'émulation d'autrui avait ses limites, même avec les princes.

      Maintenant, il restait quand même un problème : aller à Delos et y entrer. Felene était sûre que, quand elle y arriverait, ce serait une cité en guerre, en supposant qu'elle n'ait pas été vaincue d'entrée de jeu. La flotte de Felldust formerait probablement une barricade flottante devant la cité car le blocus des ports était une tactique de longue date en temps de guerre.

      Ce n'était pas que Felene se soucie de ce genre de chose. Elle avait plus d'une fois amassé un très bon profit en faisant de la contrebande en situation de blocus. Qu'il s'agisse de nourriture, d'informations ou de gens qui voulaient sortir, ça avait toujours été le même type de situation.

      Cependant, Felene imaginait bien que les soldats de Felldust ne seraient guère accueillants avec elle si elle avait la bêtise de se contenter de charger vers la cité. Felene voyait déjà des fragments de la flotte de Felldust devant elle, des vaisseaux répartis sur l'eau de Felldust à l'Empire comme des perles de jais sur un collier. La flotte principale était là depuis longtemps mais, maintenant, les navires se regroupaient par trois ou quatre et partaient ensemble en essayant de tirer le meilleur parti de l'invasion qui venait.

      De beaucoup de façons, c'étaient probablement eux les plus rationnels. Felene avait toujours eu plus d'affinités pour les gens qui venaient voler après un combat que pour ceux qui risquaient leur vie. Ils comprenaient, eux, comment on se protège. C'étaient les siens.

      Alors, une idée lui vint et elle dirigea son skiff vers un des groupes. De son meilleur bras, elle sortit un couteau.

      “Salut !” cria-t-elle en dialecte de Felldust, le prononçant le mieux possible.

      Un homme apparut au-dessus de la balustrade, braquant un arc vers elle. “Tu t'imagines qu'on va prendre tous les —”

      Felene lança le couteau et il gargouilla, coupé au milieu de sa phrase. Il tomba du bateau et frappa l'eau en la faisant éclabousser.

      “C'était un de mes meilleurs hommes”, dit la voix d'un homme.

      Felene rit. “J'en doute, ou tu ne l'aurais pas envoyé à la balustrade pour voir si j'étais dangereuse. C'est toi le capitaine de ce navire ?”

      “Oui”, répondit-il.

      C'était une bonne chose. Felene n'avait pas de temps à perdre en négociant avec ceux qui n'étaient pas en position de le faire.

      “Vous allez tous à Delos ?” demanda-t-elle.

      “Où veux-tu qu'on aille sinon à Delos ?” répondit le capitaine. “Tu penses qu'on est partis pêcher ?”

      Felene pensa à quelques-uns des requins qui l'avaient chassée alors qu'elle rejoignait la rive. Elle pensa au corps qui coulait maintenant vers eux. “Peut-être. Il y a des appâts dans l'eau et on trouve de gros poissons dans cette zone.”

      “Et d'autres encore plus gros à Delos”, répondit la voix. “Tu veux te joindre à notre convoi ?”

      Felene se força à hausser les épaules comme si elle n'en avait que faire. “J'imagine qu'une épée de plus pourra vous être utile.”

      “C'est cinquante épées de plus qu'il faudrait avoir. Cela dit, on dirait que tu sais te battre. Tu ne nous ralentis pas et tu manges tes propres victuailles. Ça te va ?”

      Ça lui allait parfaitement bien, puisqu'elle venait de trouver le moyen d'entrer à Delos. Même si le cordon de navires qui encerclait la cité montait la garde, la flotte de Felldust ne lui prêterait aucunement attention quand elle en ferait partie.

      “Ça me va”, répondit-elle. “Tant que vous ne me ralentissez pas à moi !”

      “Tu veux de l'or, hein ? J'aime ça.”

      Ils pouvaient aimer ce qu'ils voulaient tant qu'ils laissaient Felene tranquille. Qu'ils pensent qu'elle était venue pour l'or. La seule chose qui comptait, c'était —

      La quinte de toux prit Felene par surprise et sa violence la plia presque en deux. Elle la traversa brutalement et elle eut la sensation que ses poumons avaient pris feu. Elle mit une main à la bouche et, quand elle la retira, elle vit qu'elle était tachée de sang.

      “Tu vas bien, dis donc ?” cria le capitaine du navire de Felldust, d'un ton visiblement soupçonneux. “C'est du sang ? Tu n'as pas la peste ou autre chose, hein ?”

      Felene était certaine que, s'il pensait qu'elle avait la peste, il la forcerait à voyager seule ou alors mettrait le feu à son navire rien que pour s'assurer qu'aucune maladie ne s'approche du sien.

      “Je me suis prise un coup de poing au ventre dans une bagarre sur les quais”, mentit-elle en s'essuyant la main sur la balustrade. “Rien de grave.”

      “Si tu craches du sang, ça doit être assez grave”, répondit le capitaine. “Tu devrais aller trouver un guérisseur. Si on meurt, on ne peut pas dépenser d'or.”

      C'était probablement un bon conseil mais Felene n'avait jamais été du style à écouter les bons conseils, surtout quand elle avait mieux à faire. Si elle n'avait été intéressée que par l'or, elle aurait probablement fait exactement ce que suggérait l'homme.

      “C'est ce qu'on dit”, plaisanta Felene. “Moi, je dis qu'on devrait essayer plus fort.”

      Elle laissa rire le capitaine du navire. Elle avait mieux à faire.

      Il était temps de tuer Stephania et Elethe.

      CHAPITRE SEPT

      Tous les jours, le convoi d'ex-appelés faisait le tour de la campagne qui entourait Delos et, tous les jours, Sartes regardait fixement Leyana en essayant