Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан

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Название Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier
Автор произведения Аристофан
Жанр Драматургия
Серия
Издательство Драматургия
Год выпуска 0
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BŒOTIEN

      Par Iolaos! ton souhait m'est agréable, étranger! Depuis Thèbæ, en soufflant derrière moi, ils ont fait tomber par terre mes fleurs de pouliot. Mais, si tu veux bien, achète-moi de ce que je porte, des poulets ou des sauterelles.

DIKÆOPOLIS

      Ah! salut! mon cher Bœotien, mangeur de kollix. Qu'apportes-tu?

LE BŒOTIEN

      Tout ce que nous avons de bon en Bœotia: origan, pouliot, nattes de jonc, feuilles à mèches, canards, geais, francolins, poules d'eau, roitelets, plongeons.

DIKÆOPOLIS

      Tu es un orage qui sème les oiseaux sur l'Agora.

LE BŒOTIEN

      J'apporte également oies, lièvres, renards, taupes, hérissons, chats, picfides, belettes, loutres, anguilles du Kopaïs.

DIKÆOPOLIS

      O toi, qui offres le morceau le plus agréable aux hommes, permets-moi de saluer les anguilles que tu apportes.

LE BŒOTIEN

      Toi, l'aînée de mes cinquante vierges du Kopaïs, viens faire la joie de notre hôte.

DIKÆOPOLIS

      O bien-aimée, objet de mes longs désirs, te voilà donc, toi pour qui soupirent les chœurs tragiques, et chère à Morykhos. Esclaves, apportez-moi ici le réchaud et le soufflet. Regardez, enfants, cette maîtresse anguille, qui vient enfin, désirée depuis six ans! Saluez-la, mes enfants. Moi, je fournirai le charbon pour faire honneur à l'étrangère. Mais emportez-la. La mort même ne pourra me séparer de toi, si on te cuit avec des bettes.

LE BŒOTIEN

      Et à moi, que me donneras-tu en retour?

DIKÆOPOLIS

      Tu me la donnes en paiement de ton droit au marché. Mais si tu veux vendre quelques autres choses, parle.

LE BŒOTIEN

      Hé! tout cela.

DIKÆOPOLIS

      Voyons, combien dis-tu? ou veux-tu troquer contre des denrées emportées d'ici?

LE BŒOTIEN

      Bien! Je prends des produits d'Athènes, qu'on n'a pas en Bœotia.

DIKÆOPOLIS

      Tu peux acheter et emporter des anchois de Phalèron ou de la poterie.

LE BŒOTIEN

      Des anchois et de la poterie? Mais nous en avons, là-bas. Je veux un produit qui ne soit pas chez nous et qui abonde ici.

DIKÆOPOLIS

      Je sais alors. Emporte un sykophante, emballé comme de la poterie.

LE BŒOTIEN

      Par les Jumeaux! j'aurais grand profit à en emmener un. Ce serait un singe plein de malice.

DIKÆOPOLIS

      Voici justement Nikarkhos qui vient dénoncer quelqu'un.

LE BŒOTIEN

      C'est un bien petit homme!

DIKÆOPOLIS

      Mais il est tout venin.

NIKARKHOS

      A qui sont ces marchandises?

LE BŒOTIEN

      A moi. De Thèbæ, Zeus m'en est témoin.

NIKARKHOS

      Et moi, je les dénonce comme ennemies.

LE BŒOTIEN

      Quel mauvais instinct te pousse à guerroyer et à batailler contre des oiseaux?

NIKARKHOS

      Je vais te dénoncer toi-même en sus.

LE BŒOTIEN

      Quel mal ai-je fait?

NIKARKHOS

      Je vais te le dire dans l'intérêt des assistants. Tu introduis des mèches de chez les ennemis.

DIKÆOPOLIS

      Ainsi donc tu dénonces des mèches?

NIKARKHOS

      Une seule suffit pour embraser l'arsenal.

DIKÆOPOLIS

      L'arsenal? une mèche?

NIKARKHOS

      Je le crois.

DIKÆOPOLIS

      Et comment?

NIKARKHOS

      Un Bœotien peut l'attacher à l'aile d'une tipule, la lancer sur l'arsenal au moyen d'un tube, par un grand vent de Boréas; et, le feu prenant une fois aux vaisseaux, ils flambent tout de suite.

DIKÆOPOLIS

      Méchant, digne de mille morts! ils flamberaient embrasés par une tipule et par une mèche?

NIKARKHOS, battu par Dikæopolis

      Des témoins!

DIKÆOPOLIS

      Fermez-lui la bouche! Donne-moi du foin: je vais l'emballer comme de la poterie, pour qu'il ne se casse pas en route.

LE CHŒUR

      Emballe bien, mon cher, cette marchandise destinée à l'étranger, afin qu'il n'aille pas la briser.

DIKÆOPOLIS

      J'y veillerai, car elle rend le son grêle d'un objet fêlé par le feu, et désagréable aux dieux.

LE CHŒUR

      Que va-t-il en faire?

DIKÆOPOLIS

      Un vase utile à tout, une coupe de maux, un mortier à procès, une lanterne pour espionner les comptables, un récipient à brouiller les affaires.

LE CHŒUR

      Mais qui oserait se servir d'un vase qui craque de la sorte dans la maison?

DIKÆOPOLIS

      Il est solide, mon bon, et il ne cassera jamais, s'il est suspendu par les pieds, la tête en bas.

LE CHŒUR

      Le voilà empaqueté comme tu le veux.

LE BŒOTIEN

      Je vais enlever ma gerbe.

LE CHŒUR, à Dikæopolis

      O le meilleur des hôtes, aide-le dans le transport, et jette où tu voudras ce sykophante bon à tout.

DIKÆOPOLIS

      J'ai eu bien de la peine à empaqueter ce maudit scélérat. Allons, Bœotien, emporte ta poterie.

LE BŒOTIEN

      Viens ici, et baisse ton épaule, Ismènikhos.

DIKÆOPOLIS

      Veille à la porter avec précaution. En réalité, tu ne porteras là rien de bon; fais-le toutefois. Tu gagneras à te charger de ce fardeau. Les sykophantes te porteront bonheur.

UN SERVITEUR DE LAMAKHOS

      Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

      Qu'y a-t-il? Pourquoi m'appelles-tu?

LE SERVITEUR

      Pourquoi? Lamakhos te prie de lui céder, moyennant cette drakhme, quelques grives pour la fête des Coupes, et, au prix de trois drakhmes, une anguille du Kopaïs.

DIKÆOPOLIS

      Qui est ce Lamakhos avec son anguille?

LE SERVITEUR

      Le terrible, l'infatigable, qui agite sa Gorgôn et qui remue les trois aigrettes, dont il est ombragé.

DIKÆOPOLIS

      Par Zeus! je refuse, me donnât-il son bouclier. Qu'il remue ses aigrettes en mangeant du poisson salé! S'il vient faire du bruit, j'appelle les agoranomes. Pour moi, j'emporte ces provisions, destinées à ma personne. J'entre sur les ailes des grives et des merles.

LE CHŒUR

      Tu as vu, oui, tu as vu, ville tout entière, la prudence et l'éminente sagesse de cet homme. Depuis qu'il a conclu une trêve, il peut acheter ce dont il a besoin pour sa maison et ce qui convient à des repas chaudement servis. D'eux-mêmes tous les biens lui arrivent.

      Non, jamais je ne recevrai chez moi la Guerre; jamais elle ne me chantera l'air de Harmodios, assise à ma table, parce que c'est un être qui, pris de vin, et faisant ripaille chez ceux qui ont tous les biens, y cause tous les maux, renverse, ruine, détruit, et cela quand on lui a fait nombre d'avances: «Bois, assieds-toi, prends cette coupe de l'amitié,» tandis que lui porte partout le feu sur nos échalas, et répand brutalement le vin de nos vignes.

      Chez l'homme que je dis le repas est grandement, libéralement ordonné, et les preuves de sa bonne chère se voient dans les plumes étalées devant sa porte.

DIKÆOPOLIS

      O