Le mystère de la chambre jaune. Гастон Леру

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Название Le mystère de la chambre jaune
Автор произведения Гастон Леру
Жанр Классические детективы
Серия
Издательство Классические детективы
Год выпуска 0
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de lextérieur, que par deux clefs spéciales qui ne quittent jamais le père Jacques et M. Stangerson. Mlle Stangerson nen a point besoin puisque le père Jacques est à demeure dans le pavillon et que, dans la journée, elle ne quitte point son père. Quand ils se sont précipités tous les quatre dans la «Chambre Jaune» dont ils avaient enfin défoncé la porte, la porte dentrée du vestibule, elle, était restée fermée comme toujours, et les deux clefs de cette porte étaient lune dans la poche de M. Stangerson, lautre dans la poche du père Jacques. Quant aux fenêtres du pavillon, elles sont quatre:lunique fenêtre de la «Chambre Jaune», les deux fenêtres du laboratoire et la fenêtre du vestibule. La fenêtre de la «Chambre Jaune» et celles du laboratoire donnent sur la campagne; seule la fenêtre du vestibule donne dans le parc.

      – Cest par cette fenêtre-là quil sest sauvé du pavillon! sécria Rouletabille.

      – Comment le savez-vous? fit M. de Marquet en fixant sur mon ami un étrange regard.

      – Nous verrons plus tard comment lassassin sest enfui de la «Chambre Jaune», répliqua Rouletabille, mais il a dû quitter le pavillon par la fenêtre du vestibule…

      – Encore une fois, comment le savez-vous?

      – Eh! mon Dieu! cest bien simple. Du moment qu«il» ne peut senfuir par la porte du pavillon, il faut bien quil passe par une fenêtre, et il faut quil y ait au moins, pour quil passe, une fenêtre qui ne soit pas grillée. La fenêtre de la «Chambre Jaune» est grillée, parce quelle donne sur la campagne; les deux fenêtres du laboratoire doivent lêtre certainement pour la même raison. «Puisque lassassin sest enfui», jimagine quil a trouvé une fenêtre sans barreaux, et ce sera celle du vestibule qui donne sur le parc, cest-à-dire à lintérieur de la propriété. Cela nest pas sorcier! …

      – Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner, cest que cette fenêtre du vestibule, qui est la seule, en effet, à navoir point de barreaux, possède de solides volets de fer. Or, ces volets de fer sont restés fermés à lintérieur par leur loquet de fer, et cependant nous avons la preuve que lassassin sest, en effet, enfui du pavillon par cette même fenêtre! Des traces de sang sur le mur à lintérieur et sur les volets et des pas sur la terre, des pas entièrement semblables à ceux dont jai relevé la mesure dans la «Chambre Jaune», attestent bien que lassassin sest enfui par là! Mais alors! Comment a-t-il fait, puisque les volets sont restés fermés à lintérieur? Il a passé comme une ombre à travers les volets. Et, enfin, le plus affolant de tout, nest-ce point la trace retrouvée de lassassin au moment où il fuit du pavillon, quand il est impossible de se faire la moindre idée de la façon dont lassassin est sorti de la «Chambre Jaune», ni comment il a traversé forcément le laboratoire pour arriver au vestibule! Ah! oui, monsieur Rouletabille, cette affaire est hallucinante… Cest une belle affaire, allez! Et dont on ne trouvera pas la clef dici longtemps, je lespère bien! …

      – Vous espérez quoi, monsieur le juge dinstruction? …»

      M. de Marquet rectifia:

      – «… Je ne lespère pas… Je le crois…

      – On aurait donc refermé la fenêtre, à lintérieur, après la fuite de lassassin? demanda Rouletabille…

      – Évidemment, voilà ce qui me semble, pour le moment, naturel quoique inexplicable… car il faudrait un complice ou des complices… et je ne les vois pas…»

      Après un silence, il ajouta:

      «Ah! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourdhui pour quon linterrogeât…»

      Rouletabille, poursuivant sa pensée, demanda:

      «Et le grenier? Il doit y avoir une ouverture au grenier?

      – Oui, je ne lavais pas comptée, en effet; cela fait six ouvertures; il y a là-haut une petite fenêtre, plutôt une lucarne, et, comme elle donne sur lextérieur de la propriété, M. Stangerson la fait également garnir de barreaux. À cette lucarne, comme aux fenêtres du rez-de-chaussée, les barreaux sont restés intacts et les volets, qui souvrent naturellement en dedans, sont restés fermés en dedans. Du reste, nous navons rien découvert qui puisse nous faire soupçonner le passage de lassassin dans le grenier.

      – Pour vous, donc, il nest point douteux, monsieur le juge dinstruction, que lassassin sest enfui – sans que lon sache comment – par la fenêtre du vestibule!

      – Tout le prouve…

      Je le crois aussi», obtempéra gravement Rouletabille.

      Puis un silence, et il reprit:

      – Si vous navez trouvé aucune trace de lassassin dans le grenier, comme par exemple, ces pas noirâtres que lon relève sur le parquet de la «Chambre Jaune», vous devez être amené à croire que ce nest point lui qui a volé le revolver du père Jacques…

      – Il ny a de traces, au grenier, que celles du père Jacques», fit le juge avec un haussement de tête significatif…

      Et il se décida à compléter sa pensée:

      «Le père Jacques était avec M. Stangerson… Cest heureux pour lui…

      – Alors, quid du rôle du revolver du père Jacques dans le drame? Il semble bien démontré que cette arme a moins blessé Mlle Stangerson quelle na blessé lassassin…»

      Sans répondre à cette question, qui sans doute lembarrassait, M. de Marquet nous apprit quon avait retrouvé les deux balles dans la «Chambre Jaune», lune dans un mur, le mur où sétalait la main rouge – une main rouge dhomme – lautre dans le plafond.

      «Oh! oh! dans le plafond! répéta à mi-voix Rouletabille… Vraiment… dans le plafond! Voilà qui est fort curieux… dans le plafond! …

      Il se mit à fumer en silence, sentourant de tabagie. Quand nous arrivâmes à Epinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur lépaule pour le faire descendre de son rêve et sur le quai.

      Là, le magistrat et son greffier nous saluèrent, nous faisant comprendre quils nous avaient assez vus; puis ils montèrent rapidement dans un cabriolet qui les attendait.

      «Combien de temps faut-il pour aller à pied dici au château du Glandier? demanda Rouletabille à un employé de chemin de fer.

      – Une heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser», répondit lhomme.

      Rouletabille regarda le ciel, le trouva à sa convenance et, sans doute, à la mienne, car il me prit sous le bras et me dit:

      «Allons! … Jai besoin de marcher.

      – Eh bien! lui demandai-je. Ça se débrouille? …

      – Oh! fit-il, oh! il ny a rien de débrouillé du tout! … Cest encore plus embrouillé quavant! Il est vrai que jai une idée…

      – Dites-la.

      – Oh! Je ne peux rien dire pour le moment… Mon idée est une question de vie ou de mort pour deux personnes au moins…

      – Croyez-vous à des complices?

      – Je ny crois pas…»

      Nous gardâmes un instant le silence, puis il reprit:

      «Cest une veine davoir rencontré ce juge dinstruction et son greffier… Hein! que vous avais-je dit pour le revolver? …

      Il avait le front penché vers la route, les mains dans les poches, et il sifflotait. Au bout dun instant, je lentendis murmurer:

      «Pauvre femme! …

      – Cest Mlle Stangerson que vous plaignez? …

      – Oui, cest une très noble femme, et tout à fait digne de pitié! … Cest un très grand, un très grand caractère… jimagine… jimagine…

      – Vous connaissez donc Mlle Stangerson?

      – Moi, pas du tout… Je ne lai vue quune fois…

      – Pourquoi dites-vous: cest un très grand caractère? …

      – Parce