Sonnets. Уильям Шекспир

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Название Sonnets
Автор произведения Уильям Шекспир
Жанр Драматургия
Серия
Издательство Драматургия
Год выпуска 0
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deviendra ta beauté, puisque toi aussi tu dois tomber parmi les dépouilles du temps, puisque les charmes et la beauté renoncent à eux-mêmes et meurent dès qu'ils en voient d'autres grandir, et que rien ne peut résister à la faux du Temps, si ce n'est la postérité qui le bravera lorsqu'il te retranchera de la terre.

      XIII

      O si vous étiez vous-même! Mais, bien-aimée, vous n'êtes à vous que tant que vous vivrez ici-bas. Vous devriez vous préparer à cette fin qui vous menace, et donner à quelque autre votre douce ressemblance. Alors cette beauté que vous tenez à bail ne connaîtrait point de terme; alors vous resteriez vous-même, après votre décès, lorsque votre belle postérité reproduirait votre belle image. Qui pourrait laisser une si noble demeure tomber en ruine, lorsque les soins pourraient la maintenir en honneur malgré les orages et les vents des jours d'hiver, malgré la rage stérile des frimas éternels de la mort? Oh! personne! sinon de mauvais administrateurs. Mon cher amour, vous savez que vous avez eu un père, que votre fils en dise autant.

      XIV

      Ce n'est pas aux étoiles que j'emprunte ma manière de voir, et cependant je crois que j'entends l'astronomie, non pour prédire la bonne ou la mauvaise chance, les pestes, les famines, ou les incidents de la saison; je ne sais pas non plus prévoir la fortune à un moment près, fixer pour chaque minute le tonnerre, la pluie ou le vent, ou dire si les princes se porteront bien par des prédictions que je lis dans le ciel, mais je trouve ma science dans tes yeux, et je lis dans les étoiles fixes avec assez d'art pour prédire que la beauté et la fidélité poursuivront ensemble si tu veux bien te prêter à faire souche, sinon je prophétise que ta fin sera la sentence et l'arrêt de la beauté et de la fidélité.

      XV

      Quand je considère comment tout ce qui grandit ne conserve la perfection qu'un instant; que ce vaste monde ne présente que des spectacles sur lesquels les étoiles exercent en secret leur influence; quand je vois que les hommes se multiplient comme les plantes, sont nourris et desséchés par le même ciel, qu'ils s'enorgueillissent de leur séve de jeunesse, décroissent quand ils sont arrivés au faîte, et disparaissent du souvenir avec leur éclat, alors l'idée de cette courte durée vous fait apparaître à mes yeux dans toute la richesse de votre jeunesse, je vois le temps prodigue discuter avec le déclin pour changer en une sombre nuit le jour de votre jeunesse, et faisant la guerre au temps par amour pour vous, je vous greffe de nouveau, à mesure qu'il vous enlève quelque chose.

      XVI

      Mais pourquoi ne faites-vous pas une guerre plus sanglante à ce tyran sanguinaire, le Temps? et pourquoi ne vous fortifiez-vous pas contre le déclin par des moyens plus heureux que des vers stériles? Vous êtes maintenant au faîte des jours heureux, bien des jardins vierges encore, et qui ne sont pas plantés, porteraient avec une vertueuse joie vos fleurs vivantes, bien plus ressemblantes que votre portrait en peinture. Alors les traits de la vie répareraient la vie, ce que ni le crayon du temps, ni ma plume son élève ne peuvent faire pour vous, ni comme valeur intime, ni comme beauté extérieure, ils vous feraient vivre aux yeux des hommes; là vous donnant, vous vous conservez vous-même, et vous vivrez, dans un portrait retracé par votre adorable talent.

      XVII

      Qui croirait mes vers dans l'avenir, s'ils étaient pleins de tout ce que vous méritez? Cependant le ciel le sait, ce n'est qu'une tombe qui cache votre vie et ne laisse voir que la moitié de vos charmes. Si je pouvais retracer la beauté de vos yeux, et énumérer toutes vos grâces dans des vers nouveaux, les siècles à venir diraient: Le poëte en a menti; ces traits célestes n'ont jamais touché à un visage terrestre. C'est ainsi que mes papiers, jaunis par le temps, seraient méprisés comme des vieillards plus bavards que véridiques, et on traiterait votre juste éloge de fureur poétique, on dirait que c'est le mètre exagéré d'une vieille chanson. Mais s'il vivait dans ce temps-là quelque enfant à vous, vous vivriez deux fois, en sa personne et dans mes vers.

      XVIII

      Te comparerai-je à un jour d'été? tu es plus charmante et plus tempérée; dans leur violence les vents font tomber les bourgeons chéris de mai, et le bail de l'été est trop court, l'oeil du ciel brille quelquefois avec trop d'éclat; souvent son teint doré est brouillé, et toute beauté perd une fois sa beauté, dépouillée par le hasard ou par le cours inconstant de la nature; mais ton éternel été ne se flétrira point, tu ne perdras point la beauté que tu possèdes; la mort ne se vantera pas de te voir errer dans ses ombres, lorsque tu vivras dans tous les temps par des vers immortels; tant que les hommes respireront, tant que les yeux pourront voir, autant vivra ceci, autant ceci te donnera vie.

      XIX

      Temps dévorant, émousse les griffes du lion, et que la terre dévore elle-même sa douce postérité, arrache les dents acérées des mâchoires du tigre féroce, brûle dans son sang le phénix à longue vie, apporte-nous dans ton vol des saisons heureuses et des saisons funestes. Temps aux pieds rapides, fais ce que tu voudras dans le vaste univers, et pour ses charmes fragiles, je ne t'interdis qu'un crime odieux, que tes heures ne sillonnent pas le beau front de mon ami, n'y trace point de lignes avec ton antique plume, laisse-le dans ton cours subsister tout entier pour servir de modèle de beauté aux races futures. Néanmoins fais du pis que tu voudras, vieux Temps: en dépit de tes outrages, mon ami vivra toujours jeune dans mes vers.

      XX

      Tu as un visage de femme, peint de la main de la nature, toi le maître et la maîtresse de ma passion; tu as le coeur tendre d'une femme, mais tu ne connais pas les inconstances auxquelles la perfidie des femmes est sujette; tu as les yeux plus brillants qu'elles, mais tu ne les roules pas faussement comme elles, tes regards voient l'objet sur lequel ils se portent; tu as le teint d'un homme, toutes les nuances sont à ta disposition pour attirer les yeux des hommes et pour surprendre les âmes des femmes. Tu avais d'abord été créé pour être une femme, mais la nature en te façonnant est tombée dans la rêverie, et par ses additions elle m'a privée de toi en ajoutant quelque chose qui ne m'était bon à rien. Mais puisqu'elle t'a destiné à la satisfaction des femmes, que ton amour m'appartienne et qu'elles usent de ton amour comme d'un trésor.

      XXI

      Il n'en est pas de moi comme de cette muse animée à versifier par une beauté fardée, qui emprunte au ciel même ses ornements, et qui compare toutes les beautés à sa belle, accumulant les similitudes les plus ambitieuses, le soleil et la lune, les riches joyaux de la terre et de la mer, les premières fleurs du mois d'avril et tout ce que les airs du ciel renferment de rare dans leur vaste sein. Pour moi qui suis sincère en amour, permettez-moi d'écrire sincèrement, et puis, croyez-moi, celle que j'aime est aussi belle qu'aucun enfant des hommes, bien qu'elle ne soit pas aussi éclatante que ces flambeaux d'or fixés dans les cieux; que ceux qui aiment à parler par ouï-dire en disent davantage, je ne veux pas vanter ma marchandise, puisque je n'ai pas l'intention de la vendre.

      XXII

      Mon miroir ne me persuadera pas que je suis vieux, tant que la jeunesse et toi serez du même âge; mais lorsque j'apercevrai chez toi les rides du temps, alors j'attendrai la mort pour expier ma vie, car toute cette beauté qui te pare n'est que le vêtement charmant de mon coeur qui vit dans ton sein, comme le tien en moi. Comment donc pourrais-je être plus âgé que toi? C'est pourquoi, mon amour, prends soin de toi comme je prends soin de moi-même; non pour moi, mais pour toi, puisque je porte ton coeur, que je garderai tendrement comme une bonne nourrice garde son enfant du mal. Ne compte pas sur ton coeur; si le mien expire, tu m'as donné le tien, mais non pour le reprendre.

      XXIII

      Comme un pauvre acteur sur la scène qui, dans son effroi, oublie son rôle, ou comme un animal furieux qui, plein de rage, affaiblit son propre coeur par l'excès de sa force, ainsi moi, par manque de confiance, j'oublie d'accomplir toute la cérémonie des rites de l'amour, et surchargé du fardeau de la force de mon amour, l'énergie de mon amour semble décroître. Oh! que mes lèvres servent d'éloquence et d'avocats muets à mon coeur qui te parle, ils plaident mon amour et réclament ma récompense mieux