L'Anneau des Dragons. Морган Райс

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Название L'Anneau des Dragons
Автор произведения Морган Райс
Жанр Книги для детей: прочее
Серия Le Temps des Sorciers
Издательство Книги для детей: прочее
Год выпуска 0
isbn 9781094344256



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illustrer sa remarque, il esquiva une épée et enfonça sa propre arme dans le palais d'un homme.

      "Si jamais je voulais d'une leçon d’escrime, je ne manquerais pas de vous le faire savoir," dit Odd. Il esquiva un autre coup, tua un homme et poursuivit.

      La violence à ce stade était purement mécanique, de sorte qu'au lieu de penser à feinter et contrer, à la tactique et à la distance, seuls demeuraient se déplacer, tuer, passer d'un adversaire à l'autre.

      Malgré cela, l’enjeu semblait des plus aisé pour le maître d'armes Wendros. Il se déplaçait en douceur avec un timing parfait, sans jamais se presser, toujours là où il fallait. Il détourna des attaques et en laissa passer, frappait avec une rigueur mortelle presque naturelle, laissant une traînée de cadavres dans son sillage. Seul le boitillement de sa jambe blessée le déséquilibrait, le ralentissant et donnant à certains de ses jeux de jambes un aspect saccadé.

      Odd abattit un autre adversaire mais ne put s'empêcher de se demander à quel point le maître d'armes avait dû être un bon escrimeur dans sa jeunesse. Odd avait toujours été considéré comme l'un des Chevaliers d’Argent les plus dangereux, mais le maître d'armes était différent. Que Odd n'ait pas cherché à le combattre était un vrai miracle.

      Odd s’abima dans la méditation de la violence, vivant chaque instant si intensément qu'il semblait emplir ses sens. Toutes les couleurs étaient plus vives, les bruits du combat plus nets, chacun porteur de son propre message, de sorte qu'il se découvrit une capacité à pouvoir distinguer le flux et le reflux de la bataille autour de lui grâce à d’infimes indices. Les combats faiblissaient peu à peu autour d'eux, les participants morts ou victorieux, Odd n’aurait su dire leur camp. Il parvint à distinguer la respiration d’hommes qui approchaient, repérer le moindre détail d'une épée venue se loger dans son crâne, qu’il évita, tua l'homme en lui assénant un coup du bas vers le haut.

      En un instant, il n'y eut plus d'assaillants. L'espace autour du ring s’était vidé de ses ennemis, l'intérieur ne contenait que leurs cadavres, l'odeur de la mort flottait dans l’air ambiant. Odd crut apercevoir, à travers de larges fenêtres voutées situées en hauteur, poindre la lueur rouge-orangée de l'aube.

      "Je ne pensais pas que nous vivrions assez longtemps pour la voir," dit-il en regardant en direction du maître d'armes Wendros. L'homme était assis sur l’une des rampes du ring, pansant son torse blessé à l’aide d’un morceau d’étoffe. Odd n'avait pas vu le coup venir, n’aurait jamais cru qu’un tel homme puisse être touché, tant sa défense était précise.

      "Jadis, personne ne m'aurait touché," dit le maître d'armes, agacé. Odd le crut volontiers.

      "J'aurais aimé me battre avec vous à l'époque," dit Odd.

      Le maître d'armes fronça les sourcils. "Pas moi. Je connais votre réputation. Nous nous serions battus jusqu’à ce que le combat cesse, faute de combattants."

      Odd baissa la tête, il pouvait nier la vérité toute crue. Jadis, sa fierté l’aurait empêché de se laisser défier par un homme aussi expérimenté sans le mettre à l'épreuve, la bataille qui se serait ensuivie se serait forcément terminée dans une effusion de sang.

      "Je ne suis plus l'homme de jadis," répondit Odd. C'était plus un espoir, qu'une vérité.

      "Qui l’est encore, parmi nous ?" répliqua Wendros. "Combattre à vos côtés est un honneur."

      Odd demeura quelque peu interdit. Erin semblait heureuse d'être son élève, mais elle ne le connaissait pas vraiment, ignorait qui il était et ce qu'il avait fait. Le Maître d'armes Wendros était suffisamment âgé pour le savoir, mais il ne se déroba pas, comme l'auraient fait la plupart des Chevaliers d’Argent.

      "Alors," demanda Wendros. "Quel est votre plan ?"

      "Nous faisons de notre mieux. L'ennemi est trop nombreux et nous pas suffisamment. La Princesse Erin a pris le commandement des hommes, ils combattent et ont investi les ruelles. Elle m'a envoyé ici pour tenter de récupérer des hommes et des armes."

      Mais il ne restait malheureusement plus assez d'hommes. Les salles d'entraînement désormais désertées par les envahisseurs, seuls demeuraient quelques maîtres d'armes et forgerons, blessés pour la plupart.

      "Allez," leur ordonna Odd. "Vous êtes trop peu nombreux pour protéger cette Maison. Rejoignez le combat dans les rues. Tuez vos ennemis, bougez-vous. Exécution."

      Ils partirent, visiblement heureux de prendre leurs ordres d’un homme parlant en connaissance de cause.

      "Nous devrions probablement les rejoindre," dit Wendros. Il sauta de son perchoir sur la balustrade, vacilla légèrement sur sa jambe blessée.

      "Patience," répondit Odd. "Quand vous vous sentirez prêt."

      "Ne vous apitoyez pas sur moi," répondit le maître d'armes, "sans quoi nous nous battrons pour de bon."

      Ils traversèrent la Maison des Armes beaucoup plus lentement que les autres malgré tout, se dirigèrent vers les forges et la sortie. Les forges étaient silencieuses, seule une faible lueur émanant du creuset s'ajoutait à la lueur de l'aube.

      "Pensez-vous que nous pouvons gagner ?" lui demanda Wendros.

      Odd haussa les épaules. "La victoire tient parfois à la durée et la hardiesse au combat."

      Ils se dirigeaient vers la sortie lorsque d'autres hommes de Ravin pénétrèrent dans la Maison des Armes. Deux d’abord, que Odd abattit facilement, mais d'autres suivaient, et d'autres encore derrière. Ils se déversaient dans la Maison des Armes, presque trop nombreux pour les dénombrer. Certainement trop nombreux pour espérer se battre, n’étant que deux. Odd soupesa malgré tout son épée dans sa main.

      "Un nouvel assaut est prévu ?" demanda Wendros.

      "Non. Battons en retraite, les forges feront office de couverture."

      C'était un bon plan, ils commencèrent à reculer de concert vers une issue. Au début, l'ennemi progressait lentement, comme si personne ne voulait être le premier à atteindre l’autre. Puis un homme avança et chargea, vite descendu par Odd.

      Les hommes qui affluaient en masse tombèrent sur Odd et Wendros. Le temps n’était plus au raffinement mais à l'habileté. Ils passaient leur temps à couper et taillader, en cédant peu à peu du terrain. Tout se déroulait pour le mieux jusqu'à présent, abrités par les forges tandis qu’ils combattaient côte à côte, un coup d'œil derrière lui suffit à Odd pour comprendre qu’ils se trouveraient bientôt devant un problème ; le même problème rencontré par Erin et lui sur le pont. La sortie vers laquelle ils se dirigeaient située derrière les forges ouvrait sur un espace donnant à leurs ennemis tout loisir de les encercler. Odd doutait fort qu'une armée vienne à leur secours cette fois-ci.

      "Cela va poser problème," dit le maître d'armes Wendros qui l’avait manifestement remarqué. Son épée s’enroula autour de l’épée d’un ennemi, qu’il occis. "Mais tout problème à sa solution, cela dit."

      "Quelle solution ?" demanda Odd en tuant un homme, puis un autre.

      "Je les tiens en échec pendant que vous vous échappez," dit Wendros. Il repoussa une attaque et envoya un soldat valdinguer parmi ses deux confrères d’un coup de pied. Ce qui eut pour but de les ralentir un court instant.

      "Quoi ? Non," répondit Odd, et pas seulement parce qu'il détestait l'idée de battre en retraite. Le maître d'armes l’avait traité d’égal à égal, pas comme un chien enragé qui montrait les dents devant l’ennemi et fuyait en temps normal.

      "Suis-je en état de courir, d’après vous ?" demanda Wendros, en tuant un autre homme. "Partez, Odd !"

      "Je… merci," répondit Odd qui recula vers la porte, sans s'empêcher de regarder derrière lui.

      Ce qu'il vit se grava dans sa mémoire aussi durablement que tous les autres mauvais souvenirs qui émaillaient sa vie. Les gestes de Wendros étaient si rapides qu’il semblait évoluer dans un tourbillon d’acier, effleurant à peine ses ennemis, mais