Le Fils des Dragons. Морган Райс

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Название Le Fils des Dragons
Автор произведения Морган Райс
Жанр Книги для детей: прочее
Серия Le Temps des Sorciers
Издательство Книги для детей: прочее
Год выпуска 0
isbn 9781094343204



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son organisme était le champ de bataille, les guerriers et l'étendue stérile qu'elle laisserait derrière elle, une vie décimée.

      "Non…" hurla Nerra. Elle songea, à cet instant précis, à tout ce qu'elle avait été contrainte de laisser derrière elle au Royaume du Nord, tout ce qu'elle ne reverrait plus jamais tandis que ces eaux mortelles se déchaînaient et précipitaient sa mort. Elle songea à ses frères et sœurs, à l'élégante Lenore et à Erin la rebelle, à Rodry, toujours prompt à se battre pour défendre autrui et à Greave, si calme et posé. Elle eut même une pensée pour Vars.

      Mais elle songea par-dessus tout au dragon qu'elle avait découvert. Dans son esprit, il avait grandi incroyablement vite, ses écailles brillaient d'un reflet arc-en-ciel, ses larges ailes s'étendaient tandis qu'il s'envolait vers les cieux. L'image était si nette que Nerra leva les yeux, s'attendant presque à le voir dans le ciel, comme cela avait été le cas lorsque les bandits s'étaient emparés d'elle dans la forêt. Il l'avait amenée jusqu'ici, pourquoi aller ailleurs ?

      Mais elle était seule ; plus seule que jamais. Dans la forêt, il y avait les animaux, un sentiment de paix. Maintenant… seule demeurait cette douleur qui la terrassait, la faisait se contorsionner, l'anéantissait. Nerra sentit son bras se briser et poussa un hurlement de douleur, les muscles de ses doigts se contractaient si violemment qu'ils lui brisèrent les os.

      Elle avait dû s'évanouir de douleur, vit à nouveau le dragon, d'autres dragons, volant au-dessus de Sarras, des nuées obscurcissaient le ciel. Ils tournoyaient au-dessus d'elle, elle était parmi eux, se repaissant de cette myriade de couleurs, noir et rouge, or et émeraude, et bien plus encore.

      Elle était au sol à présent, évoluait parmi les vestiges de bâtiments bien plus anciens que ceux existants au Royaume du Nord, des édifices comme surgis de terre, non bâtis de main humaine. Elle crut distinguer des silhouettes évoluer parmi ces bâtiments, ombres vacillantes au coin de ses yeux, mais elles se dispersaient à chaque fois qu'elle essayait de tourner la tête pour mieux voir, disparaissaient dans le lointain, impossibles à appréhender.

      Nerra voulut les poursuivre mais elles se fondirent dans des tunnels aux parois qui semblaient se mouvoir et s'étirer au fur et à mesure que Nerra y pénétrait. Cette pierre vivante l'agrippait, l'attrapait et la pétrissait comme de l'argile jusqu'à ce que Nerra soit à bout de souffle, incapable de crier dans son rêve.

      Elle fit la seule chose à laquelle elle ne s'attendait pas : elle se réveilla.

      Il lui était impossible de dire combien de temps s'était écoulé. Le soleil était encore haut dans le ciel, mais une douzaine de jours auraient pu s'écouler sans que Nerra le sache. Son corps était encore tourmenté au souvenir de la douleur atroce que cette eau lui avait fait subir, elle se sentait si faible que…

      Non ; elle ne se sentait pas faible. Elle avait soif, faim, était fatiguée, mais pas faible. Au contraire, elle se sentait forte. Elle se tenait debout, et pour la première fois depuis ce qui lui parut un long moment, n'éprouvait aucune sensation de vertige. Malgré cela, Nerra faillit tomber. Les muscles de ses jambes étaient … bizarres. Différents.

      Même le monde autour d'elle paraissait autre, étrangement changé. Les couleurs semblaient avoir subtilement changé, comme si elle pouvait en voir plus, les odeurs de la forêt toute proche étaient si puissantes qu'elle pouvait presque les goûter.

      Mais pour l'instant, cela n'avait pas d'importance. Elle avait survécu, c'est tout ce qui importait. Serait-ce à dire … qu'elle était guérie ? Que la fontaine l'avait guérie ?

      Nerra osait à peine espérer que ce soit vrai, qu'elle ait survécu alors que tant d'autres avaient succombé, l'espoir commençait à renaître. Elle était bel et bien vivante, cette horrible sensation d'os brisés avait disparu. Si elle était entière, être guérie serait trop demander ?

      Puis, Nerra vit son bras. Un bras humain, non pas tordu comme les hideuses créatures difformes atteintes de la maladie du dragon au village, mais entièrement recouvert d'écailles irisées d'un bleu profond. Les muscles se mouvaient sous sa peau désormais bien plus épaisse, Nerra regarda mieux et aperçut clairement, avec une netteté effroyable, des serres au bout de ses doigts.

      Elle poussa un hurlement, en état de choc devant son bras désormais pourvu de serres, griffa ses écailles, ce qui ne fit qu'empirer les choses. Que lui arrivait-il, qu'était-elle devenue ? Elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, cela n'avait rien à voir avec la maladie et tout avec l'étrangeté de la situation. Elle fit un pas en arrière et recula vers la vasque. C'était plus fort qu'elle ; elle devait se regarder.

      La créature qui se reflétait dans l'eau n'avait rien à voir avec son apparence première, n'était pas la chose disloquée et tordue qu'elle avait tellement redouté devenir. Nerra la dévisagea de longues secondes, incapable de comprendre, l'horreur, le choc et une certaine fascination se disputaient ses faveurs.

      Sa peau était couverte d'écailles, ses yeux, jaunes, semblables à ceux d'un serpent, ses traits avaient tout d'un dragon, une symétrie et une beauté indéniables habitaient pourtant son visage. Nerra refusait sa nouvelle apparence, et quand bien même, quelque chose lui rappelait la Nerra d'alors. Des réminiscences de ses cheveux étaient toujours présentes, les mèches sur son front semblables à la crête d'un lézard. Son corps plus musclé couvert d'écailles était capable de se mouvoir de façon sinueuse grâce aux nouvelles jointures de ses articulations, mais elle n'avait rien d'un monstre.

      "Oui, je suis un monstre !" s'exclama-t-elle à haute voix, sa voix était la seule partie de son corps qui n'ait pas changé. C'était encore pire en quelque sorte, cela n'améliorait pas les choses. Comment cette partie d'elle pouvait demeurer, quand tout le reste était métamorphosé ? Une pensée lui vint à l'esprit, aucun membre de sa famille ne la reconnaîtrait désormais, elle avait tout perdu. Une fureur rapide, fulgurante, totale, s'empara d'elle, Nerra prit une pierre du temple et l'écrasa entre ses mains. Elle réalisa, ce faisant, la force que cette nouvelle apparence lui conférait.

      Sa rage était omnipotente, Nerra la sentait écumer, bouillonner, s'emparer d'elle, la métamorphoser comme tous les individus au village, transformés en créatures dantesques. Nerra se révolta, refusait le choc, la douleur de la mutation qui sourdait en elle, refusait de devenir cette chose-. Elle se cramponna au bord de la vasque, contempla l'eau fixement, se força à regarder cette version modifiée, jusqu'à la limite du supportable.

      La fontaine ne l'avait ni tuée ni guérie, mais métamorphosée. Elle avait agi comme le catalyseur de la transformation générée par la maladie, l'avait transcendée au-delà des silhouettes alambiquées qu'elle engendrait habituellement, pour devenir un être fluide et aérien, mi-homme, mi-saurien.

      Nerra ne savait que penser, comment surmonter le choc de ce nouveau corps, ce qu'elle était devenue. Elle ne comprenait pas, ne savait que faire. Elle avait besoin de savoir ce qui se passait et ce qui lui était arrivé, un seul endroit s'imposa à elle pour obtenir des réponses, un endroit où ils la tueraient pour ce qu'elle était.

      Nerra avança à grandes enjambées sur les pentes du volcan en direction du village.

      CHAPITRE CINQ

      Suivre Finnal et ses sbires fut tâche aisée pour Erin ; après tout, en tant que princesse, elle pouvait vaquer à son gré dans le château, personne n'osait s'y frotter en tant que chevalier, avec sa courte lance à la pointe affûtée au côté, de sorte qu'elle passait pour un bâton.

      Que verrait-on vraiment, en la regardant de près ? Une fille plus petite que ses sœurs, portant armure, des cheveux bruns coupés courts pour ne pas offrir de prise lors des combats, à l’expression déterminée. Personne ne devinerait de quoi il retournait, ne pourrait savoir où elle voulait en venir, deviner que tôt ou tard, elle prévoyait de ficher sa lance dans le cœur de Finnal. Les gens se bornaient à voir les princesses pour ce qu'elles étaient, sans voir plus loin que le bout de leur nez.

      Les gens étaient stupides.

      Pour l'instant, Erin ne faisait que suivre, se frayant un passage parmi