Le Visage de la Peur. Блейк Пирс

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Название Le Visage de la Peur
Автор произведения Блейк Пирс
Жанр Зарубежные детективы
Серия Les Mystères de Zoe Prime
Издательство Зарубежные детективы
Год выпуска 0
isbn 9781094306483



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femme séduisante, ne se sentait pas en sécurité ici.

      Mais c’était pourquoi elle disposait toujours d’un spray au poivre dans sa poche, se rappela-t-elle alors que le dos de ses doigts effleuraient l’extérieur froid du contenant.

      De plus, elle avait un plan de sortie : pulvériser et fuir, en fonction de l’endroit qu’elle réussirait à atteindre. Il y avait une petite ruelle qu’elle devait traverser pour se rendre au studio de Javi, et qui représentait également le point décisif. Avant de l’atteindre, elle savait que le chemin le plus rapide était de revenir sur ses pas, en courant vers la rue principale où elle pourrait se mettre en sécurité parmi la foule. Après la moitié du trajet, elle devrait courir jusqu’à la porte de Javi et crier à l’interphone jusqu’à ce qu’il la fasse entrer.

      Ce n’était pas comme si elle passait tout son temps à se préoccuper des dangers potentiels de l’endroit vers lequel elle marchait. En réalité, c’était tout le contraire. Callie avait élaboré ce plan la deuxième fois qu’elle avait rendu visite à Javi dans ce quartier, et dès lors, elle s’était autorisée à rêvasser en allant chez lui. Rêver au tatouage qu’il lui dessinait et à quoi il allait ressembler.

      Ils avaient travaillé ensemble sur des dessins depuis quelques années, depuis qu’elle s’était fait faire son premier tatouage. Elle l’avait tellement aimé qu’elle l’avait supplié de lui en faire un autre, et ce serait la troisième fois qu’un de ses dessins allait décorer son corps. Il y avait là quelque chose d’étrangement intime, bien qu’ils n’aient jamais été amants. Quelque chose dans la façon dont son travail lui traversait la peau, le seul geste de rébellion contre la vie d’entreprise qu’elle allait sans doute devoir subir durant des décennies.

      Ou peut-être pas. Peut-être qu’elle pourrait trouver un moyen de s’en échapper, de faire les choses qu’elle aimait vraiment. Créer sa propre entreprise, même si elle n’avait pas encore trouvé ce que ça serait. Callie pouvait encore espérer.

      Elle descendit dans la ruelle, passa devant une poubelle renversée et une fresque de graffitis qui avait été taguée depuis par des enfants avec des bombes aérosols. De l’art, couvert par le genre de gribouillage inepte qui avait à l’origine donné aux villes l’envie de sévir contre les graffitis. C’était une honte. Le soleil californien qui brillait sur son visage disparut, remplacé par l’ombre fraîche des hauts bâtiments, laissant ses yeux s’adapter à cette nouvelle morosité.

      Un homme entra à l’autre bout de la ruelle, venant dans sa direction. Callie se raidit un peu, le gardant à l’œil tout en faisant semblant de regarder le sol à sa gauche. Il avait une capuche remontée sur la tête, le visage dans l’ombre, les mains enfoncées dans ses poches, tout comme les siennes.

      Elle ne put pas l’identifier. Cela pourrait être de mauvais augure, dans un endroit comme celui-ci. Cela pourrait signifier qu’il ne voulait pas être reconnu. Mauvais signe.

      Les doigts de Callie s’enroulèrent et enveloppèrent le spray au poivre, les muscles de ses bras se tendant alors qu’elle pensait à l’utiliser. Elle le sortirait d’un geste rapide, le dirigerait vers son visage – elle utilisa le bout de son index pour trouver la buse afin qu’elle soit dans le bon sens – puis pulvériserait. Pulvériser et courir.

      Elle accéléra le pas, pensant que plus vite elle le dépasserait, moins il aurait de chances de prendre le dessus. Elle regarda la distance qui les séparait, essayant de se rendre compte. Un coup d’œil vers le ciel. Était-elle déjà à mi-chemin ? Serait-il plus rapide de courir en avant ou vers l’arrière ? Javi l’attendait. Peut-être que si elle courait vers lui, il la laisserait entrer plus vite. Oui, elle allait courir en direction de Javi.

      Elle retint son souffle lorsque l’homme s’approcha, essayant de continuer à avancer comme si de rien n’était, mais tout en serrant le spray au poivre plus fort que jamais. Elle était aux aguets, prête à se lancer—

      Il passa à côté d’elle, sans incident.

      Callie respira à nouveau, se réprimandant intérieurement d’avoir été si paranoïaque. C’était ce qui arrivait aux gens trop préparés. Qui craignaient trop de se faire attaquer dans les ruelles.

      Javi en rirait. Elle le lui raconterait, même si c’était gênant. Il rirait de bon cœur et lui dirait qu’il la protégerait des grands hommes effrayants. Ce serait un moment de complicité entre eux.

      Tout d’un coup, Callie fut déséquilibrée, juste au moment où elle reprenait son souffle. Quelque chose venant de derrière. Elle pris conscience que c’était forcément lui. Il l’agrippait par les épaules, un de ses bras la cintrant. Vers lui. Ses omoplates heurtèrent sa poitrine, et quelque chose se pressait sur sa gorge – quelque chose d’aiguisé – quelque chose—

      Elle voulut crier au secours, appeler Javi, hurler, mais quand elle essaya, l’air ne fit que sortir en bulles de sa gorge, par la nouvelle ouverture qu’il avait faite. Il lui avait tranché la gorge. Quelque chose de chaud se répandait en cascade sur sa poitrine – elle savait ce que c’était – son propre sang.

      Dans un moment de lucidité qu’elle n’avait jamais ressenti, Callie Everard sut qu’elle allait mourir.

      Qu’elle mourait, même. Cela se passait, en ce moment, activement, et elle n’allait jamais revoir Javi pour se faire faire ce nouveau tatouage, et elle n’allait jamais réaliser son rêve de devenir son propre patron, et elle n’allait jamais posséder cette Mercedes sur laquelle elle avait posé les yeux quand elle avait lu qu’une célèbre rédactrice de mode en conduisait une. Les mains de Callie s’agrippèrent à sa gorge, glissant sur le sang, et elle ne put saisir que les bords de cette nouvelle ouverture, dont la cartographie n’avait aucun sens pour ses doigts tâtonnants.

      Callie tomba, sans s’en rendre compte, jusqu’à ce qu’elle constate qu’elle regardait le ciel et devait donc être sur le dos. Elle s’efforça une dernière fois d’émettre un bruit, aspirant désespérément de l’air par sa bouche ouverte et essayant de l’expulser à nouveau en criant. Tout ce qu’elle entendit fut un nouveau jet de sang provenant de sa blessure, l’oxygène y bouillonnant, n’atteignant même pas ses poumons.

      Ce ne fut qu’un instant plus tard que Callie cessa de voir quoi que ce soit, et arrêta de respirer, puis ce ne fut plus que son corps qui demeurait abandonné dans la ruelle. Une coquille. Son âme, ou sa conscience, ou quoi que ce soit qui avait été Callie, était bien loin.

      CHAPITRE DEUX

      Zoe posa son verre sur la table, tentant de se retenir de calculer le volume de l’eau restant à l’intérieur. C’était un combat perdu d’avance, bien sûr. Elle allait toujours voir les chiffres, qu’elle le veuille ou non.

      « Qu’en penses-tu ?

      – Hum ? » Zoe leva le regard, coupable, et croisa les yeux bruns de John qui patientaient.

      Elle s’attendit à ce qu’il perde patience, mais elle n’avait toujours pas réussi à le pousser aussi loin. Au lieu de cela, il lui fit un doux sourire, un de ses sourires asymétriques qui montait plus haut sur le côté droit de son visage que sur le gauche. Il semblait toujours lui offrir ces sourires, lui pardonner quelque chose ou autre. Zoe ne savait pas vraiment si elle le méritait.

      « À quoi penses-tu ? » demanda John.

      Zoe essaya de modeler son visage en quelque chose qui lui dirait de manière convaincante qu’elle allait bien. « Oh, rien, » dit-elle, puis, sentant que ce n’était peut-être pas la meilleure des réponses : « Juste des trucs de boulot.

      – Tu peux m’en parler, tu sais, » dit John, en glissant sa main sur la sienne au-dessus de la table. Elle sentit son cœur battre lentement à travers son pouce, à l’endroit où il appuyait sur sa peau, plus lentement que le sien. Bien plus lentement.

      Super. Zoe avait inventé une excuse rapide, et maintenant il demandait des détails. Que devait-elle faire ? « C’est une affaire en cours », dit-elle