Pour L’éternité, et un Jour . Sophie Love

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Название Pour L’éternité, et un Jour
Автор произведения Sophie Love
Жанр Современные любовные романы
Серия L’Hôtel de Sunset Harbor
Издательство Современные любовные романы
Год выпуска 0
isbn 9781640292574



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déroulait devant elle. Emily pouvait lire toutes les questions dans ses yeux. Qui est cet homme ? Pourquoi Emily pleure-t-elle ? Pourquoi lui aussi ? Que se passe-t-il ?

      « Chantelle, ma chérie », dit Emily, tendant la main. « Viens ici. »

      Emily vit dans l'hésitation de Chantelle une timidité inhabituelle.

      « Il n'y a rien à craindre », ajouta Emily.

      Chantelle fit quelques pas vers Emily. « Pourquoi est-ce qu’il me regarde comme ça ? », dit-elle dans un aparté que Roy pouvait très bien entendre.

      Emily regarda vers son père. Ses yeux humides étaient écarquillés par la confusion. Il essuya les gouttes de ses cils.

      « Tu as une fille ? », balbutia-t-il enfin, la voix pleine d'émotion.

      « Oui », dit Emily en tendant la main vers Chantelle et en attirant la jeune fille à côté d’elle, dans une demi-étreinte. « Enfin, c'est la fille de Daniel. Mais je l'élève comme une mère le ferait. »

      Chantelle s'accrocha à Emily. « Est-ce qu'il va m’emmener ? », demanda-t-elle.

      « Oh non, non, chérie », s'écria Emily. « C'est mon père. Ton grand-père. » Elle tourna alors le regard pour croiser celui son père. « Papa Roy ? », suggéra-t-elle.

      Il hocha immédiatement de la tête. Il semblait ensorcelé par l'enfant, ses yeux bleu pâle étincelaient, intrigués.

      « Elle lui ressemble tellement », dit-il.

      Emily comprit sur le champ ce qu'il voulait dire. Chantelle ressemblait à Charlotte. Pas étonnant qu'il ait supposé qu'elle était l'enfant d'Emily ; Emily elle-même avait parfois du mal à croire que ce n’étaient pas les gènes de Charlotte qui s’exprimaient chez Chantelle.

      « Je le vois aussi », avoua-t-elle.

      « À qui je ressemble ? », demanda Chantelle.

      Emily eut l’impression que tous ces questionnements étaient trop pour l'enfant. Elle voulait y mettre fin tout de suite. Même si elle se sentait comme un agneau tremblant, elle savait qu'elle devait se mettre en avant et prendre la direction.

      « Quelqu'un que nous connaissions il y a longtemps, c'est tout », dit-elle dit. « Allez, Papa Roy doit rencontrer papa. »

      Chantelle s’illumina soudainement. « Je vais aller le chercher. » Elle rayonnait, et rentra à l'intérieur en sautillant.

      Emily soupira. Elle comprenait pourquoi son père avait été tellement choqué par Chantelle, mais de voir un étranger la dévisager ainsi – comme si elle était un fantôme – c’était la dernière chose dont l'enfant avait besoin.

      « Elle n'est pas biologiquement la tienne ? », demanda Roy à la seconde où l'enfant avait disparu.

      Emily secoua la tête. « Je sais, c'est fou. Elle est aussi sensible qu'elle. Et gentille. Drôle. Créative. Je suis impatiente que tu fasses sa connaissance. » Sa voix se serra alors, avec une crainte soudaine à l’idée que Roy ne resterait pas, que ce n'était qu'une visite éclair. Peut-être n'était-elle même pas censée avoir su qu'il était ici. Peut-être que son plan était de l'éviter complètement, de passer en coup de vent avant qu’elle n’ait eu eu l'occasion de se rendre compte qu'il était de retour, comme ses voyages furtifs avec sa voiture défoncée que Trevor avait vu de sa fenêtre. Elle se frotta derrière l’oreille maladroitement. « Enfin, si tu as le temps. »

      « J'ai le temps. » Roy acquiesça, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres.

      À cet instant-là, Chantelle revint, traînant Daniel derrière elle. Il s'arrêta sur le seuil de la porte et regarda Roy.

      « Papa Roy ? », dit-il en levant les sourcils, répétant manifestement le nom que Chantelle lui avait si innocemment transmis.

      Emily vit le regard qu’ils échangèrent et se souvint de ce que Daniel lui avait raconté à propos de cet été-là, quand il était adolescent et avait eu besoin d'un ami, comment Roy avait été là pour lui, l'avait aidé à remettre sa vie sur les rails. Elle pouvait dire à cet instant que le retour de Roy à Sunset Harbour comptait presque autant pour Daniel que pour elle-même.

      Roy présenta sa main pour que Daniel la serre. Mais à la surprise d'Emily, Daniel prit la main et attira Roy dans une étreinte. Elle sentit un étrange serrement dans sa poitrine, une émotion particulière qui se trouvait entre la joie et le chagrin.

      « Je pense que tu as déjà rencontré Daniel », dit Emily, sa voix se brisant encore une fois.

      « En effet », répondit Roy alors qu'il était libéré par Daniel, le prenant à la place par les épaules. Il semblait submergé par l’émotion, louvoyant entre les larmes de joie et les éclats de rire soulagés.

      « Nous allons nous marier », ajouta Emily, presque bêtement.

      « Je sais », dit Roy, souriant d’une oreille à l’autre. « J'ai lu ton mail. Je suis tellement ravi. »

      « Vous venez à l'intérieur ? », demanda Daniel à Roy, doucement.

      « Si vous le permettez », répondit Roy, l’air préoccupé de ne pas être accepté dans la vie d'Emily.

      « Bien sûr ! », s’exclama Emily. Elle serra sa main avec force, essayant de lui dire que tout allait bien, qu'il était désiré ici, accepté, que son retour était un évènement joyeux.

      Le visage de Roy parut marqué par le soulagement. Il se détendit visiblement, comme si un obstacle pour lequel il s’était inquiété avait été franchi.

      Tandis qu’ils marchaient vers la porte, Emily prit soudainement conscience du fait que la maison que son père avait abandonnée il y avait plus de vingt ans ne ressemblait en rien à son ancien état. Elle l’avait reprise, avait tout changé, modifié sa raison d’être, d'une maison familiale à un hôtel. Serait-il furieux ?

      « Nous avons fait des rénovations », dit-elle rapidement.

      « Emily Jane », répondit son père d'une voix douce et ferme, « je sais que tu vis ici. Que c’est un hôtel maintenant. C'est bon. Je suis ravi pour toi. »

      Elle hocha de la tête, mais se sentait encore anxieuse à l’idée de le laisser entrer. Chantelle ouvrit la voie et, l'un après l'autre, ils pénétrèrent en file indienne dans le hall de réception, Roy en dernier, sa démarche plus lente et plus raide que dans les souvenirs d’Emily.

      Il s'arrêta dans le hall et regarda autour de lui, bouche bée, avec surprise et crainte. Quand il vit le bureau, ses yeux s'écarquillèrent.

      « Est-ce… ? »

      « Le même que celui que tu as vendu à Rico ? », dit Emily. « Oui. »

      L’hôtel avait été une pension avant que ses propriétaires ne l'abandonnent. L'histoire de Roy avec la demeure reflétait celle d’Emily à l'envers. Il avait voulu que cet endroit soit une maison familiale, un refuge pour les vacances d'été. Emily l'avait retransformé en maison d'hôtes, en entreprise.

      « Je n’arrive pas à croire qu'il l'ait gardé pendant toutes ces années », dit Roy avec surprise, le regard toujours posé sur le bureau. Puis il tourna les yeux vers Emily. « Tu te souviens du jour où je l'ai vendu ? »

      Emily secoua la tête en silence.

      « Tu étais assez inflexible sur le fait que je ne devais pas le vendre », dit-il avec un rire. « Tu avais mis une Barbie dans chacun des tiroirs. Tu as dit que c'était un hôpital pour tes poupées. »

      « Je pense que je m’en souviens », répondit Emily en se sentant un peu mélancolique.

      « Rico a été très gentil à ce sujet », ajouta Roy. « Il t’a aidée à “transférer” tes “patientes” dans un autre endroit. Je pense que tu avais choisi le placard sous l'évier. » Lui aussi