Название | Un Trône pour des Sœurs |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | Un Trône pour des Sœurs |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781640292611 |
Elles se frayèrent un chemin dans les rues en essayant de se faire aussi discrètes que possible. Cela dit, à Ashton, il était impossible d'éviter les gens parce qu'il y en avait tout simplement trop. Les bonnes sœurs ne s'étaient pas vraiment souciées de leur enseigner la géographie mais Sophia avait entendu dire qu'il y avait des villes plus grandes au-delà des États Marchands.
A cet instant-là, c'était dur à croire. Il y avait des gens partout où Sophia regardait, même si, à cette heure-là de la journée, la plus grande partie de la population de la ville devait être à l'intérieur, en train de travailler durement. Il y avait des enfants qui jouaient dans la rue, des femmes qui allaient et venaient des marchés et des boutiques, des ouvriers qui portaient des outils et des échelles. Il y avait des tavernes et des théâtres, des boutiques qui vendaient du café venant des pays récemment découverts au-delà de l'Océan des Reflets, des cafés où les gens semblaient être presque aussi intéressés par la discussion que par leur repas. Elle était très étonnée de voir les gens rire, heureux, vraiment insouciants, ne rien faire d'autre que passer le temps et s'amuser. Elle avait même du mal à croire qu'un tel monde puisse exister. Par rapport au silence et à l'obéissance imposés par l'orphelinat, le contraste était choquant.
Il y a tant de choses, dit Sophia par télépathie à sa sœur, lorgnant les stands de nourriture qu'il y avait partout, sentant croître des crampes à l'estomac à chaque odeur qu'elle rencontrait.
Kate inspectait les lieux d'un œil pragmatique. Elle choisit un des cafés et s'en approcha prudemment pendant que les gens qui se tenaient devant se moquaient d'un soi-disant philosophe qui essayait de décider quelle proportion du monde on pouvait vraiment connaître.
“Tu y arriverais mieux si tu n'étais pas ivre tout le temps”, lui cria un badaud.
Un autre se tourna vers Sophia et Kate alors qu'elles approchaient. L'hostilité ambiante était palpable.
“On ne veut pas de racailles comme vous ici”, dit-il d'un ton méprisant. “Filez !”
La colère pure de ses paroles était pire que ce à quoi Sophia s'était attendue. Cependant, elle repartit vers la rue en traînant les pieds, entraînant Kate avec elle pour qu'elle évite de faire une chose qu'elles devraient regretter par la suite. Bien qu'elle ait visiblement abandonné son tisonnier quelque part en fuyant la foule, elle avait certainement l'air de vouloir taper sur quelque chose.
Cela signifiait qu'elles n'avaient pas le choix : elles allaient devoir voler leur nourriture. Sophia avait espéré que quelqu'un leur ferait la charité. Pourtant, elle savait que ce n'était pas comme ça que fonctionnait le monde.
Elles comprirent alors toutes les deux qu'il était temps qu'elles utilisent leurs talents et elles se mirent d'accord sans mot dire, d'un signe de tête simultané. Elles se placèrent chacune d'un côté d'une ruelle, regardèrent toutes les deux une boulangère travailler et attendirent. Sophia attendit jusqu'à ce que la boulangère puisse lire ses pensées puis elle lui dit ce qu'elle voulait qu'elle entende.
Oh non, pensa la boulangère. Les petits pains. Comment ai-je pu les oublier à l'intérieur ?
Dès que la boulangère eut cette idée, Sophia et Kate passèrent rapidement à l'action. Quand la femme se détourna pour repartir chercher les petits pains à l'intérieur, elles se précipitèrent en avant et, se déplaçant à toute vitesse, saisirent chacune une brassée de gâteaux, presque plus que ce qu'elles pourraient manger.
Elles se cachèrent toutes les deux derrière une ruelle et mangèrent voracement. Bientôt, Sophia sentit qu'elle avait le ventre plein. C'était une sensation étrange et agréable qu'elle n'avait jamais connue. La Maison des Oubliés ne pensait pas qu'il fallait fournir plus que le strict minimum à ses protégées.
Alors, elle rit en voyant Kate essayer d'enfoncer un gâteau entier dans sa bouche.
Qu'est-ce qu'il y a ? demanda sa sœur.
C'est si bon de te voir heureuse, répondit Sophia par télépathie.
Elle n'était pas sûre que ce bonheur durerait. A chaque pas, elle cherchait les chasseurs qui les poursuivaient peut-être. Pour les récupérer, l'orphelinat ne se dépenserait pas plus que ce que les deux filles pourraient leur rapporter mais comment prévoir l'avenir alors que les bonnes sœurs voudraient certainement se venger ? Il fallait au minimum que Sophia et Kate restent à l'écart des gardes, et pas seulement parce qu'elles s'étaient évadées.
Après tout, on pendait bien les voleurs à Ashton.
Il faut qu'on arrête d'avoir l'air d'orphelines en cavale ou on ne pourra plus traverser la ville sans que les gens nous regardent et tentent de nous attraper.
Sophia regarda sa sœur, étonnée par cette idée.
Tu veux voler des vêtements ? répondit Sophia par télépathie.
Kate hocha la tête.
Cette pensée fit encore plus peur à Sophia mais cette dernière savait que sa sœur, qui était toujours pragmatique, avait raison.
Elles se levèrent toutes les deux en même temps, se rangeant les gâteaux restants autour de la taille. Alors que Sophia cherchait des vêtements, elle sentit Kate lui toucher le bras. Elle suivit son regard et vit une corde à linge en haut d'un toit. Elle n'était pas surveillée.
Bien sûr que non, comprit-elle avec soulagement. Après tout, qui surveillerait une corde à linge ?
Sophia sentit quand même son cœur battre très fort quand elles grimpèrent sur un autre toit. Elles s'arrêtèrent toutes les deux, regardèrent autour d'elles puis tirèrent sur la corde à linge comme un pêcheur aurait pu tirer sur une corde de pêche.
Sophia vola une robe en laine verte et une combinaison couleur crème qui était probablement le genre de chose qu'une fermière pourrait porter mais qui était quand même trop luxueuse pour elle. A sa grande surprise, sa sœur choisit un maillot de corps, une culotte et un pourpoint qui la faisait plus ressembler à un garçon aux cheveux en pointe qu'à la fille qu'elle était.
“Kate”, se plaignit Sophia, “tu ne peux pas te promener habillée comme ça !”
Kate haussa les épaules. “Nous ne sommes censées ni l'une ni l'autre avoir cet air-là. Autant se sentir à l'aise.”
Ce n'était pas faux. Les lois somptuaires indiquaient clairement ce qu'un niveau donné de la société pouvait et ne pouvait pas porter, et cela s'appliquait aussi aux oubliées et à celles qui étaient liées par contrat synallagmatique. Dans leur situation actuelle, les deux filles enfreignaient encore plus de lois en rejetant leurs haillons, les seuls vêtements qu'elles avaient le droit de porter, et en s'habillant au-dessus de leur rang.
“D'accord”, dit Sophia. “Je ne discuterai pas. De plus, si quelqu'un recherche deux filles, il ne fera peut-être pas attention à nous”, dit-elle en riant.
“Je ne ressemble pas à un garçon”, lui répondit sèchement Kate, visiblement indignée.
Sophia sourit à ces mots. Elles récupérèrent leurs gâteaux, les fourrèrent dans leurs nouvelles poches et repartirent ensemble.
Ce qu'il fallait qu'elles fassent ensuite était moins susceptible de les faire sourire; il y avait encore beaucoup de choses qu'il fallait qu'elles fassent pour arriver à survivre. Il fallait d'abord qu'elles trouvent un abri puis qu'elles décident ce qu'elles allaient faire, où elles allaient aller.
Une chose à la fois, se rappela-t-elle.
Elles redescendirent dans les rues et, cette fois-ci, Sophia ouvrit la marche en essayant de trouver un itinéraire pour traverser la section la plus pauvre de la ville car, à son goût, elles étaient encore trop près de l'orphelinat.
Devant, elle vit une série de maisons brûlées qui ne s'étaient visiblement pas remises d'un des incendies