Название | Une Joute de Chevaliers |
---|---|
Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | L'anneau Du Sorcier |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781632917317 |
CHAPITRE UN
Thorgrin se tenait à la proue du navire aux lignes racée, agrippant le bastingage, les cheveux repoussés en arrière par le vent, et il scrutait l’horizon avec une profonde appréhension. Leur bateau, pris aux pirates, naviguait aussi vite que le vent pouvait le porter, Elden, O’Connor, Matus, Reece, Indra et Selese manœuvraient les voiles, Ange debout à ses côtés, et Thor, tout aussi impatient qu’il fût, savait qu’ils ne pouvaient aller plus vite. Pourtant, il le voulait. Après tout ce temps, il était enfin certain que Guwayne était juste là, juste au-delà de l’horizon, sur l’Île de Lumière. Et avec une égale certitude, il sentait que Guwayne était en danger.
Thor ne comprenait pas comment cela était possible. Après tout, la dernière fois qu’il les avait quittés, Guwayne était en sécurité sur l’Île de Lumière, sous la protection d’Argon, un sorcier aussi puissant que son frère. Argon était le sorcier le plus redoutable que Thor ait jamais connu – avait même protégé l’Anneau tout entier – et Thor ignorait comment un quelconque mal pourrait arriver à Guwayne pendant qu’il était sous la garde de Ragon.
À moins qu’il n’y ait un pouvoir là dehors dont Thorgrin n’avait jamais entendu parler, le pouvoir d’un sorcier ténébreux qui pouvait égaler celui de Ragon. Se pouvait-il qu’un domaine existe, une force obscure, un sorcier malfaisant, à propos duquel il ne savait rien ?
Mais pourquoi prendraient-ils son fils pour cible ?
Thor repensa au jour où il avait fui l’Île de Lumière dans une telle précipitation, sous l’influence de son rêve, tellement poussé à quitter ce lieu à l’aube. Rétrospectivement, Thor prit conscience qu’il avait été trompé par une force obscure qui tentait de l’attirer loin de son fils. C’était seulement grâce à Lycoples, qui volait encore en cercle autour de son navire, poussant des cris stridents, disparaissant à l’horizon et revenant, qu’il avait fait demi-tour vers l’Île, se dirigeait finalement dans la bonne direction. Les signes, réalisa Thor, avaient été sous ses yeux pendant tout ce temps. Comment les avaient-ils ignorés ? Quelle force obscure l’induisait-il en erreur pour commencer ?
Thor se remémora le prix qu’il avait dû payer : les démons libérés de l’enfer, la malédiction du seigneur ténébreux, que chacun impliquerait un châtiment sur sa tête. Il savait que plus de fléaux, plus d’épreuves l’attendaient, et il était certain que ceci était l’un d’entre eux. Quels autres tests, se demanda-t-il, le guettaient ? Récupèrerait-il un jour son fils ?
« Ne t’inquiète pas », dit une voix douce.
Thor se tourna et baissa les yeux pour voir Ange tirer sur sa chemise.
« Tout ira bien », ajouta-t-elle avec un sourire.
Thor lui sourit et posa une main sur sa tête, rassuré comme toujours par sa présence. Il en était arrivé à aimer Ange comme sa fille, la fille qu’il n’avait jamais eue. Il était rasséréné par sa présence.
« Et sinon », ajouta-t-elle avec un sourire, « je m’occuperais d’eux ! »
Elle leva fièrement le petit arc qu’O’Connor avait taillé pour elle, et montra à Thor comment elle pouvait le bander. Thor sourit, amusé, tandis qu’elle levait l’arc contre sa poitrine, plaçait en tremblant une flèche de bois, et commençait à tirer sur la corde. Elle libéra la corde, et sa petite flèche de bois s’envola, mal assurée, par-dessus bord et dans l’océan.
« Est-ce que j’ai tué un poisson ? » demanda-t-elle avec excitation tout en courant vers le bastingage, et elle regarda par-dessus avec allégresse.
Thor se tint là, les yeux baissés sur les eaux écumeuses de la mer, et n’en était pas si certain. Mais il sourit quand même.
« Je suis sûr que oui », dit-il, rassurant. « Peut-être même un requin. »
Thor entendit un cri distant, et fut soudain à nouveau sur le qui-vive. Son corps tout entier se figea tandis qu’il saisissait la garde de son épée et regardait au loin sur l’eau, étudiant l’horizon.
Les épais nuages gris s’éclaircirent lentement, et ce faisant, ils révélèrent un horizon qui fit s’arrêter le cœur de Thor : au loin, des panaches de fumée s’élevaient dans le ciel. Alors que plus de nuages disparaissaient, Thor put voir qu’ils provenaient d’une île distante – pas seulement une île quelconque, mais une île avec des falaises escarpées, s’élevant haut vers le ciel, un large plateau au sommet. Une île qu’il ne pouvait confondre avec aucune autre.
L’Île de Lumière.
Thor ressentit une douleur dans sa poitrine en voyant le ciel noir de créatures maléfiques, ressemblant à des gargouilles, décrivant des cercles autour de ce qu’il restait de l’île, tels des vautours, leurs cris perçants emplissant l’air. Il y en avait une armée, et en dessous, l’île tout entière était en feu. Pas un recoin n’était laissé indemne.
« PLUS VITE ! » cria Thor, hurlant dans le vent, tout en sachant que c’était futile. C’était le plus grand sentiment d’impuissance de sa vie.
Mais il ne pouvait rien faire de plus. Il contempla les flammes, la fumée, les monstres sur le départ, entendit Lycoples pousser des cris au-dessus, et il sut qu’il était trop tard. Rien ne pouvait avoir survécu. Tout ce qu’il restait sur l’île – Ragon, Guwayne, n’importe quoi – était sûrement, sans aucun doute, mort.
«