Une Mer De Boucliers . Морган Райс

Читать онлайн.
Название Une Mer De Boucliers
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632915177



Скачать книгу

leurs deux cœurs étaient morts un peu, à l’intérieur. Longtemps, Reece s’était demandé s’il la reverrait un jour. Il savait qu’elle avait ressenti la même chose.

      Un jour, elle avait cessé de lui écrire. Sans doute, quelqu’un avait intercepté ses lettres, mais Reece ne pouvait en être sûr. Il suspectait que ses courriers, eux aussi, ne parvenaient plus à leur destinataire. Un jour, il s’était obligé à bannir tout souvenir d’elle de ses pensées. Cela n’empêchait pas son image de surgir de temps à autre. Il n’avait jamais vraiment cessé de se demander ce qu’elle était devenue. Pensait-elle à lui, de temps en temps ? S’était-elle mariée ?

      La revoir aujourd’hui avait fait ressurgir son tourment. Il semblait encore frais dans le cœur de Reece, brûlant, comme s’ils n’avaient jamais été séparés. Elle était plus âgée, plus ronde, plus belle, si c’était possible. Elle était devenue une femme. Son regard était aussi perçant que dans ses souvenirs. Reece y devinait son amour et se sentait transporté à l’idée qu’elle ressentait la même chose que lui.

      Reece voulut penser à Selese. Il lui devait au moins ça, mais cela semblait impossible.

      Il s’avança jusqu’au bord de la montagne, aux côtés de Stara, sans savoir que dire. Comment combler le vide laissé par des années d’éloignement ?

      — J’ai appris que tu allais bientôt te marier, dit enfin Stara.

      Reece sentit son estomac se nouer. Penser à ses noces le faisait toujours frétiller d’impatience mais ces mots sortis de la bouche de Stara le heurtaient comme un coup de poignard. Il avait l’impression de l’avoir trahie.

      — Je suis désolée, répondit-il.

      Que dire de plus ? Il voulait ajouter : Je ne l’aime pas. C’était une erreur. Je veux tout recommencer. C’est toi que je veux épouser.

      Mais il aimait vraiment Selese. Il ne pouvait se le cacher. Il éprouvait pour elle un amour différent, peut-être pas aussi intense que la passion qu’il ressentait pour Stara. Reece ne savait plus que penser… Lequel de ses sentiments était le plus fort ? Pouvait-on comparer deux amours ? L’amour ne se suffisait-il pas à lui-même ? Pouvait-il être plus ou moins fort ?

      — Tu l’aimes ? demanda Stara.

      Reece prit une grande inspiration, noyé dans une tempête d’émotions. Que répondre ? Ils marchèrent encore un instant, le temps que Reece rassemble ses pensées. Enfin, il dit d’une voix angoissée :

      — Oui. Je ne peux le nier.

      Pour la première fois, il prit la main de Stara. Elle se tourna vers lui.

      — Mais je t’aime aussi, ajouta-t-il.

      Les yeux de Stara s’emplirent d’espoir.

      — Tu m’aimes plus qu’elle ? demanda-t-elle.

      Reece y réfléchit longuement.

      — Je t’ai aimée toute ma vie, dit-il enfin. Tu es le seul visage de l’amour que je connaisse. Tu es ce que représente l’amour à mes yeux. J’aime Selese mais, avec toi… Tu fais comme partie de moi. La moitié de mon âme. Quelque chose dont je ne peux me séparer.

      Stara sourit. Elle prit sa main et poursuivit sa promenade à ses côtés, un petit sourire aux lèvres.

      — Tu n’imagines pas combien de nuits j’ai passé à me languir de toi, avoua-t-elle en détournant le regard. Mes mots emportés sur les ailes des faucons subtilisés par mon père. Après la dispute, je n’ai pas pu t’écrire. J’ai essayé de m’embarquer sur un bateau une fois ou deux, mais en vain.

      Ses propos bouleversaient Reece. Il n’aurait jamais cru que… Il s’était toujours demandé ce que Stara avait bien pu penser de lui, après la dispute de leurs deux familles. En entendant ces mots, il sentait une nouvelle vague d’amour le pousser vers elle. Il n’avait donc pas été la seule âme déchirée par cette terrible nuit. Il n’était pas fou. Le lien qui les unissait était bien réel.

      — Et je n’ai jamais cessé de rêver de toi, répondit Reece.

      Ils atteignirent enfin le sommet du pic et s’arrêtèrent, le regard tourné vers les Isles Boréales. De ce point de vue, ils pouvaient voir au-delà de l’archipel, au-delà de la brume s’élevant des vagues, jusqu’à la flotte de Gwendolyn entre les récifs.

      Ils restèrent silencieux longtemps, leurs mains nouées entre leurs deux corps, savourant l’instant. Savourant le fait d’être ensemble, enfin, après toutes ses années, après que la vie et les gens aient tout tenté pour les séparer.

      — Enfin, nous voilà… Et pourtant, nous nous retrouvons le jour où tu es le plus loin de moi, prêt à te marier. Il faut croire que ce n’est pas notre destin d’être ensemble.

      — Mais je suis là, répondit Reece. Peut-être que le destin essaye de nous dire quelque chose ?

      Elle serra sa main et Reece serra la sienne. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il se sentait perdu, comme jamais auparavant. Était-ce sa destinée ? Était-il écrit qu’il rencontrerait Stara juste avant son mariage, pour l’empêcher de commettre une terrible erreur ? Le destin essayait-il de les rapprocher à nouveau, après tout ce temps ?

      Il ne pouvait s’empêcher de le croire. Leur rencontre ressemblait à un signe du destin. Peut-être sa dernière chance avant de se marier…

      — Ceux que le destin réunit, l’homme ne peut les séparer, dit Stara.

      Ses mots trouvèrent un écho dans le cœur de Reece, qui plongea son regard dans le sien, comme hypnotisé.

      — Tant d’événements ont essayé de nous éloigner l’un de l’autre, dit Stara. Nos clans. Nos pays. Un océan. Le temps… Mais rien de tout cela n’a pu nous séparer. Les années ont passé, mais notre amour brûle toujours. Est-ce une coïncidence que tu m’aperçoives avant ton mariage ? Le destin veut nous dire quelque chose. Il n’est pas trop tard.

      Reece se tourna vers elle, le cœur battant. Les yeux translucides de Stara réfléchissaient la couleur du ciel et de l’océan, remplis d’amour. Il ne savait plus que faire… Il n’arrivait plus à penser.

      — Peut-être que je devrais annuler mes noces, dit-il.

      — Ce n’est pas à moi de te le dire, répondit-elle. Tu dois trouver la réponse dans ton cœur.

      — Ici et maintenant, mon cœur me dire que tu es la seule femme que j’aime. La seule que j’ai jamais aimée.

      Elle plongea son regard sincère dans le sien.

      — Je n’en ai jamais aimé un autre, dit-elle.

      Reece ne put se retenir : il pencha la tête et ses lèvres trouvèrent celles de Stara. Le monde disparut autour d’eux, remplacé par l’amour, quand elle répondit à son baiser.

      Ils s’embrassèrent jusqu’à en avoir le souffle coupé. Reece comprit alors, malgré toutes les protestations de sa raison, qu’il ne pourrait jamais épouser une autre femme que Stara.

      CHAPITRE QUATRE

      Gwendolyn se tenait sur un pont doré. Agrippée à la rambarde, elle se penchait par-dessus bord pour apercevoir les bouillons furieux de la rivière sous ses pieds. Les rapides grondaient et les vagues s’élevaient de plus en plus haut. Elle sentait déjà les gouttes mouiller ses jambes.

      — Gwendolyn, mon amour.

      Gwen se retourna et vit Thorgrin debout sur la rive, environ six mètres plus loin. Il souriait et tendait la main vers elle.

      — Viens à moi, supplia-t-il. Traverse la rivière.

      Soulagée de le voir, Gwen commença à marcher vers lui, mais une petite voix douce