Название | Héroïne, Traîtresse, Fille |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | De Couronnes et de Gloire |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781640291010 |
Sauf si nous l'en empêchons, se dit Akila.
Sa flotte ne serait peut-être pas celle qui arrêterait l'ennemi. Peut-être ne pourraient-ils espérer que ralentir et affaiblir l'armée d'invasion, mais ça pourrait peut-être suffire. S'ils pouvaient faire gagner du temps à Ceres, elle parviendrait peut-être à trouver le moyen de vaincre les ennemis survivants. Avec ses pouvoirs, Akila l'avait vue faire des choses plus impressionnantes que ça.
Peut-être attaquerait-elle toute l'armée de Felldust pour les tirer hors d'affaire.
Akila allait probablement mourir ici. Si cela permettait de sauver Delos, cela en vaudrait-il la peine ? Telle n'était pas la question. Si cela permettait de sauver la population locale et celle de Haylon, cela en vaudrait-il la peine ? Oui, pour Akila, ça en vaudrait vraiment la peine. Des hommes comme ceux de Felldust ne se contenteraient pas de ce qu'ils avaient. Ils s'attaqueraient à Haylon dès qu'ils auraient fini de conquérir Delos. Si son sacrifice permettait de sauver les fermiers de l'île, Akila voulait bien se sacrifier mille fois.
Il regarda la flotte ennemie avancer sur l'eau et parla à voix basse.
“Tu m'es redevable, Thanos”, dit-il. Le prince lui était redevable pour être venu à Delos et pour ne pas l'avoir tué à Haylon. La vie d'Akila aurait probablement été beaucoup plus simple s'il l'avait tué.
En voyant devant lui la flotte ennemie, Akila se dit que sa vie aurait également pu durer plus longtemps.
“Bon !” cria-t-il. “A vos places, les gars ! On a une bataille à gagner !”
CHAPITRE DEUX
Assis à la proue de son vaisseau amiral, Irrien ressentait à la fois satisfaction et anticipation, de la satisfaction parce que sa flotte avançait exactement comme il l'avait ordonné et de l'anticipation à cause de tout ce qui allait se passer par la suite.
Autour de lui, la flotte glissait dans un silence quasi-total, comme il l'avait ordonné quand ils avaient commencé à longer la côte. Elle était aussi silencieuse que des requins qui fonçaient vers leur proie, que le moment qui suivait la mort d'un homme. A ce moment-là, Irrien était l'éclat de lumière sur la pointe d'une lance et le reste de sa flotte le suivait comme sa pointe élargie.
Sa chaise n'était pas la chaise en pierre noire sur laquelle il s'asseyait à Felldust mais un objet plus léger fabriqué avec les os de créatures qu'il avait tuées. Les fémurs d'un rôdeur des ténèbres formaient le dossier et des os de doigts humains étaient intégrés aux accoudoirs. Il avait recouvert la chaise de la fourrure d'animaux qu'il avait chassés. C'était une autre leçon qu'il avait apprise : en temps de paix, un homme devait mettre en valeur sa courtoisie et, en temps de guerre, sa cruauté.
Pour prouver sa cruauté, Irrien tira sur une chaîne reliée à sa chaise. L'autre extrémité de la chaîne servait d'entrave à un des guerriers de cette soi-disant rébellion, qui avait préféré s'agenouiller que mourir à la guerre.
“On arrive bientôt”, dit-il.
“Ou-oui, mon seigneur”, répondit l'homme.
Irrien tira à nouveau sur la chaîne. “Ne parle que quand on te le demande.”
L'homme se mit à implorer maladroitement la clémence d'Irrien, qui l'ignora. Il préféra regarder devant lui, bien qu'il ait disposé son bouclier pour que sa surface en métal lui révèle l'approche d'éventuels assassins par derrière.
Un homme sage faisait toujours ces deux choses. Les autres pierres de Felldust pensaient probablement qu'Irrien était fou de partir pour ce pays sans poussière pendant qu'eux y restaient. Ils pensaient probablement qu'il n'était pas au courant de leurs intrigues et de leurs machinations.
Irrien sourit encore plus quand il pensa à la tête qu'ils feraient quand ils se rendraient compte de ce qui se passait vraiment. Il ressentit encore plus de plaisir quand il se tourna vers la côte et y vit les feux qui y naissaient subitement à mesure que ses bandes de pilleurs débarquaient. D'habitude, Irrien détestait le gaspillage que représentait l'incendie des bâtiments mais, en temps de guerre, ces incendies étaient une arme utile.
Non, l'arme véritable, c'était la peur. Le feu et la menace silencieuse n'étaient que les moyens de l'aiguiser. La peur était une arme aussi puissante qu'un poison lent, aussi dangereuse qu'une épée. La peur pouvait pousser un homme fort à s'enfuir ou à se rendre sans se battre. La peur pouvait pousser les ennemis à faire de mauvais choix, à charger par bravade irréfléchie ou à se recroqueviller sur eux-mêmes quand il aurait fallu qu'ils se battent. La peur transformait les hommes en esclaves, les figeait sur place même quand ils étaient plus nombreux.
Irrien n'était pas arrogant au point de croire qu'il n'aurait jamais peur mais sa première bataille ne lui avait pas fait ressentir la peur telle que les hommes en parlaient, et sa cinquantième bataille non plus. Il s'était battu contre des hommes sur des sables brûlants et sur les pavés des ruelles et, même s'il avait ressenti de la colère, de l'excitation, même du désespoir, il n'avait jamais ressenti la peur que ressentaient les autres hommes. C'était en partie grâce à cela qu'il prenait aussi facilement ce qu'il voulait.
Ce qu'il voulait se manifesta presque aussi brusquement que si la pensée d'Irrien l'avait invoqué : à force de coups de rames, le port de Delos lui apparut. Il avait attendu ce moment avec impatience mais ce n'était pas celui dont il avait rêvé. Son rêve ne deviendrait réalité que quand il aurait remporté la victoire et dérobé tout ce qui en valait la peine.
En dépit de sa renommée, la cité était basse et puante comme toutes les cités humaines. Elle n'avait ni la grandeur de la poussière infinie ni la beauté rude des choses fabriquées par les Anciens. Comme avec toutes les cités, quand on rassemblait assez de gens dans trop peu d'espace, cela mettait en valeur leur vraie bassesse, leur cruauté et leur laideur. Aucune belle maçonnerie quelle qu'elle soit ne pouvait le cacher.
Cependant, l'Empire dont elle formait le pilier valait la peine d'être conquis. Irrien se demanda brièvement si les autres pierres avaient compris l'erreur qu'ils avaient faite en ne se joignant pas à lui. Leur simple occupation des chaises de pierre montrait leur ambition et leur pouvoir, leur ruse et leur capacité à profiter des intrigues politiques.
Et pourtant, malgré ça, ils avaient quand même pensé que le jeu n'en valait pas la chandelle. Ils avaient pensé que ce n'était qu'un raid glorifié, alors que ce pouvait être tellement plus que ça. Une flotte de cette taille n'avait pas fait le voyage que pour ramener de l'or et des lignes d'esclaves, même si elle ramènerait les deux. Elle était venue prendre, tenir et s'installer. Qu'était l'or par rapport aux terres fertiles, libres de cette poussière sans fin ? Pourquoi ramener des esclaves dans un pays dévasté par les guerres des Anciens alors qu'on pouvait aussi prendre la terre sur laquelle ils vivaient ? Et qui serait sur place pour s'assurer d'obtenir la part la plus grande de cette nouvelle terre ?
Pourquoi piller et repartir quand on pouvait faire table rase de ce qu'il y avait et s’installer ?
Cela dit, il y avait d'abord des obstacles à surmonter. Devant la cité se tenait une flotte, en supposant qu'elle mérite le nom de flotte. Irrien se demanda si les vaisseaux éclaireurs que ces derniers avaient envoyés étaient déjà rentrés, s'ils avaient vu ce qui les attendait. Même s'il ne ressentait pas la peur de la bataille, Irrien savait comment l'encourager chez les hommes les plus faibles.
Il se leva pour mieux voir et pour que ceux qui le regardaient depuis la côte puissent voir qui avait ordonné cette attaque. Seul ceux qui avaient la meilleure vue parviendraient à le distinguer mais il voulait qu'ils comprennent que c'était sa guerre, sa flotte et que, bientôt, ce serait sa cité.
Il discerna les préparations que les défenseurs commençaient à entreprendre, les petits bateaux qui seraient bientôt et sans doute mis à feu, la façon dont la flotte formait des