Название | Héroïne, Traîtresse, Fille |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | De Couronnes et de Gloire |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781640291010 |
“Tu penses que je n'y ai pas réfléchi ?” rétorqua Stephania. “Les citoyens de Felldust sont indisciplinés. Felldust ne peut pas se permettre de faire attendre ses soldats, d'assiéger un château qu'ils ne peuvent pas prendre. Au bout de quelques semaines ou même avant, ils se battraient entre eux. Il faudra qu'ils négocient.”
“Et vous pensez qu'ils seront honnêtes avec vous ?” demanda Ceres.
Parfois, elle trouvait l'arrogance dont faisait preuve Stephania tout juste crédible.
“Je ne suis pas une idiote”, dit Stephania. “Pour la première rencontre, une de mes servantes prendra ma place. Donc, s'ils essaient de nous trahir, j'aurai le temps de fuir la cité par les tunnels. Après ça, je te présenterai, à genoux et enchaînée, à la Première Pierre Irrien. Tu serviras d'offrande et nous entamerons des négociations de paix. Qui sait ? Peut-être la Première Pierre Irrien acceptera-t-il … d'unir nos deux nations. Je me dis que je pourrais faire beaucoup de choses avec quelqu'un comme lui.”
Ceres secoua la tête à cette idée. Elle refuserait toujours de s'agenouiller, que ce soit à l'ordre de Stephania ou à celui d'un autre noble quel qu'il soit. “Vous pensez que je vais vous donner la satisfaction —”
“Je pense que je n'ai pas à attendre que tu me donnes quoi que ce soit”, répondit sèchement Stephania. “Je peux te prendre tout ce que je veux, même la vie. Dans ce qui arrivera, souviens-toi que, si ce n'avait pas été pour cette guerre, je t'aurais témoigné de la pitié et me serais contentée de te tuer.”
La façon dont Stephania envisageait la pitié avait l'air aussi étrange que sa façon d'envisager toutes les autres choses du monde.
“Que vous est-il arrivé ?” lui demanda Ceres. “Qu'est-ce qui vous a rendue comme ça ?”
Stephania lui répondit avec un sourire. “J'ai vu le monde comme il était et, maintenant, à mon avis, le monde va te voir comme tu es. Comme je ne peux pas te tuer, je vais détruire le symbole que tu as décidé d'incarner. Tu vas te battre pour moi, Ceres, à de nombreuses reprises et sans la force qui suggérait au peuple que tu étais extraordinaire. Entre temps, nous allons trouver des moyens de te faire souffrir encore plus.”
Cela ne semblait guère différent de ce que Lucious ou les membres de la famille royale avaient essayé de faire.
“Vous ne me briserez pas”, lui promit Ceres. “Je ne vais pas m'effondrer et vous supplier pour vous amuser ou pour satisfaire votre pitoyable vengeance, quel que soit le nom que vous lui donnez.”
“Si, tu vas le faire”, lui promit Stephania à son tour. “Tu vas t'agenouiller devant la Première Pierre de Felldust et le supplier de te prendre comme esclave. Je vais m'en assurer.”
CHAPITRE SIX
Felene avait volé beaucoup de bateaux dans sa vie et elle fut contente quand elle constata que ce bateau-ci était de grande qualité. Ce n'était pas guère plus qu'un skiff mais il voguait très bien, semblait réagir à la vitesse de l'éclair, comme une extension d'elle-même.
“Il lui faudrait plus de trous”, dit Felene en bougeant pour écoper de l'eau qui s'était invitée à bord. Même un effort aussi anodin lui faisait mal et, la fois où elle avait dû ramer parce que le vent avait arrêté de souffler …
Felene grimaça rien qu'en y pensant.
Elle toucha prudemment sa blessure, bougea le bras dans toutes les directions pour s'étendre les muscles du dos. Il y avait des mouvements où il lui semblait presque pouvoir ignorer son existence, mais il y en avait d'autres —
“Malédiction !” jura Felene quand une douleur incandescente la traversa brusquement.
Ce qu'il y avait de pire, c'était que chaque douleur subite lui rappelait le moment où elle s'était faite poignarder, où elle avait regardé Elethe dans les yeux pendant que Stephania la poignardait par derrière. Chaque douleur physique lui faisait aussi ressentir l'agonie de la trahison. Elle avait osé croire …
“Quoi ?” demanda Felene. “Que tu finirais par vivre heureuse ? Que tu t'en irais avec une princesse et une belle fille et que le monde te laisserait en paix ?”
C'était stupide d'imaginer ça. Le monde n'offrait pas les fins heureuses qu'on trouvait dans les contes des bardes. Certainement pas pour une voleuse comme elle. Quoi qu'il arrive, il y aurait toujours autre chose à voler, que ce soit un bijou, une tranche de la carte ou le cœur d'une fille qui s’avérerait alors être une …
“Suffit”, se dit Felene, mais c'était plus difficile que ça en avait l'air. Certaines blessures refusaient de guérir.
D'ailleurs, sa blessure physique n'avait toujours pas guéri. Elle l'avait recousue aussi bien que possible sur la plage mais commençait à s'inquiéter du trou que le couteau de Stephania lui avait fait dans le dos. Elle souleva sa chemise assez haut pour le tremper dans l'eau de mer et serra les dents contre la douleur en le nettoyant.
Felene avait déjà été blessée et cette blessure-là semblait en être une mauvaise. Elle avait vu des blessures de ce type chez d'autres personnes et, en général, les personnes en question avaient mal fini. Il y avait eu ce guide d'escalade qu'un léopard des neiges avait attaqué à coups de griffes quand Felene avait essayé de dévaliser un des temples des morts. Il y avait eu l'esclave que Felene avait sauvée sur un coup de tête après que son maître l'avait fouettée jusqu'au sang mais elle n'avait pu que la regarder dépérir et mourir. Il y avait eu ce joueur qui avait insisté pour rester à la table de jeu même après s'être coupé la main sur un éclat de verre.
Felene savait que la chose qu'il faudrait qu'elle fasse maintenant serait repartir d'où elle venait, chercher un guérisseur et se reposer le temps qu'il faudrait pour retrouver son état antérieur. Évidemment, à ce stade, l'invasion serait probablement terminée et toutes les personnes concernées seraient parties par monts et par vaux, mais Felene irait bien à nouveau et serait libre de s'en aller où elle le voudrait.
Après tout, l'issue de l'invasion comptait assez peu pour elle. Elle était une voleuse. Il y aurait toujours des choses à voler et il y aurait toujours des gens qui voudraient la traquer. Il y en aurait même probablement plus à la suite d'une guerre, quand les choses avaient tendance à échapper un peu au contrôle et qu'il y avait toujours des brèches où un homme assez rusé saurait s'engouffrer.
Elle pouvait repartir à Felldust, se reposer puis se trouver une nouvelle aventure. Elle pouvait partir à la recherche d'îles perdues depuis longtemps ou se diriger vers les terres où la glace se refermait sur tout comme un poing. Il y aurait peut-être des trésors et de la violence, des femmes et à boire, toutes ces choses qui avaient eu tendance à être les ingrédients du cocktail de sa vie jusqu'à présent.
Ce qui la poussait à garder le gouvernail du petit bateau orienté vers Delos était simple : c'était là où seraient Stephania et Elethe. Stephania lui avait menti sur Thanos. Elle s'était servie d'elle pour aller à Felldust, puis elle avait essayé de la tuer. Pire que ça, elle avait essayé de tuer Thanos, même si les rumeurs qui circulaient à Felldust laissaient entendre qu'il avait au moins survécu jusqu'à la prise de la cité par la rébellion.
Felene considérait qu'elle ne pouvait pas pardonner à Stephania ce qu'elle avait fait. Felene avait laissé beaucoup d'ennemis derrière elle quand elle était partie en mer, mais elle n'aimait pas que les gens ne paient pas leurs dettes. Un jour, elle s'était battue en duel à Oakford pour une insulte et, une autre fois, elle avait traqué un serrurier sur la moitié des Grasslands parce qu'il avait essayé de lui voler sa part de butin.
Stephania allait mourir pour ce qu'elle avait fait. Quant à Elethe …
De beaucoup de façons, cette trahison