Raison de Craindre . Блейк Пирс

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Название Raison de Craindre
Автор произведения Блейк Пирс
Жанр Современные детективы
Серия Un Polar Avery Black
Издательство Современные детективы
Год выпуска 0
isbn 9781640291386



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la salle de bain attenante. Il entra dans cette dernière et se lava les mains avec l'efficacité d'un chirurgien. Il regarda ensuite dans le miroir et fixa son visage - un visage qu'il considérait parfois comme celui d'un monstre.

      Il y avait des dégâts irréparables sur le côté gauche de son visage. Ils commençaient juste sous son œil et descendaient jusqu'à sa lèvre inférieure. Même si la plupart de la peau et des tissus avaient été sauvés dans sa jeunesse, il y avait des cicatrices et des décolorations permanentes de ce côté-là du visage. Sa bouche semblait toujours figée dans un rictus perpétuel, elle aussi.

      À l'âge de trente-neuf ans, il avait cessé de se préoccuper de son apparence épouvantable. C'était la main à laquelle il avait eu affaire. Une mère pourrie avait abouti à une épave défigurée. Mais ça allait…il œuvrait pour arranger ça. Il regarda le reflet mutilé dans le miroir et sourit. Cela pourrait prendre des années pour le résoudre, mais ça allait.

      « Les hamsters ne coûtent que cinq dollars pièce », dit-il dans la salle de bain vide. « Et ces jolies étudiantes de l'université ne sont qu'à dix centimes la douzaine. »

      Il a effectué quelques lectures, principalement sur les forums d'infirmières praticiennes et d'étudiants en médecine. Il pensait que si l'expérience avec le hamster devait fonctionner, il fallait que les coussins chauffants soient allumés pendant environ quarante minutes. Ce serait une décongélation lente, qui ne perturberait ou ne choquerait pas trop le cœur gelé.

      Il passa ces quarante minutes à regarder les nouvelles. Il saisit quelques rapides interventions sur Patty Dearborne. Il apprit que Patty allait à l'Université de Boston et aspirait à devenir conseillère. Elle avait eu un petit ami et avait actuellement des parents aimants qui la pleuraient. Il vit les parents à la télévision, se serrant l'un l'autre et pleurant tout en parlant aux médias.

      Il éteignit la télévision et alla dans la cuisine. L'odeur du hamster en cour de décongélation commençait à remplir la pièce…une odeur à laquelle il ne s'attendait pas. Il courut vers le petit corps et écarta les coussins chauffants en les jetant.

      La fourrure était roussie et le ventre précédemment gelé légèrement carbonisé. Il balaya le minuscule corps de fourrure. Quand ce dernier tomba sur le sol de la cuisine avec de petites volutes de fumée qui se dégageaient de sa peau, il cria.

      Il tempêta dans l'appartement pendant un moment, furieux. Comme c'était habituellement le cas, sa colère et sa rage absolue étaient mû par des souvenirs d'un brûleur de four…flamboyant dans ses souvenirs d'enfance avec l'odeur de la chair brûlée.

      Ses cris se réduisirent en une moue et des sanglots en cinq minutes. Ensuite, comme si rien d'inhabituel n'était arrivé, il alla dans la cuisine et ramassa le hamster. Il le jeta aux ordures comme s'il s'agissait simplement d'un déchet et se lava les mains dans l'évier de la cuisine.

      Il était en train de fredonner quand il eut terminé. Quand il prit ses clés au crochet à côté de la porte, il fit courir sa main libre le long de la cicatrice sur le côté gauche de son visage, par habitude. Il ferma la porte, la verrouilla, et descendit dans la rue. Là, au milieu d'un matin d'hiver absolument magnifique, il entra dans sa camionnette rouge et prit la route.

      Presque avec désinvolture, il se regarda dans le rétroviseur.

      Ce rictus permanent était toujours là, mais il ne le laissa pas le décourager.

      Il avait du travail à faire.

      ***

      Sophie Lentz en avait terminé avec ces affaires de fraternité. D'ailleurs, elle en avait aussi fini avec cette fichue université.

      Vaniteuse ou non, elle savait ce dont elle avait l'air. Il y avait des filles plus jolies qu'elle, bien sûr. Mais elle avait eu ce côté latin pour elle, les yeux foncés et les cheveux noirs corbeau. Elle pourrait aussi prendre ou non l'accent quand elle en avait besoin. Elle était née en Amérique, avait été élevée en Arizona, mais selon sa mère, le côté latin ne l'avait jamais quittée. Le côté latin n'avait jamais quitté ses parents non plus...pas même quand ils s'étaient installés à New York la semaine après que Sophie ait été acceptée à Emerson.

      C'était plus manifeste dans son apparence plutôt que dans son attitude et sa personnalité, cependant. Et alors, ça avait fonctionné pour elle dans l'Arizona. Honnêtement, ça avait aussi marché pour elle à l'université. Mais seulement pour sa première année. Elle avait alors expérimenté, mais pas autant que sa mère le pensait probablement. Et apparemment, le mot était passé : il ne fallait pas beaucoup d'encouragements à Sophie Lentz pour la mettre dans son lit et quand elle a atterrissait dans votre lit, il fallait attacher sa ceinture car elle était un feu d'artifice.

      Elle imaginait qu'il y avait pire comme mauvaise réputation. Mais ce soir, ça lui avait explosé au visage. Un gars – elle pensait que son nom était Kevin – avait commencé à l'embrasser et elle l'avait laissé faire. Mais quand ils avaient été seuls et qu'il avait refusé d'accepter son refus comme réponse...

      La main droite de Sophie était encore douloureuse. Il y avait encore un peu de sang sur les jointures de ses doigts. Elle l'essuya sur son jean moulant, en se rappelant du bruit du nez de ce connard s'écrasant contre son poing. Elle était furieuse mais, au fond d'elle-même, se demandait si elle l'avait en quelque sorte mérité. Elle ne croyait pas au karma, mais peut-être le rôle de diablesse qu'elle avait joué au cours du dernier semestre la rattrapait-il. Peut-être récoltait-elle ce qu'elle avait semé.

      Elle marchait dans les rues qui traversaient l'Université d'Emerson, en direction de son appartement. Sa camarade de chambre, modèle de vertu, serait sans doute en train d'étudier pour une évaluation quelconque le lendemain, donc au moins elle ne serait pas seule.

      Elle était à trois pâtés de maisons de son appartement quand elle a commença à éprouver une étrange sensation. Elle regarda derrière elle, certaine d'être suivie, mais il n'y avait personne. Elle pouvait voir les formes des gens dans un petit café à quelques mètres derrière elle, mais c'était tout. Elle avait une pensée fugace et agacée à propos ce type d'idiots qui buvaient du café à onze heures et demi du soir avant de se remettre à marcher, fulminant toujours contre Kevin ou peu importait le nom du gars.

      Droit devant à un feu rouge, quelqu'un diffusait un hip-hop terrible dans un vacarme assourdissant. Le pare-chocs arrière de la voiture faisait un bruit de ferraille et les basses étaient calamiteuses. Tu es vraiment une garce ce soir, n'est-ce pas championne?, se dit-elle en son for intérieur.

      Elle regarda sa main droite légèrement enflée et sourit. "Oui. Oui je le suis."

      Le temps qu'elle a atteigne l'intersection où la voiture tonitruante s'était trouvée, le feu avait changé et la voiture avait démarré. Elle tourna à droite à l'intersection et l'immeuble de son appartement apparut. Encore une fois, toutefois, elle éprouva cette sensation insidieuse. Elle se retourna pour regarder derrière elle et encore une fois, il n'y avait rien. Un peu plus loin dans la rue, un couple marchait main dans la main. Il y avait plusieurs voitures garées au bord de la voie et une camionnette rouge se dirigeait vers le feu rouge qu'elle venait de dépasser.

      Peut-être était-elle simplement paranoïaque parce qu'un loser avait dans le fond essayé de la violer. Ça plus l'adrénaline qui coulait en elle, c'était une combinaison malsaine. Elle avait juste besoin de rentrer chez elle, se laver et se coucher. Ce comportement de fêtarde imbécile devait cesser.

      Elle s'approchait de son appartement, espérant vraiment que sa colocataire ne soit pas à la maison. Elle poserait des tonnes questions pour savoir pourquoi elle rentrait si tôt. Elle le faisait parce qu'elle était curieuse et n'avait pas sa propre vie... pas parce qu'elle s'en souciait vraiment.

      Elle monta les marches du bâtiment. Quand elle ouvrit la porte et entra, elle regarda de nouveau dans la rue, éprouvant encore une fois cette sensation d'être observée. Les rues étaient cependant vides ; la seule chose qu'elle vit était un couple qui s’embrassait furieusement sur le côté d'un