Название | Une Forge de Bravoure |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Зарубежное фэнтези |
Серия | Rois et Sorciers |
Издательство | Зарубежное фэнтези |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781632914620 |
“Pourquoi ?” insista-t-elle en ramant avec fureur. Elle voulait absolument savoir.
“Parce que mon ami avait beaucoup d'admiration pour toi”, dit Marco, “et que ça me suffit.”
Dierdre rama plus vite dans les méandres du canal et elle se mit à penser à Alec. Il l'avait tellement déçue. Il les avait tous abandonnés, avait quitté Ur avec cet étranger mystérieux avant l'invasion. Pourquoi ? Elle n'avait pas de réponse. Il avait été tellement dévoué à la cause, à la forge et elle avait été sûre qu'il serait le dernier à s'enfuir quand on aurait besoin de lui. Pourtant, il s'était enfui au moment où tout le monde avait le plus besoin qu'il reste.
Cela poussait Dierdre à ré-examiner ce qu'elle ressentait pour Alec, qu'elle connaissait à peine, après tout, et ça l'incitait à plus s'intéresser à son ami Marco, qui s'était sacrifié pour elle. Elle se sentait déjà très liée à lui. Alors que les boulets continuaient à siffler au-dessus de sa tête et que les bâtiments continuaient à exploser et à s'effondrer tout autour d'eux, Dierdre se demandait si Marco savait vraiment dans quoi il s'engageait. Savait-il que, s'il se joignait à elle et retournait au cœur du chaos, ce serait un voyage sans retour ?
“Nous allons vers la mort, tu sais”, dit-elle. “Mon père et ses hommes sont sur cette plage, au-delà de ce mur de décombres, et je compte le trouver et me battre à ses côtés.”
Marco hocha la tête.
“Croyais-tu que j'étais revenu dans cette cité pour vivre ?” demanda-t-il. “Si je voulais m'enfuir, j'avais ma chance.”
Satisfaite et touchée par sa force, Dierdre continua à ramer et ils poursuivirent tous les deux leur route en silence en évitant les chutes de débris et en se rapprochant toujours plus de la rive.
Finalement, ils tournèrent à un coin et, au loin, elle repéra le mur de décombres où elle avait vu son père la dernière fois et, juste au-delà du mur, les hauts navires noirs. Elle savait que la plage où il combattait les Pandésiens se trouvait de l'autre côté et elle ramait de toutes ses forces, dégoulinante de sueur, impatiente de le retrouver à temps. Elle entendit les sons de la bataille, des hommes qui gémissaient de douleur, mouraient, et elle pria pour qu'il ne soit pas trop tard.
Dès que leur bateau eut atteint le bord du canal, elle en sortit d'un bond en le faisant tanguer, suivie par Marco, et fonça vers le mur. Elle escalada les énormes blocs de pierre en s'éraflant les coudes et les genoux sans s'en préoccuper. A bout de souffle, elle grimpa sans relâche en glissant sur les pierres. Elle ne pensait qu'à son père et au besoin qu'elle avait d'atteindre l'autre côté, sans comprendre que ces tas de décombres avaient autrefois été les grandes tours de Ur.
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule quand elle entendit les cris. De cet endroit élevé, elle avait une vue panoramique de Ur et fut choquée de voir que la moitié de la cité était en ruine. Les bâtiments étaient renversés et des montagnes de décombres bloquaient les rues, recouverts par des nuages de poussière. Elle voyait la population de Ur fuir dans toutes les directions pour sauver sa peau.
Elle se retourna et poursuivit son ascension dans la direction opposée à celle de la population, car elle voulait se ruer dans la bataille, pas la fuir. Elle atteignit finalement le sommet du mur de cailloux et, quand elle regarda, son cœur s'arrêta de battre. Elle resta figée sur place, incapable de bouger. Ce n'était pas du tout ce à quoi elle s'était attendue.
Dierdre s'était attendue à voir une grande bataille se dérouler en dessous, à voir son père se battre vaillamment entouré par tous ses hommes. Elle comptait pouvoir s'y précipiter et le rejoindre, le sauver, se battre à ses côtés.
Au lieu de cela, ce qu'elle vit lui donna envie de se recroqueviller et de mourir.
Son père était allongé là, le visage dans le sable, gisant dans une mare de sang, une hachette dans le dos.
Mort.
Tout autour de lui gisaient des dizaines de soldats, tous morts, eux aussi. Des milliers de soldats pandésiens sortaient bruyamment des navires comme des fourmis, se dispersaient, recouvraient la plage, poignardaient tous les corps pour s'assurer qu'ils étaient morts. Ils passèrent au-dessus du corps de son père et de celui des autres en se dirigeant vers le mur de décombres, et directement vers elle.
Dierdre regarda vers le bas en entendant un bruit et vit que quelques Pandésiens avaient déjà atteint le mur et l'escaladaient déjà, à moins de dix mètres, en allant directement vers elle.
Pleine de désespoir, d'angoisse et de rage, Dierdre s'avança et jeta sa lance au premier Pandésien qu'elle vit monter. Il leva les yeux, visiblement surpris de voir quelqu'un en haut du mur et ne s'attendant pas à ce que quelqu’un soit assez fou pour affronter une armée d'invasion. La lance de Dierdre lui traversa la poitrine et l'envoya dévaler les cailloux. Il tua plusieurs soldats en tombant.
Les autres soldats se réunirent. Une dizaine d'eux levèrent leur lance et la jetèrent vers elle. Cela se produisait trop rapidement et Dierdre, sans défense, voulait que les lances la transpercent. Elle était prête à mourir, voulait mourir. Elle était arrivée trop tard. En dessous d'elle, son père était mort et maintenant, écrasée par la culpabilité, elle voulait mourir avec lui.
“Dierdre !” cria une voix.
Dierdre entendit Marco à côté d'elle et, un moment plus tard, elle sentit qu'il la saisissait, la tirait violemment vers le bas, vers l'autre côté des décombres. Des lances lui frôlèrent la tête, passèrent à l'endroit même où elle s'était tenue en ne la ratant que de quelques centimètres. Elle retomba en arrière, sur la pile de décombres, avec Marco.
Elle eut terriblement mal quand ils tombèrent tous les deux la tête la première et que les cailloux lui meurtrirent les côtes. La chute lui fit mal, lui fit des bleus et des égratignures partout sur le corps, jusqu'au moment où ils atteignent finalement le bas de la pente.
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