Le Poids de l’Honneur . Морган Райс

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Название Le Poids de l’Honneur
Автор произведения Морган Райс
Жанр Зарубежное фэнтези
Серия Rois et Sorciers
Издательство Зарубежное фэнтези
Год выпуска 0
isbn 9781632914323



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l'homme pour lequel elle avait traversé Escalon, l'homme qui lui révélerait sa destinée, l'homme qui l'entraînerait. C'était le frère de sa mère, son unique lien avec la mère qu'elle n'avait jamais connue.

      Le cœur de Kyra battait fort et impatiemment. L'homme s'avança en dehors de la lumière et elle vit son visage.

      Kyra fut étonnée : il lui ressemblait étrangement. Elle n'avait jamais rencontré personne qui lui ressemble, même pas son père, malgré tous ses espoirs. Elle s'était toujours sentie étrangère à ce monde, déconnectée de toute véritable lignée mais, maintenant, en voyant le visage de cet homme, ses pommettes hautes et ciselées, ses yeux gris étincelants, cet homme grand et fier aux larges épaules, musclé, vêtu d'une armure en cotte de mailles d'or étincelant, avec des cheveux marrons clair qui lui tombaient jusqu'au menton, barbu, peut-être âgé d'une quarantaine d'années, elle se rendit compte qu'il était spécial et que, par extension, cela la rendait spéciale. Pour la première fois de sa vie, elle en avait vraiment l'impression. Pour la première fois, elle se sentait liée à quelqu'un, à une lignée puissante, à quelque chose de plus grand qu'elle-même. Elle avait la sensation d'appartenir au monde.

      Cet homme était visiblement différent. C'était visiblement un guerrier fier et noble, et pourtant, il ne portait pas d'épée, de bouclier, d'arme de quelque sorte que ce soit. A sa grande surprise et à son grand ravissement, il ne portait qu'un seul objet : un bâton doré. Un bâton. Il était exactement comme elle.

      “Kyra”, dit-il.

      Sa voix résonna en elle. C'était une voix très familière, très semblable à la sienne. En l'entendant parler, elle se sentit liée non seulement à lui mais aussi, ce qui la troublait encore plus, à sa mère. C'était le frère de sa mère. C'était l'homme qui savait qui était sa mère. Finalement, elle allait connaître la vérité et il n'y aurait plus de secrets dans sa vie. Bientôt, elle allait tout savoir sur la femme qu'elle avait toujours ardemment voulu connaître.

      Il baissa une main. Elle leva le bras et la prit, debout, les jambes raidies par la longue nuit qu'elle avait passée à attendre devant la tour. C'était une main forte, musclée, et pourtant étonnamment lisse, et il l'aida à se relever. Leo et Andor s'approchèrent de lui et Kyra fut surprise qu'ils ne grognent pas comme d'habitude. Au lieu de ça, ils avancèrent et léchèrent la main à l'homme comme s'ils le connaissaient depuis toujours.

      Puis, à la grande surprise de Kyra, Leo et Andor se mirent au garde-à-vous comme si l'homme le leur avait silencieusement ordonné. Kyra n'avait jamais rien vu de semblable. Quels pouvoirs cet homme avait-il ?

      Kyra n'avait même pas besoin de demander s'il était son oncle : elle le sentait de tout son être. Il était puissant, fier, tout ce qu'elle avait espéré qu'il serait. Il avait aussi autre chose, une chose qui lui échappait. C'était une énergie mystique qui émanait de lui, une aura de calme mais aussi de force.

      “Mon oncle”, dit-elle. Elle aimait le son de ce mot.

      “Tu peux m'appeler Kolva”, répondit-il.

      Kolva. D'une façon ou d'une autre, c'était un nom qui avait l'air familier.

      “J'ai traversé Escalon pour te voir”, dit-elle, mal à l'aise, ne sachant pas quoi dire d'autre. Le silence matinal engloutit ses paroles alors que, dans les plaines désolées, on n'entendait que le bruit du ressac. “Mon père m'a envoyée.”

      Il lui rendit son sourire. C'était un sourire chaleureux et les rides de son visage se regroupèrent comme s'il vivait depuis mille ans.

      “Ce n'est pas ton père qui t'a envoyée”, répondit-il, “mais quelque chose de bien plus grand.”

      Soudain, sans avertissement, il se tourna et commença à s'éloigner de la tour à l'aide de son bâton.

      Kyra le regarda partir, sidérée. Elle ne comprenait pas : l'avait elle offensé ?

      Elle se dépêcha de le rattraper, suivie par Leo et Andor.

      “La tour”, dit-elle, perplexe. “On n'y entre pas ?”

      Il sourit.

      “Une autre fois, peut-être”, répondit-il.

      “Mais je croyais qu'il fallait que j'arrive jusqu'à la tour.”

      “Tu l'as fait”, répondit-il. “Mais ta mission n'était pas d'y entrer.”

      Elle se creusa la cervelle pour comprendre mais il marchait rapidement, entrait dans la forêt et elle se dépêcha de le rattraper. Son bâton claquait sur la terre et les feuilles, comme le sien.

      “Dans ce cas, où allons-nous nous entraîner ?” demanda-t-elle.

      “Tu t'entraîneras là où s'entraînent tous les grands guerriers”, répondit-il. Il regarda vers l'avant. “Dans les bois qui se trouvent au-delà de la tour.”

      Il entra dans les bois. Bien qu'il ait l'air de marcher lentement, il se déplaçait si rapidement que Kyra avait presque besoin de courir pour ne pas se laisser distancer. Le mystère qui entourait cet homme s’épaississait et mille questions lui passaient par la tête.

      “Est-ce que ma mère est en vie ?” demanda-t-elle précipitamment, incapable de retenir sa curiosité. “Est-ce qu'elle est ici ? L'avez-vous rencontrée ?”

      L'homme se contenta de sourire et secoua la tête en continuant à marcher.

      “Tant de questions”, répondit-il. Il marcha longtemps. La forêt bruissait du son de créatures étranges. Finalement, il ajouta : “Tu finiras par comprendre que les questions ont peu de sens ici. Quant aux réponses, elles en ont encore moins. Tu dois apprendre à trouver tes propres réponses, la source de tes réponses et, encore mieux, la source de tes questions.”

      Kyra en resta perplexe. Ils marchèrent dans la forêt. Dans cet endroit mystérieux, les arbres étaient d'un vert vif et semblaient luire tout autour d'elle. Bientôt, elle ne vit plus la tour et le bruit du ressac s'apaisa. Elle fit de son mieux pour ne pas se laisser distancer sur cette piste qui serpentait dans tous les sens.

      Elle brûlait d'envie de poser des questions et, finalement, elle ne put plus rester silencieuse.

      “Où m'emmenez-vous ?” demanda-t-elle. “Là où vous allez m'entraîner ?”

      L'homme continua à marcher, passa au-dessus d'un ruisseau qui coulait et serpentait entre de vieux arbres dont l'écorce dégageait un éclat vert luminescent, et Kyra continua à le suivre.

      “Je ne t'entraînerai pas”, dit-il. “C'est ton oncle qui le fera.”

      Kyra était abasourdie.

      “Mon oncle ?” demanda-t-elle. “Je croyais que c'était vous, mon oncle.”

      “Je le suis”, répondit-il, “et tu en as un autre.”

      “Un autre ?” demanda-t-elle.

      Finalement, il entra brusquement dans une clairière dans les bois, s'arrêta à son bord et Kyra, essoufflée, s'arrêta à côté de lui. Elle regarda devant elle et fut sidérée par ce qu'elle vit.

      De l'autre côté de la clairière se dressait un arbre immense. C'était le plus grand arbre qu'elle ait jamais vu. Il était ancien, avait des branches qui s'étendaient partout avec des feuilles violettes qui chatoyaient. Son tronc faisait neuf mètres de circonférence. Les branches tordues se croisaient les unes les autres en formant, à peut-être trois mètres du sol, une petite cabane qui semblait avoir toujours été là. Une petite lumière venait de l'intérieur des branches et, quand Kyra leva les yeux, elle vit une silhouette solitaire assise au bord des branches et qui, apparemment en pleine méditation, les regardait d'en haut.

      “Lui aussi, c'est ton oncle”, dit Kolva.

      Le cœur de Kyra battait la chamade dans sa poitrine. Elle n'y comprenait rien. Elle leva les yeux vers l'homme qui, selon Kolva, était son oncle et se demanda s'il était en train de lui jouer un tour. Son deuxième oncle avait l'air d'être un garçon de peut-être dix ans. Il était assis parfaitement droit, comme s'il