Название | Une Loi de Reines |
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Автор произведения | Морган Райс |
Жанр | Героическая фантастика |
Серия | L'anneau Du Sorcier |
Издательство | Героическая фантастика |
Год выпуска | 0 |
isbn | 9781632915924 |
Gwendolyn plissa les paupières pour voir à travers la brume. Elle se demanda si ce qu’elle voyait n’était qu’un mirage.
Là, à l’horizon, s’étendait un rivage interminable. Au milieu, un port battait comme un cœur, encadré par des piliers dorés étincelants, qui s’élevaient vers le ciel. Sous les rayons mouvants du soleil, les piliers et la ville prenaient une teinte jaune-vert. Les nuages se déplaçaient rapidement par ici, constata Gwen. Cela voulait-il dire que le ciel était différent dans cette partie du monde ? Ou n’était-ce là qu’une hallucination provoquée par la faim ?
Un millier de fiers vaisseaux se dressaient sur les flots, devant le port. Gwen n’avait jamais vu de mâts aussi hauts et tous étaient plaqués d’or. C’était probablement la ville la plus prospère et la plus riche que Gwen ait jamais vue. Construite sur le rivage, elle s’étendait aussi loin que portait le regard, balayée seulement par les vagues. À côté d’elle, la Cour du Roi aurait eu l’air d’un village. Gwen n’aurait jamais cru que tant de bâtiments pouvaient s’élever au même endroit. Quel peuple vivait ici ? Ce devait être une grande nation, songea-t-elle. La nation de l’Empire.
Gwen réalisa avec horreur que les courants l’emportaient là-bas. Bientôt, le navire serait comme aspiré par le vaste port, parmi ces nombreux vaisseaux. Gwen serait faite prisonnière – peut-être même tuée. Elle songea à la cruauté de Andronicus, à la cruauté de Romulus… Ce devait être un comportement normal au sein de l’Empire. Peut-être aurait-il mieux valu mourir en mer.
Un bruit de pas se fit entendre sur le pont. Elle tourna la tête et vit Sandara, affaiblie elle aussi par la faim, mais bien décidée à se tenir droite et fière. Elle tenait dans les mains une grande relique dorée, en forme de cornes de taureau. Sous les yeux de Gwen, elle fit jouer les rayons du soleil sur les cornes, pour envoyer un signal sur la côte. Cependant, Sandara ne dirigeait pas la lumière vers la ville, mais plus loin vers le nord, vers ce qui semblait être un bosquet d’arbres.
Les paupières de Gwen étaient si lourdes qu’elles commençaient à se fermer, alors qu’elle luttait pour ne pas s’évanouir. Elle se sentit glisser vers le pont, envahie par des images. Elle n’était plus sûre de distinguer la réalité des hallucinations causées par la faim. Elle crut voir des canots, une douzaine environ, émerger de la jungle et voguer en direction du navire. Elle fut surprise de constater qu’ils n’appartenaient pas à la race de l’Empire : ce n’étaient pas des guerriers à la peau rouge et munis de cornes. Il s’agissait d’hommes et de femmes musclés, à la peau chocolat et aux yeux jaunes, pleins d’intelligence et de compassion. Gwen vit que Sandara les regardait venir comme on attend des amis. Elle comprit qu’il s’agissait de son peuple.
Un bruit sourd heurta le navire. Ils venaient de lancer des grappins accrochés à des cordes. Lentement, le navire changea de direction, emporté par les canots loin du port et de la ville impériale. Gwen comprit que le peuple de Sandara était venu les aider, venu guider leur vaisseau loin de l’Empire.
Ils partaient vers le nord, vers la jungle, vers un abri. Gwen ferma les yeux, envahie par le soulagement.
Gwen rouvrit les yeux. De faiblesse, elle s’était à moitié couchée sur le bastingage, le visage tourné vers les canots. Submergée par la fatigue, Gwendolyn sentit qu’elle se penchait trop. Elle perdait l’équilibre. Elle allait basculer par-dessus bord. Prise de panique, elle agrippa plus fermement le bastingage, mais c’était trop tard.
Son cœur battit la chamade. Après toutes les épreuves qu’elle avait traversées, fallait-il donc qu’elle meure de cette façon ? Noyée dans l’océan si près du rivage ?
Un grognement retentit et, soudain, des mâchoires se refermèrent sur l’ourlet de sa chemise, avant de la tirer vers l’arrière. Elle atterrit sur le pont avec un bruit sourd, sauvée juste à temps.
En ouvrant les yeux, elle vit Krohn se pencher vers elle et son cœur battit plus vite dans sa poitrine. Il était en vie ! Quelle joie de le revoir… Il était bien plus maigre que la dernière fois qu’elle l’avait vu. Dans le chaos, elle l’avait perdu de vue. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait filé se cacher dans la cale pendant une tempête particulièrement mauvaise. Il avait dû s’affamer pour que d’autres puissent manger. C’était Krohn. Si altruiste. Et maintenant qu’ils s’apprêtaient à toucher terre, il refaisait surface.
Krohn gémit et lui lécha la figure. Gwen l’enlaça avec les dernières bribes de son énergie. Elle s’étendit. Krohn se blottit à ses côtés, la tête posée sur sa poitrine, aussi près que possible comme s’il ne restait aucun autre endroit au monde.
Gwendolyn sentit un liquide sucré et froid chatouiller ses lèvres, sa langue, ses joues et son cou. Elle ouvrit la bouche et but à grandes gorgées. Elle avait l’impression de s’éveiller d’un rêve.
Gwen ouvrit les yeux, en buvant avec avidité. Des visages inconnus étaient penchés vers elle. Elle but jusqu’à s’étouffer et recracher.
Quelqu’un l’aida à se relever et lui tapota gentiment le dos, quand elle fut prise d’une quinte de toux.
– Shhh, dit une voix. Bois doucement.
C’était une voix douce, la voix d’un guérisseur. Gwen leva les yeux et croisa le regard d’un vieil homme au visage parcheminé, les rides étirées autour d’un sourire.
Des douzaines de visages inconnus cernaient Gwen de tous côtés. Le peuple de Sandara. Ils l’observaient avec bienveillance, en silence, comme on contemple un objet de curiosité. Submergée par la soif et la faim, Gwen tendit les bras comme une hystérique et saisit l’outre, avant de verser avidement le liquide dans sa bouche. Elle but comme si c’était la dernière fois.
– Plus lentement, dit la voix de l’homme. Ou bien tu vas te rendre malade.
Des douzaines de guerriers étaient montés à bord du vaisseau. Parmi eux se trouvait le peuple de Gwen, les survivants de l’Anneau, qui émergeaient un par un des cabines. Certains étaient étendus, d’autres agenouillés ou assis, en compagnie des amis de Sandara qui leur donnaient à boire. Illepra se trouvait au milieu d’eux et tenait dans ses bras le bébé que Gwen avait sauvé dans les Isles Boréales. Elle lui donnait à manger. Gwen fut soulagée de l’entendre pleurer. Elle l’avait donné à Illepra quand elle était devenue trop faible pour le tenir. La voir lui faisait penser à Guwayne. Gwen ferait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver cette petite fille.
Gwen retrouvait ses forces de minute en minute. Elle s’assit sur son séant et but encore un peu de liquide en se demandant ce que c’était. Elle ressentit envers ce peuple un élan de reconnaissance. Ils leur avaient sauvé la vie.
Un gémissement se fit entendre à côté de Gwen. Krohn était resté étendu là, la tête sur les genoux de Gwen. Elle le fit boire et il lapa avec gratitude, pendant qu’elle lui caressait la tête avec tendresse. Elle lui devait la vie, une fois encore. Et l’avoir auprès d’elle lui faisait penser à Thor.
Gwen leva les yeux vers le peuple de Sandara. Comment les remercier ?
– Vous nous avez sauvés, dit-elle. Nous vous devons la vie.
Elle se tourna vers Sandara qui s’approchait. Cette dernière secoua la tête.
– Mon peuple ne croit pas aux dettes d’honneur dit-elle. Ils pensent que c’est déjà un honneur de sauver une personne dans la détresse.
La foule s’écarta pour céder le passage à un homme aux traits sévères, sans doute leur chef. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Il avait des lèvres fines et les mâchoires serrées. Il s’accroupit à côté de Gwen. Elle remarqua qu’il portait autour du cou un collier de turquoise et de nacre qui reflétait les rayons du soleil. Il inclina la tête, en la couvant d’un regard compatissant.
– Je me nomme Bokbu, dit-il d’une voix profonde et autoritaire. Nous avons répondu