Une Loi de Reines . Морган Райс

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Название Une Loi de Reines
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632915924



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chose terrible ? Je t’ai sauvé la vie ! s’exclama Darius d’un ton exaspéré.

      Elle haussa les épaules.

      – Ma vie ne vaut rien devant celles de tout un village.

      Darius bouillait intérieurement, incapable de lui répondre. Loti – il commençait à s’en rendre compte – était une fille difficile à comprendre. L’éducation rigide de ses parents et de leur peuple l’avait endoctrinée.

      – Alors, tu me détestes, dit-il. Tu me détestes parce que je t’ai sauvée.

      Elle refusa de croiser son regard.

      – Je t’ai sauvé, moi aussi, rétorqua-t-elle avec orgueil. Tu ne te rappelles pas ?

      Darius s’empourpra. Elle était impossible ! Beaucoup trop fière.

      – Je ne te déteste pas, dit-elle enfin. Mais j’ai vu ce que tu as fait. J’ai vu comment tu l’as tué.

      Un tremblement violent agita soudain Darius, blessé par ses mots. On aurait dit qu’elle l’accusait. C’était injuste, surtout maintenant, surtout après qu’il ait sauvé sa vie.

      – Et c’est mal ? demanda-t-il. C’est mal d’avoir utilisé ce pouvoir ?

      Loti ne répondit pas.

      – Je suis comme je suis, dit Darius. Je suis né comme ça. Je ne l’ai pas demandé. Je ne comprends pas très bien moi-même. Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne sais même pas si je serais capable de l’utiliser à nouveau. Je n’ai pas voulu l’utiliser contre le maître d’œuvre. C’est plutôt la magie qui… m’a utilisé.

      Loti gardait les yeux fixés sur ses chaussures. Elle ne répondit pas, refusa de croiser son regard et Darius sentit un immense regret l’envahir. Avait-il commis une erreur en venant lui porter secours ? Devait-il avoir honte de ce qu’il était ?

      – Tu préfèrerais être morte plutôt que j’utilise… ce que j’ai utilisé ? demanda Darius.

      Une nouvelle fois, Loti mit un long moment avant de répondre, ce qui n’apaisait pas les regrets de Darius.

      – Nous n’en parlerons à personne, dit-elle. Nous ne parlerons jamais de ce qui s’est passé aujourd’hui. Nous serions tous les deux rejetés.

      Au détour d’un virage, leur village apparut. Ils s’engagèrent sur la route principale et des villageois les accueillirent par des cris de joie.

      Bientôt, une foule se pressa pour les voir. Des centaines d’hommes et de femmes se précipitèrent pour enlacer Loti et Darius. La mère de Loti se trouvait parmi eux, ainsi que son père et deux de ses frères, des hommes grands, larges d’épaules, aux cheveux courts et à la mâchoire volontaire. Ils détaillèrent Darius du regard, comme pour le mesurer. Le troisième frère de Loti traînait derrière eux. Il était plus chétif et c’était un boiteux.

      – Mon amour, s’écria la mère de Loti en embrassant sa fille.

      Darius resta quelques pas derrière elle, incertain de ce qu’il devait faire.

      – Qu’est-ce qui t’est arrivé ? demanda sa mère. Je pensais que l’Empire t’avait emmenée. Comment as-tu réussi à t’enfuir ?

      Un silence grave tomba sur l’assemblée et tous se tournèrent vers Darius. Celui-ci dansa d’un pied sur l’autre, mal à l’aise. Ç’aurait dû être un grand moment de joie et de fête. Ils auraient dû l’accueillir en héros, après ce qu’il avait fait. Après tout, lui seul avait eu le courage de sauver Loti.

      Pourtant, il se sentait surtout mal à l’aise, et même honteux. Loti lui adressa un regard entendu, comme pour lui rappeler sa promesse.

      – Il ne s’est rien passé, Mère, dit Loti. L’Empire a changé d’avis. Ils m’ont laissée repartir.

      – Ils t’ont laissée repartir ? répéta-t-elle, bouche bée.

      Loti hocha la tête.

      – Ils m’ont abandonnée dans les bois, loin d’ici. Darius m’a retrouvée. Il m’a ramenée.

      Les villageois se turent, en observant tantôt Darius, tantôt Loti, visiblement dubitatifs. Darius comprit qu’ils n’y croyaient pas.

      – Et cette marque sur ton visage ? demanda son père en frottant son pouce sur sa joue pour l’examiner.

      Une zébrure noire et violette barrait la joue de Loti.

      Loti leva un regard mal assuré vers son père.

      – J’ai… trébuché, dit-elle. Sur une racine. Mais, je vous l’ai déjà dit : je vais bien, insista-t-elle comme mettant au défi sa famille de la contredire.

      Tous les yeux se tournèrent vers Darius. Bokbu, le chef du village, fit quelques pas vers lui.

      – Darius, c’est la vérité ? demanda-t-il d’une voix grave. Tu l’as ramenée dans le calme ? Tu n’as pas croisé l’Empire ?

      Le cœur battant, Darius soutint en silence les regards qui le fixaient. Il savait qu’il ne pouvait pas leur expliquer ce qui s’était réellement passé, ni leur raconter ce qu’il avait fait. Ils auraient eu trop peur des conséquences. De plus, il était impossible de leur expliquer comment il avait tué le maître d’œuvre sans évoquer la magie. Ils lui tourneraient le dos – tout comme Loti. Et il n’avait pas le cœur de les terroriser.

      Darius n’avait pas envie de mentir, mais il n’avait pas le choix.

      Il se contenta d’adresser un hochement de tête aux anciens, sans dire un mot. Ils interprèteraient ce geste comme bon leur semblerait.

      Soulagés, les gens se tournèrent vers Loti. Enfin, un de ses frères s’approcha et la prit dans ses bras.

      – Elle est vivante ! s’écria-t-il pour briser le silence tendu. C’est tout ce qui compte !

      Des acclamations se firent entendre et Loti se jeta dans les bras de sa famille.

      Darius reçut lui aussi quelques tapes dans le dos en guise de récompense, pendant que Loti retournait au village avec sa famille. Il la regarda s’éloigner, dans l’espoir qu’elle lui jette un coup d’œil par-dessus son épaule, juste une fois.

      Son cœur se flétrit dans sa poitrine quand il la vit disparaître parmi la foule, sans un regard en arrière.

      CHAPITRE NEUF

      Volusia se dressait avec fierté dans son char doré, lui-même installé au milieu de son vaisseau doré dont la coque reflétait les rayons du soleil. Les canaux de Volusia l’emportaient lentement à travers la foule. Les bras en croix, elle profitait des signes d’adoration de son peuple. Des milliers d’entre eux se pressaient dans les ruelles et les allées pour crier son nom de tous côtés.

      Alors qu’elle dérivait, Volusia pouvait presque toucher ces gens qui criaient son nom, qui pleuraient et hurlaient en jetant vers elle des morceaux de parchemin multicolores, qui retombaient en pluie sur sa tête. C’était le plus grand signe de respect que son peuple aurait pu lui offrir. C’était leur manière de souhaiter un bon retour à leur héroïne.

      – Longue vie à Volusia ! Longue vie à Volusia ! tonnait la foule.

      Leur chant se répercutait sur les murs, à travers les allées pavées d’or, alors que les canaux emportaient Volusia toujours plus loin, au cœur de sa ville magnifique.

      Volusia renversa la tête pour profiter du moment, le cœur rempli de joie d’avoir tué Romulus, d’avoir massacré le Chef Suprême de l’Empire, d’avoir assassiné ses soldats. Son peuple ne formait plus qu’un avec elle. Sa propre témérité les avait rendus plus téméraires. Elle ne s’était jamais sentie aussi puissante – pas depuis le jour où elle avait tué sa mère.

      Volusia leva les yeux vers sa magnifique cité, encadrée par ses deux immenses