Esclave, Guerrière, Reine . Морган Райс

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Название Esclave, Guerrière, Reine
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632917058



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“Tu es blessée ?”

      Elle se tourna vers son frère, qui était lui aussi encore allongé là, sur le sol du Stade, et elle ouvrit la bouche. Cependant, aucun mot n'en sortit. Elle était à bout de souffle et se sentait abasourdie. Avait-il vu ce qui s'était vraiment passé ? Elle ne savait pas si les autres l'avaient vu mais, à cette distance, ce serait presque un miracle si son frère n'avait rien vu.

      Ceres entendit des bruits de pas puis, soudain, deux fortes mains la remirent debout.

      “Sors, maintenant !” grogna Brennius en la poussant vers la porte ouverte qui se trouvait à sa gauche.

      Les plaies par perforation qu'elle avait au dos lui faisaient mal mais elle se força à se concentrer à nouveau sur le présent, saisit Sartes et le remit debout. Ensemble, ils se ruèrent vers la sortie en essayant d'échapper aux acclamations de la foule.

      Ils arrivèrent vite dans le tunnel sombre et étouffant et, à ce moment-là, Ceres vit des dizaines de seigneurs de guerre qui, à l'intérieur, attendaient leur tour pour glaner quelques moments de gloire dans l'arène. Certains, assis sur des bancs, étaient plongés dans de profondes réflexions, d'autres contractaient les muscles, faisaient des moulinets avec les bras en allant çà et là, et d'autres encore préparaient leurs armes pour participer au bain de sang imminent. Comme ils avaient tous assisté au combat, ils levèrent les yeux et la regardèrent fixement et avec curiosité.

      Ceres se précipita dans les couloirs souterrains parsemés de torches qui donnaient une teinte chaude aux briques grises, passant à côté de toutes sortes d'armes posées contre les murs. Elle essayait d'oublier sa douleur au dos, mais c'était difficile car, à chaque pas, le tissu grossier de sa robe irritait les plaies ouvertes. Quand l'omnichat lui avait planté ses griffes dans le dos, elle avait eu l'impression qu'on la poignardait mais cela semblait presque pire maintenant que chaque entaille palpitait.

      “Tu saignes du dos”, dit Sartes d'une voix tremblante.

      “Ça ira. Il faut qu'on trouve Nesos et Rexus. Comment va ton bras ?”

      “Ça fait mal.”

      Quand ils atteignirent la sortie, la porte s'ouvrit brusquement et deux soldats de l'Empire s'y tenaient.

      “Sartes !”

      Avant qu'elle ait pu réagir, un soldat s'empara de son frère et un autre d'elle. Il était inutile de résister. L'autre soldat la jeta par-dessus son épaule comme si elle était un sac de céréales et l'emporta. Craignant d'avoir été arrêtée, elle le frappa au dos mais en vain.

      Quand ils furent juste à l'extérieur du Stade, il la jeta par terre et Sartes atterrit à côté d'elle. Quelques badauds formaient un demi-cercle autour d'elle et les regardaient bouche bée, comme s'ils voulaient qu'on fasse couler son sang.

      “Si vous revenez dans le Stade”, grogna le soldat, “vous serez pendus.”

      A sa grande surprise, les soldats se détournèrent sans un autre mot et disparurent dans la foule.

      “Ceres !” hurla une voix grave par-dessus le brouhaha de la foule.

      Ceres leva les yeux et vit avec soulagement Nesos et Rexus se diriger vers eux. Quand Rexus la prit dans ses bras, elle en eut le souffle coupé. Il se retira et la regarda avec préoccupation.

      “Ça ira”, dit-elle.

      Quand la foule déferla hors du Stade, Ceres et les autres s'y mêlèrent et se dépêchèrent de regagner les rues, ne voulant plus rencontrer personne. Alors qu'ils marchaient vers la Place de la Fontaine, Ceres se remémora tout ce qui s'était passé, encore sous le choc. Elle remarqua les regards de biais de ses frères et se demanda à quoi ils pensaient. Avaient-ils remarqué ses pouvoirs ? Probablement pas. L'omnichat avait été trop proche. Pourtant, en même temps, ils la regardaient avec un respect renouvelé. Elle voulait plus que toute autre chose leur dire ce qui s'était passé. Cependant, elle savait qu'elle ne le pouvait pas car elle n'en était même pas sûre elle-même.

      Tant de choses restaient non dites entre eux ! Pourtant, maintenant, au milieu de cette foule épaisse, ce n'était pas le moment de leur en parler. Il fallait d'abord qu'ils rentrent à la maison et se retrouvent en sécurité.

      A mesure qu'ils s'éloignaient du Stade, les rues devenaient de moins en moins bondées. Marchant à côté d'elle, Rexus lui prit la main et croisa les doigts avec elle.

      “Je suis fier de toi”, dit-il. “Tu as sauvé la vie à ton frère. Je ne sais pas combien de sœurs le feraient.”

      Il sourit, les yeux remplis de compassion.

      “Ces blessures ont l'air profondes”, remarqua-t-il en jetant un coup d’œil à son dos.

      “Ça ira”, marmonna-t-elle.

      C'était un mensonge. Elle n'était pas du tout certaine que ça irait, ou même qu'elle pourrait rentrer à la maison. A cause du sang qu'elle avait perdu, elle avait vraiment la tête qui tournait et, comme si ce n'était pas assez dur comme ça, elle avait le ventre qui gargouillait et le soleil lui agressait le dos en la faisant transpirer abondamment.

      Finalement, ils atteignirent la Place de la Fontaine. Dès qu'ils passèrent devant les stands, un marchand les suivit en leur proposant un grand panier de nourriture à moitié prix.

      Sartes fit un grand sourire, chose que Ceres trouva plutôt étrange, puis sortit une pièce en cuivre avec son bras intact.

      “Je crois que je te dois un peu de nourriture”, dit-il.

      Choquée, Ceres eut le souffle coupé. “Où as-tu trouvé ça ?”

      “Cette fille riche dans le chariot doré a jeté deux pièces, pas une seule, mais les gens étaient tellement concentrés sur la bagarre entre les hommes qu'ils ne l'ont même pas remarqué”, répondit Sartes avec un sourire quasi-intact.

      Ceres se mit en colère. Elle allait confisquer la pièce à Sartes et s'en débarrasser. Après tout, c'était de l'argent sale. Ils n'avaient pas besoin que les riches leur donnent quoi que ce soit.

      Alors qu'elle tendait le bras pour s'en saisir, soudain, une vieille femme apparut et lui bloqua la route.

      “Toi !” dit-elle en montrant Ceres du doigt, parlant si fort que Ceres avait l'impression que sa voix lui vibrait partout dans le corps.

      La femme avait le teint lisse mais à l'apparence transparente, et ses lèvres parfaitement arquées étaient teintes en vert. Des glands et des mousses agrémentaient ses longs cheveux noirs épais et ses yeux marron allaient bien avec sa robe marron. Ceres la trouvait si belle à regarder qu'elle fut comme hypnotisée l'espace d'un instant.

      Ceres la regarda en clignant des yeux, abasourdie, certaine de ne jamais l'avoir rencontrée.

      “Comment connais-tu mon nom ?”

      Ceres ne quittait pas la femme des yeux. La femme fit quelques pas vers Ceres, qui remarqua qu'elle sentait fortement la myrrhe.

      “Veine des étoiles”, dit-elle d'une voix étrange.

      Quand la femme souleva le bras en un geste élégant, Ceres vit qu'elle avait un triquetra marqué au fer rouge à l'intérieur de son poignet. Une sorcière. D'après la senteur des dieux, c'était peut-être une diseuse de bonne aventure.

      La femme prit les cheveux rose doré de Ceres dans sa main et les toucha.

      “L'épée ne t'est pas inconnue”, dit-elle. “Le trône ne t'est pas inconnu. Ta destinée est vraiment très grande. Le changement sera immense.”

      Le femme se détourna soudain et s'enfuit, disparut derrière sa cabine, et Ceres resta sur place, engourdie. Elle sentait les mots de la femme pénétrer son âme même. Elle sentait que ces mots avaient été plus qu'une simple observation, qu'ils étaient une prophétie. Immense. Changement. Trône. Destinée. C'étaient des mots auxquels elle ne s'était jamais associée.

      Pouvaient-ils être vrais ? Ou n'étaient-ils que les mots d'une folle ?

      Ceres regarda aux alentours et vit