Une Promesse De Gloire . Морган Райс

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Название Une Promesse De Gloire
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632913500



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éprouvait de la compassion à son égard. Elle se demanda ce qui lui était arrivé après l’invasion des McClouds par Andronicus. Avait-elle été tuée ou le serait-elle ? L’idée faisait frémir Gwen. Elles avaient été rivales, mais elles restaient aussi des sœurs et Gwen ne souhaitait pas voir mourir Luanda avant son heure.

      Gwen pensa à sa mère, le seul autre membre de sa famille laissé là-bas, abandonnée à la Cour du Roi, avec Gareth, toujours dans le même état. Une pensée glaçante. Malgré toute la colère qu’elle gardait contre sa mère, Gwen n’avait jamais voulu qu’elle finisse ainsi. Qu’arriverait-il si la Cour était envahie ? Sa mère serait-elle passée au fil de l’épée ?

      C’était comme si toute la vie de Gwen tombait en morceaux autour d’elle. Parfois, il lui semblait que c’était hier : la chaleur de l’été, les noces de Luanda, un glorieux banquet, l’abondance à la Cour du Roi, elle-même et sa famille réunies, festoyant – et l’Anneau imprenable. Elle avait eu l’impression que cela durerait toujours.

      À présent, tout s’était effondré. Rien n’était plus comme avant.

      Une froide brise automnale balaya le groupe et Gwen remonta sur ses épaules son lainage bleu. L’automne avait été bien trop bref cette année. L’hiver frappait à leurs portes. Elle pouvait sentir le souffle glacé, plus épais et plus humide à mesure qu’ils remontaient le Canyon en direction du nord. Le ciel s’assombrissait et bientôt les airs s’emplirent d’un nouveau bruit : le cri des Oiseaux d’Hiver, ces vautours rouges et noirs qui volaient bas dès que la température baissait. Ils croassèrent sans cesser et ce tapage porta parfois sur les nerfs de Gwen. On aurait dit le bruit de la mort qui s’approche.

      Depuis qu’elle avait fait ses adieux à Thor, ils remontaient le long du Canyon, en direction du nord. La route les mènerait dans la région et la ville les plus occidentales de l’Anneau : Silesia. Tandis qu’ils marchaient, l’étrange brume du Canyon s’élevait par vagues et s’accrochait aux chevilles de Gwen.

      – Nous ne sommes plus très loin, Madame, dit une voix.

      Gwen leva les yeux vers Srog qui se tenait à côté d’elle, vêtu de l’armure écarlate caractéristique de Silesia, flanqué de plusieurs de ses guerriers portant les bottes et la cotte de mailles rouges. Gwen était touchée par sa gentillesse à son égard, par sa loyauté à la mémoire de son père, par son offre de venir se réfugier à Silesia. Elle ne savait pas ce qu’elle et son peuple auraient fait sans lui. Sans doute seraient-ils encore coincés à la Cour du Roi, à la merci de la perfidie de Gareth.

      Srog était un des seigneurs les plus honorables qu’elle ait jamais rencontrés. Comme il disposait de milliers de soldats et qu’il contrôlait la célèbre forteresse occidentale, Srog n’avait jamais vraiment eu besoin de prêter allégeance à qui que ce soit. Il l’avait fait pourtant, au père de Gwen. Il avait été délicat de trouver l’équilibre entre leurs deux pouvoirs. Du temps de son grand-père, Silesia avait eu besoin de la Cour du Roi mais, du temps de son père, beaucoup moins. En vérité, maintenant que le Bouclier était tombé et que la Cour se trouvait en plein chaos, c’étaient eux qui avaient besoin de Silesia.

      Bien sûr, l’Argent et la Légion comptaient parmi les meilleurs soldats… Et il y avait les importantes troupes accompagnant Gwen, la moitié de l’armée du Roi. Pourtant Srog, comme de nombreux autres seigneurs, aurait pu se contenter simplement de fermer ses portes et les laisser seuls.

      Au lieu de cela, il avait fait chercher Gwen, lui avait prêté allégeance et avait insisté pour leur offrir un refuge. Voilà une gentillesse que Gwen était bien décidée à lui rendre, un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre. Dans le cas, bien sûr, où ils survivraient tous.

      – Ne vous inquiétez point, lui répondit-elle doucement en posant une main sur son poignet. Nous marcherions jusqu’à la fin du monde pour pouvoir entrer dans votre cité. Votre gentillesse est un bonheur pour nous dans ce moment difficile.

      Srog sourit. C’était un guerrier d’âge moyen, marqué au visage par bien des cicatrices après une vie de batailles, aux cheveux brun rouge, à la mâchoire volontaire et imberbe. Un homme véritable. Pas seulement un seigneur, mais également un grand guerrier.

      – Pour votre père, je n’hésiterais pas à me jeter au feu, répondit-il. Inutile de me remercier. C’est un grand honneur de payer la dette que je lui dois en me mettant au service de sa fille. Après tout, il souhaitait que vous preniez sa succession. En vous obéissant, c’est à lui que j’obéis.

      Près de Gwen marchaient également Kolk et Brom. Derrière eux se faisait entendre la clameur incessante des éperons et des épées cliquetant dans leurs fourreaux, des boucliers raclant les armures – une cacophonie de bruits qui se déplaçait le long de l’arête du Canyon, toujours plus au nord.

      – Madame, dit Kolk, je me sens terriblement coupable. Nous n’aurions pas dû laisser Thor, Reece et les autres partir seuls vers l’Empire. Nous aurions dû envoyer plus de volontaires. Je ne me le pardonnerai pas si quelque chose leur arrive.

      – Ils ont choisi, répondit Gwen. C’était une question d’honneur. Ceux qui devaient y aller y sont allés, c’est le destin. Culpabiliser ne servirait à rien.

      – Et que se passera-t-il s’ils ne reviennent pas à temps avec l’Épée ? demanda Srog. L’armée de Andronicus ne mettra pas longtemps avant d’arriver à nos portes.

      – Alors il nous faudra faire face, dit Gwen avec fermeté, en tâchant de prendre l’air aussi courageux que possible, dans l’espoir de rassurer ses interlocuteurs.

      Elle remarqua que les autres généraux se retournaient pour la dévisager.

      – Nous nous défendrons jusqu’au dernier coup, ajouta-t-elle. Pas de retraite, ni de reddition.

      Elle sentit que les généraux étaient impressionnés. Sa propre voix l’étonnait aussi, tout comme cette force jaillie de façon inattendue du fond d’elle-même. C’était la force de son père, celle de sept générations de Rois MacGil.

      La route tournait soudain vers la gauche. Au détour du virage, le paysage dévoila un spectacle qui coupa le souffle de Gwen. De surprise, elle arrêta sa monture.

      Silesia.

      Gwen se rappelait avoir entendu son père parler de ses voyages dans la région, quand elle était encore enfant. C’était un lieu qui lui avait paru magique. Elle avait rêvé bien des fois de s’y rendre. À présent qu’elle posait les yeux sur la ville en tant que femme adulte, la vue lui coupait le souffle.

      Silesia était la plus étrange cité que Gwen ait jamais vue. Toutes ces bâtisses, ces fortifications, cette pierre – tout était d’un rouge ancien et luisant. La partie haute de Silesia, élancée, verticale, entrecoupée de parapets et de flèches, se trouvait au niveau de la route, tandis que la partie basse descendait le long de la paroi du Canyon. La brume tourbillonnante soufflait par intermittence et l’enveloppait, ce qui faisait reluire la pierre rouge. Silesia semblait surgir des nuages.

      Ses fortifications s’élevaient à trente mètres de hauteur, couronnées de merlons, flanquées d’une rangée interminable de murs. Une véritable forteresse. Même si une armée parvenait à percer ces murs, il lui faudrait encore descendre dans la partie basse de la cité, le long des éperons rocheux, et trouver son chemin sur la paroi du Canyon. C’était un pari et un risque qu’une armée d’invasion ne prendrait sûrement pas. Voilà pourquoi la cité se tenait là depuis des milliers d’années.

      Les hommes s’arrêtèrent, bouche bée. Gwen sentit qu’eux aussi étaient ébahis.

      Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit optimiste. Voilà un endroit qui leur conviendrait, loin des griffes de Gareth, un endroit qu’ils pourraient défendre. Un endroit qu’elle pourrait gouverner. Et peut-être, seulement peut-être, le royaume MacGil renaîtrait de ses cendres.

      Srog restait là, les mains sur les hanches, contemplant sa propre cité comme s’il la voyait pour la première