Le Destin Des Dragons . Морган Райс

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Название Le Destin Des Dragons
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632913333



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qu’il soit témoin de cette démonstration de pouvoir. Après ce jour, ils sauraient tous qu’il était leur seul et unique roi.

      Cependant, maintenant, Gareth se tenait assis seul sur le trône en regardant les deux reposoirs en fer vides au centre de la salle, éclairés par un rayon de soleil descendant du plafond. L'épée y serait déposée plus tard et Gareth n’était plus très sûr de lui. L’importance de ce qu’il s’apprêtait à faire l'accablait soudain. Ce serait une étape irréversible, il n’y aurait pas de retour en arrière possible et que se passerait-il s'il échouait effectivement ? Il s'efforça de ne plus y penser.

      A l’extrémité de la salle, la lourde porte s’ouvrit avec un craquement et un silence enthousiaste s’abattit sur la salle impatiente. Douze des hommes les plus forts de la cour s’avancèrent en pliant sous le poids de la lourde épée qu’ils portaient. Six hommes se trouvaient de chaque côté et ils marchaient lentement, pas à pas, vers le lieu où reposerait l’épée.

      Le cœur de Gareth battait plus vite au fur et à mesure que l’épée se rapprochait. L’espace d’un court instant, sa confiance vacilla : si ces douze hommes, les plus forts qu’il ait jamais vus, pouvaient à peine soutenir le poids de l’épée, alors, quelles étaient ses chances ? Néanmoins, il tenta de repousser cette idée. Après tout, soulever l’épée était une question de destinée, pas de force. Il s'obligea à se souvenir que son destin était de se trouver ici en ce jour, qu’il était l’aîné des MacGil, qu’il devait être Roi. Il rechercha Argon dans la foule car il ressentit soudainement le besoin de prendre conseil auprès de ce dernier. C’était vraiment le moment où il aurait eu besoin de lui. Bizarrement, il n’arrivait pas penser à personne d’autre. Argon resta évidemment introuvable.

      Les douze hommes atteignirent finalement le centre de la salle. Portant l’épée dans les rayons de soleil, ils la placèrent sur les reposoirs en fer. Elle retomba avec un bruit retentissant et le son se répercuta dans toute la salle. Un silence total s’installa.

      La foule dégagea instinctivement une voie pour que Gareth vienne soulever l'épée.

      Gareth se leva lentement de son trône, savourant l’instant, aimant être le centre de toute cette attention. Il sentait les regards se porter sur lui. Il savait qu’un moment comme celui-là, un moment où le royaume entier aurait le regard tourné vers lui d’une façon aussi intense et profonde, à détailler le moindre de ses gestes, ne se représenterait pas. Il s’était imaginé cet instant tellement souvent depuis sa plus tendre enfance, et voici qu’il était enfin venu. Il voulait que les choses se déroulent lentement.

      Il descendit les marches du trône, une à une, savourant chaque pas. Il marcha sur le tapis rouge, savourant le moelleux sous ses pieds, se rapprochant petit à petit de la tache de lumière, de plus en plus près de l’épée. En marchant ainsi, il eut l’impression d’être dans un rêve. Il se sentit séparé de son corps. Une partie de lui avait l’impression d’avoir marché sur ce tapis des millions de fois dans ses rêves pour lever l’épée. Cela lui donna l’impression de n’avoir d’autre choix que de lever l’épée, qu’il était en train de marcher vers sa destinée.

      Il entrevit comment cela allait se dérouler : il s’avancerait fièrement, tendrait une main et ses sujets se courberaient lorsqu’il brandirait soudainement et de façon spectaculaire son épée au-dessus de sa tête. Cela leur couperait le souffle et ils tomberaient face contre terre en le reconnaissant comme l’Élu, le plus important des rois MacGil ayant jamais régné, celui qui régnerait pour toujours. Tout le monde en pleurerait de joie. Ils trembleraient de peur devant lui. Ils remercieraient Dieu d’avoir eu la chance de vivre à cette époque et d’avoir été témoins de cet événement. Ils le vénéreraient comme un dieu.

      Gareth s’approcha de l’épée. Maintenant, il n’était plus qu’à quelques pas et se sentait frissonner intérieurement. En pénétrant dans le cercle de lumière et bien qu’ayant déjà vu l’épée à maintes reprises, il fut frappé par sa beauté. Il n’avait jamais été autorisé à s’en approcher aussi près avant ce jour et il fut stupéfait. C'était un moment intense. Elle était faite d’une longue lame étincelante et d’un matériau impossible à identifier. Gareth n’avait jamais vu de poignée aussi travaillée. Incrustée de joyaux de toutes sortes et portant le blason du faucon, elle était protégée par un tissu semblable à de la soie. Il se rapprocha d’un pas et se pencha au-dessus. Il sentit la puissante énergie qui en émanait. L’épée semblait vibrer. Il avait peine à  respirer. Dans un instant, il la tiendrait dans la main. Bien haut au-dessus de sa tête. Étincelante dans la lumière du jour pour que le monde entier le voie.

      Lui, Gareth, Le Grand.

      Gareth s’approcha et plaça la main droite sur la poignée. Il referma lentement les doigts dessus, sentit le moindre joyau, le moindre relief lorsqu’il s’en saisit, électrifié. Une énergie intense lui irradia la paume, lui remonta dans le bras et lui parcourut le corps. C’était tellement différent de ce qu’il s’était toujours imaginé. Son moment était enfin venu. Le meilleur moment de sa vie.

      Gareth ne voulait courir aucun risque : il se baissa et referma également son autre main sur la poignée. Il ferma les yeux et respira profondément.

      Si les dieux le veulent, laissez-moi lever cette épée. Envoyez-moi un signe. Montrez-moi que je suis le Roi. Montrez-moi que ma destinée est de régner.

      Gareth pria en silence, attendant une réponse, un signe indiquant l’instant parfait, mais les secondes défilèrent, une bonne dizaine, pendant que le royaume entier l’observait, les yeux braqués sur lui.

      Puis, soudain, il vit le visage de son père qui le fixait lui aussi.

      Sous l’effet de la terreur, Gareth ouvrit les yeux, cherchant à chasser cette image de son esprit. Son cœur se mit à battre plus vite et il interpréta cela comme un très mauvais présage.

      C’était maintenant ou jamais.

      Gareth se pencha et, de toute sa volonté, il tenta de soulever l’épée. Il lutta de toutes ses forces jusqu’à ce que son corps en tremble et se torde.

      Cependant, l’épée n’avait pas bougé. C’était comme tenter de faire bouger les fondements de la terre.

      Gareth s’acharna encore et encore. Finalement il se mit à gémir et à crier.

      Puis, quelques instants plus tard, il se laissa tomber au sol.

      La lame n’avait pas bougé d’un pouce.

      Un sursaut parcourut l’assistance quand il heurta le sol. Quelques conseillers se précipitèrent pour l’aider et voir s’il allait bien mais il les repoussa violemment. Extrêmement gêné, il se redressa et se remit sur ses deux pieds.

      Gareth, humilié, regarda ses sujets, cherchant à savoir comment ils allaient le considérer à présent.

      Ils avaient déjà commencé à partir, se hâtant de quitter la salle. Gareth voyait la déception qui se lisait sur leur visage, voyait qu'il n'était qu'un spectacle décevant de plus pour eux. Maintenant, ils savaient tous qu’il n’était pas leur vrai roi. Ce n’était pas lui le MacGil censé régner. Il n’était rien. Seulement un prince ordinaire qui avait usurpé le trône.

      Gareth se sentit dévoré par la honte. Il ne s’était jamais senti aussi seul de sa vie. Tout ce qu’il s’était imaginé depuis son enfance n’était qu’un tissu de mensonges. Une illusion. Il avait cru à sa propre fable.

      Et cela l’avait brisé.

      CHAPITRE SIX

      Gareth faisait les cent pas dans sa chambre, l’esprit en ébullition, encore sous le choc de son échec. Il n'avait pas réussi à lever l’épée et essayait d’envisager quelles pourraient en être les conséquences. Il se sentait engourdi. Il n’en revenait pas d’avoir été aussi bête, d’avoir essayé de lever l’épée, l’Épée de la Dynastie, qu’aucun MacGil n’avait été capable de lever depuis sept générations. Pourquoi en était-il venu à penser qu’il serait