À Tout Jamais, Avec Toi . Sophie Love

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Название À Tout Jamais, Avec Toi
Автор произведения Sophie Love
Жанр Современные любовные романы
Серия L’Hôtel de Sunset Harbor
Издательство Современные любовные романы
Год выпуска 0
isbn 9781640292109



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cela ne pouvait pas être la vraie raison pour laquelle Sheila lui avait caché sa grossesse, ou gardé l'existence de leur fille secrète. C'était une excuse, un mensonge formulé par une consommatrice de drogue qui avait détourné la culpabilité de ses propres échecs.

      « Tu ne le crois pas, n'est-ce pas ? », demanda Emily.

      Elle sentit la main de Daniel recommencer à lui caresser la tête. « Je ne sais pas comment je me serais comporté il y a six ans quand elle est née. Ou même lorsque Sheila était enceinte. Je n'étais pas exactement le type engagé. J'aurais pu fuir. »

      Emily se tordit alors pour pouvoir faire face à Daniel, et elle enroula ses bras autour de son cou. « Non, tu ne l'aurais pas fait », l'implora-t-elle. « Tu serais devenu un père pour cette petite fille comme tu l'es maintenant. Tu aurais été un homme bon, tu aurais fait le bon choix. »

      Daniel l'embrassa doucement. « Merci d'avoir dit cela », dit-il, même si son ton trahissait son incertitude.

      Emily se recroquevilla sur lui, resserrant son étreinte. Elle ne voulait pas le voir ainsi, souffrant, plein de doute vis-à-vis de lui-même. Il semblait avoir les nerfs à vif, pensa Emily, et se demandait s'il avait du mal avec le réajustement par rapport au fait d'être à la maison, d'être soudain un père. Daniel devait avoir été tellement concentré sur Chantelle qu'il avait négligé de prêter attention à ses propres émotions, et ce n'était que maintenant, dans la remise chaleureuse, confortable et sûre, qu'il pouvait s'accorder la liberté de ressentir.

      « Je suis là pour toi », dit-elle, caressant doucement sa poitrine avec sa main. "Toujours."

      Daniel soupira profondément. « Merci. C'est tout ce que je peux dire. »

      Emily savait que cela venait du cœur. Merci était certainement assez pour elle pour le moment. Elle se blottit contre lui et écouta le son de sa respiration ralentir tandis qu'il s'endormait. Peu de temps après, elle sentit le sommeil la saisir elle aussi.

      *

      Ils furent brusquement réveillés par le bruit de Chantelle remuant dans la chambre voisine. Emily et Daniel bondirent du canapé, désorientés par la soudaine luminosité de la pièce. Dans la cheminée, des braises fumaient encore.

      Un instant après, la porte de la chambre s’entrouvrit.

      « Chantelle ? », dit Daniel. « Tu peux sortir. Ne sois pas timide. »

      Lentement, la porte s'ouvrit complètement. Chantelle se tenait là, portant un des t-shirt larges de Daniel, ses cheveux blonds emmêlés sur son visage. Même si elle ne partageait pas les cheveux noirs de Daniel ou son teint mat, leur ressemblance était irréfutable. Surtout pour leurs yeux. Ils avaient tous deux la même nuance d’iris bleus perçants.

      « Bonjour », dit Emily en réalisant combien elle était courbaturée après les quelques heures de sommeil qu'elle et Daniel avaient partagées sur le canapé. « Tu veux que je prépare le petit-déjeuner ? »

      Chantelle se gratta le menton et regarda timidement vers Daniel. Il hocha la tête en signe d’encouragement, lui signalant qu'elle pouvait utiliser sa voix ici, qu'on ne lui crierait pas après, ou qu’on ne la considèrerait pas ici comme une nuisance.

      « Hm-hmm » dit Chantelle d'une voix timide.

      « Qu'est-ce que tu voudrais ? », demanda Emily. « Je pourrais faire des pancakes, des toasts, des œufs. Ou tu préfères des céréales ? »

      Les yeux de Chantelle s'écarquillèrent d'étonnement et Emily se rendit compte, avec un pincement au cœur, qu'elle n'avait probablement jamais eu de choix avant. Peut-être n'avait-elle même jamais eu de petit-déjeuner.

      « J'aimerais des pancakes », dit Emily. « Et toi, Chantelle ? »

      « Pancakes », répéta-t-elle.

      « Hé, tu sais quoi ? », ajouta Emily. « Nous pourrions aller à la grande maison et prendre le petit-déjeuner là-bas. J'ai des myrtilles dans mon réfrigérateur, je pourrais en mettre ceux dans les pancakes. Qu’en penses-tu, Chantelle ? Tu aimerais voir la grande maison ? »

      Cette fois, Chantelle commença à hocher de la tête avec enthousiasme. Daniel avait l'air soulagé qu’Emily ait pris l'initiative ce matin. Emily pouvait dire à quel point il était stupéfait par tout cela simplement à son expression.

      « Hé », suggéra-t-elle doucement, en essayant de ne pas lui marcher sur les orteils. « Pourquoi ne vas-tu pas aider Chantelle à s'habiller ? »

      Il acquiesça hâtivement, comme s'il était un peu embarrassé qu’il ne lui soit même pas venu à l'esprit de le faire, puis conduisit maladroitement la petite fille dans la chambre pour la changer. Emily les regarda y aller, remarquant combien Daniel était mal à l’aise vis-à-vis de cette simple tâche de père. Elle se demandait si une partie des difficultés qu'il avait rencontrées au Tennessee avait également concerné son ajustement au rôle de père, s’il avait été si préoccupé par les questions pratiques – le logement, la scolarité, l'alimentation – qu’il n'avait pas eu la chance de se concentrer sur le fait qu'il devait maintenant être un père.

      Une fois tout le monde prêt, ils quittèrent la remise et remontèrent le chemin de gravier vers le B&B. Chantelle donnait des coups de pieds dans les cailloux le long de l'allée, en riant du bruit qu'elle pouvait faire avec ses chaussures. Tout le temps, elle resta accrochée à la main de Daniel, bien qu'il n'y ait dans ce geste rien de naturel pour l'un ou l'autre. Daniel semblait rigide et maladroit, comme s'il essayait désespérément de ne rien faire de mal ou de ne pas briser la fragile créature maintenant confiée à ses soins. Chantelle, de l’autre côté, avait l'air désespéré, comme si elle voulait ne jamais perdre Daniel, comme si cela pourrait lui causer un énorme chagrin.

      Emily n'était pas tout à fait sûre de la meilleure façon d'agir. Avec hésitation, elle prit l'autre main de la petite fille dans la sienne, et fut ravie et soulagée de constater que Chantelle ne tressaillit pas, ni ne s'écarta. Daniel, lui aussi, paraissait bien plus à l'aise avec l'implication d'Emily et avait l'air plus naturel. En retour, la prise de Chantelle sur son bras se desserra.

      Main dans la main, tous trois montèrent les marches de la véranda vers la porte d'entrée, et Emily les conduisit à l'intérieur.

      Chantelle hésita sur le pas de la porte, comme si elle n’était pas certaine d’avoir sa place dans un tel endroit. Elle regarda de nouveau vers Daniel, à la recherche d’encouragement. Il sourit doucement et hocha la tête. Avec hésitation, Chantelle entra et Emily sentit son cœur noué par l'émotion. Elle lutta contre les larmes.

      Immédiatement, Emily eut l'impression que Chantelle était ébahie par la maison dans laquelle elle se tenait maintenant. Elle jetait des regards autour d’elle, vers le grand et large escalier avec ses rampes cirées et sa moquette crème, vers le lustre et l'immense bureau d'accueil ancien qui avait été acheté chez Rico. Elle semblait même émerveillée par les œuvres d'art et les photographies dans le couloir. La seule chose à laquelle Emily pouvait comparer cela, c'était l’image d’un enfant entrant dans la maison du Père Noël pour la première fois.

      Emily la fit rentrer dans le salon et Chantelle émit un petit cri à la vue du piano.

      « Tu peux en jouer si tu veux », l'encouragea Emily.

      Chantelle n'avait pas besoin que l’on lui dise deux fois. Elle alla directement jusqu’au vieux piano, qui se trouvait dans l'alcôve de la baie vitrée, et commença à appuyer sur les touches.

      Emily sourit à Daniel. « Je me demande si nous n’avons pas une musicienne en herbe entre nos mains. »

      Daniel regardait Chantelle presque avec curiosité, comme s'il ne pouvait pas vraiment croire qu'elle existait. Emily se demandait s'il avait déjà eu des contacts avec des enfants avant elle. Elle-même avait gardé les nièces de Ben à d'innombrables occasions, donc moins elle avait un semblant de connaissance. Daniel, de l’autre côté, avait l'air complètement dépassé.