Rebelle, Pion, Roi . Морган Райс

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Название Rebelle, Pion, Roi
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632919717



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se faire repérer à un endroit comme celui-là.

      Il gravit un sentier et s'arrêta. Il ressentit un mélange de colère et de dégoût quand il vit ce qui se trouvait de chaque côté du sentier. A cet endroit, il y avait des engins, des gibets et des piques, des roues et des potences, tous visiblement prévus pour infliger une mort désagréable aux prisonniers de l'île. Thanos avait entendu parler de l'Île des Prisonniers mais, en dépit de cela, la cruauté de cet endroit lui donnait envie de le détruire.

      Il continua à monter par le sentier en pensant à ce que ressentaient ceux que l'on emmenait ici et qui, prisonniers de ces murs de roche, savaient que seule la mort les attendait. Est-ce que Ceres avait vraiment fini ici ? Rien qu'en l'imaginant, Thanos avait mal au ventre.

      Devant lui, Thanos entendit des cris de douleur, des cris de joie et des hurlements qui avaient l'air presque aussi animaux qu'humains. Il y avait quelque chose chez ce son qui le fit s'arrêter sur place : son corps lui disait de se préparer à la violence. Il remonta le sentier plus vite, en levant la tête par dessus les rochers qui lui bloquaient la vue.

      Ce qu'il vit au-delà des rochers le pétrifia. Un homme courait et ses pieds nus laissaient des traces ensanglantées sur le sol rocheux. Il portait des vêtements qui étaient déchirés et lacérés, avec une manche qui lui pendait à l'épaule. Une grande déchirure au dos montrait la blessure qui se trouvait en dessous. Il avait la barbe encore plus en bataille que les cheveux. Ses vêtements déchirés étaient en soie et c'était la seule chose qui indiquait qu'il n'avait pas vécu toute la vie en sauvage.

      L'homme qui le poursuivait avait l'air, si possible, encore plus sauvage, et il avait quelque chose qui faisait que Thanos avait l'impression d'être la proie d'un grand animal rien qu'en le regardant. Il portait un patchwork de vêtements en cuir qui semblaient avoir été volés à une dizaine de personnes différentes et avait le visage couvert de traits de boue qui formaient un dessin conçu, soupçonnait Thanos, pour lui permettre d'avancer caché dans la forêt. Il tenait un gourdin et un petit poignard et les cris de joie qu'il poussait en poursuivant l'autre homme faisaient se dresser les cheveux sur la tête à Thanos.

      Instinctivement, Thanos avança. Il ne pouvait pas se contenter de regarder, inactif, quelqu'un se faire assassiner, même en ce lieu où tous les prisonniers avaient été envoyés parce qu'ils avaient commis un crime ou un autre. Il escalada précipitamment la pente puis redescendit à toute vitesse vers un lieu où les deux hommes allaient passer. Le premier homme l'évita. Le second s'arrêta avec un sourire carnassier.

      “Un autre gibier, dirait-on”, dit-il avant de se jeter sur Thanos.

      Thanos réagit à la vitesse que lui avaient conférée ses années d'entraînement. Il esquiva le premier coup de couteau. Le gourdin le frappa à l'épaule mais il ignora la douleur. Il envoya un violent coup de poing et sentit l'impact quand ce dernier entra en contact avec la mâchoire de l'autre homme. Le sauvage tomba. Il avait perdu conscience avant de toucher le sol.

      Thanos regarda autour de lui et vit le premier homme le regarder fixement.

      “Ne t'inquiète pas”, dit Thanos, “je ne te ferai pas de mal. Je m'appelle Thanos.”

      “Herek”, dit l'autre homme. Thanos trouva qu'il avait la voix rauque, comme s'il n'avait parlé à personne depuis longtemps. “Je —”

      Un autre hurlement se fit entendre de la partie boisée de l'île. Cette fois-ci, Thanos eut l'impression qu'il s'agissait de nombreuses voix qui, rassemblées, formaient une chose que même lui trouva terrifiante.

      “Vite, par ici.”

      L'autre homme saisit Thanos par le bras et le tira vers une série de rochers plus élevés. Thanos le suivit et, en se penchant, il entra dans un espace qui était invisible depuis le sentier principal mais d'où ils allaient quand même pouvoir guetter tout signe de danger. Ils s'y terrèrent. Thanos sentait la peur de l'autre homme et il essaya de rester aussi immobile que possible.

      Thanos se dit qu'il aurait dû prendre le couteau à l'homme qu'il avait assommé mais il était trop tard, maintenant. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était rester là en attendant que les autres poursuivants descendent vers l'endroit où ils avaient été.

      Il les vit approcher en groupe et ils étaient tous différents. Ils tenaient tous des armes qu'ils avaient visiblement fabriquées avec tous les matériaux qu'ils avaient trouvés sur place. Quant à ceux qui portaient plus qu'un simple semblant de vêtements, tout ce qu'ils portaient ressemblait à un mélange fantasque de choses visiblement volées. Il y avait des hommes et des femmes et ils avaient l'air affamés, dangereux, faméliques et cruels.

      Thanos vit une des femmes toucher l'homme inconscient du pied. A ce moment, il sentit la peur le traverser parce que, si l'homme se réveillait, il pourrait dire aux autres ce qui s'était passé et les autres se mettraient à fouiller les lieux.

      Pourtant, il ne se réveilla pas parce que la femme se mit à genoux et lui trancha la gorge.

      A cette vue, Thanos se crispa. A côté de lui, Herek lui posa une main sur le bras.

      “Les Abandonnés n'ont pas le temps de se laisser aller à quelque faiblesse que ce soit”, murmura-t-il. “Ils s'en prennent à tous ceux qu'ils peuvent parce que ceux de la forteresse ne leur donnent rien.”

      “Ils sont prisonniers ?” demanda Thanos.

      “Nous sommes tous prisonniers ici”, répondit Herek. “Même les gardes ne sont que des prisonniers qui sont arrivés en haut de l'échelle et qui aiment assez la cruauté pour exécuter les basses œuvres de l'Empire. Sauf que toi, tu n'es pas prisonnier, hein ? Tu ne ressembles pas à un homme qui a survécu à la forteresse.”

      “Effectivement”, admit Thanos. “Cet endroit … c'est la violence infligée par des prisonniers à d'autres prisonniers ?”

      Le pire, c'était qu'il l'imaginait sans difficulté. C'était le type d'idée que le roi, son père, était capable d'avoir. Placer des prisonniers dans une sorte d'enfer puis leur donner pour seule chance d'échapper à d'autres tortures celle d'écraser les autres prisonniers.

      “Les Abandonnés sont les pires”, dit Herek. “Si les prisonniers refusent de se soumettre, s'ils sont trop furieux ou têtus, s'ils refusent de travailler ou s'ils se défendent trop, on les jette ici sans rien. Les gardiens les pourchassent. La plupart d'entre eux les supplient de les reprendre.”

      Thanos ne voulait pas y penser mais il fallait qu'il le fasse parce que Ceres était peut-être ici. Sans détourner le regard du groupe de prisonniers féroces, il continua à parler à Herek à voix basse.

      “Je cherche quelqu'un”, dit Thanos. “Elle a peut-être été emmenée ici. Elle s'appelle Ceres. Elle a combattu au Stade.”

      “La princesse seigneur de guerre”, répondit Herek dans un murmure. “Je l'ai vue se battre au Stade. Mais non, si on l'avait emmenée ici, je l'aurais su. Ils aimaient faire défiler les nouveaux arrivants devant nous pour qu'ils voient ce qui les attendait. Je me serais souvenu d'elle.”

      Le découragement donna à Thanos la sensation qu'on venait de jeter son cœur dans une mare. Il avait été vraiment sûr que Ceres serait ici. Il s'était entièrement dévoué à atteindre cette île parce que c'était tout simplement le seul indice qu'il ait sur l'endroit où Ceres pouvait se trouver. Si elle n'était pas ici … où pourrait-il aller la chercher ?

      L'espoir qu'il avait eu commença à s'écouler aussi fatalement que le sang qui coulait des pieds d'Herek là où les rochers les avaient coupés.

      Le sang que les Abandonnés fixaient du regard à l'instant même, en remontant la piste …

      “Cours !” hurla Thanos en entraînant Herek, faisant passer l'urgence avant son cœur brisé.

      Il foula le sol inégal des rochers et partit dans la direction de la forteresse pour la simple raison qu'il s'imaginait que c'était une direction dans laquelle leurs poursuivants ne voudraient pas aller. Pourtant, ils les suivirent