Vainqueur, Vaincu, Fils . Морган Райс

Читать онлайн.
Название Vainqueur, Vaincu, Fils
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640292253



Скачать книгу

vit l'autre homme secouer la tête. “Hélas, les dieux ne sont pas si impatients de me rencontrer, Première Pierre.”

      Irrien plissa les yeux. “Ce qui signifie ?”

      N’cho recula. “Je pense avoir trouvé ce qu'il vous faut.”

      Irrien fit signe à l'autre homme de le suivre et les ramena vers sa tente. Il suffit d'un seul regard de leur maître pour que les gardes et les esclaves qui s'y trouvaient partent hâtivement et laissent Irrien seul avec N’cho.

      “Qu'as-tu trouvé ?” demanda Irrien.

      “Il y a des … créatures qui ont participé à la guerre contre les Anciens”, dit N’cho.

      “Elles sont forcément mortes depuis longtemps”, précisa Irrien.

      N’cho secoua la tête. “On peut encore les invoquer et je pense avoir trouvé un lieu où je pourrai en invoquer une. Cela dit, il faudra sacrifier beaucoup de vies pour cela.”

      Irrien rit à ces paroles. Pour tuer Ceres, ce n'était qu'un petit prix à payer.

      “La mort”, dit-il, “est toujours la chose la plus facile à organiser.”

      CHAPITRE CINQ

      Stephania regardait le capitaine Kang dormir avec un dégoût qui s'insinuait jusqu'au plus profond de son âme. La forme corpulente du capitaine remuait alors qu’il ronflait et Stephania dût se mettre hors d'atteinte quand il tendit le bras vers elle dans son sommeil. Il l'avait fait plus qu'assez quand il avait été éveillé.

      Stephania n'avait jamais eu de mal à prendre des amants pour les amener à faire ce qu'elle voulait. C'était ce qu'elle prévoyait de faire avec la Deuxième Pierre, après tout. Pourtant, Kang avait été tout sauf doux et avait semblé prendre plaisir à trouver de nouveaux moyens d'humilier Stephania pendant la traversée. Il l'avait traitée comme l'esclave qu'elle avait brièvement été avec Irrien et Stephania s'était jurée de ne plus jamais être cela.

      Alors, elle avait entendu l'équipage murmurer qu'elle n'arriverait peut-être pas à destination saine et sauve, après tout, et que le capitaine lui prendrait peut-être tout ce qu'elle avait donné et finirait par la vendre à un esclavagiste et que, au moins, il partagerait le butin en la livrant à l'équipage.

      Stephania ne le permettrait jamais. Elle préférerait mourir. Cependant, il était beaucoup plus facile de tuer.

      Elle se faufila silencieusement hors du lit et regarda par un des petits hublots de la cabine du capitaine. Port Leeward s'étendait pas très loin et la poussière tombait sur la ville depuis les falaises qui la surplombaient, visible même dans la demi-lumière de l'aube. C'était une ville laide, usée et exiguë. Même d'ici, Stephania voyait que c'était forcément un endroit plein de violence. Kang avait dit qu'il n'osait pas s'y rendre la nuit.

      Stephania avait supposé que ce n'avait été qu'une excuse pour se servir d'elle une fois de plus mais c'était peut-être plus que ça. Les marchés aux esclaves ne seraient pas ouverts dans l'obscurité, après tout.

      Elle prit une décision et s'habilla discrètement, se remit son manteau et en inspecta les replis. Elle sortit une bouteille et du fil avec la précision d'une femme qui savait exactement ce qu'elle tenait. Si elle faisait une erreur maintenant, elle était morte. Soit le poison la tuerait soit ce serait Kang qui s'en chargerait à son réveil.

      Stephania se plaça au-dessus du lit et aligna le mieux possible le fil sur la bouche de Kang. Il bougea et se tourna dans son sommeil et Stephania bougea avec lui en faisant attention à ne pas le toucher. S'il se réveillait maintenant, elle serait bien assez près de lui pour qu'il la frappe.

      Elle fit couler le poison le long du fil sans se laisser distraire, même quand Kang murmura quelque chose dans son sommeil. Une goutte coula vers ses lèvres, puis une deuxième. Stephania se prépara au moment où il halèterait et mourrait, tué par le poison.

      En fait, il ouvrit brusquement les yeux, regarda fixement Stephania pendant un moment. L'incompréhension fit alors place à la colère.

      “Putain ! Esclave ! Tu vas mourir pour ça.”

      En un instant, il se retrouva sur Stephania et la plaqua contre le lit. Il la frappa une fois puis elle sentit la pression écrasante de ses mains, qui se refermaient sur sa gorge. Stephania haleta quand elle se sentit étouffer et se débattit en essayant de le sortir d'au-dessus d'elle.

      De son côté, Kang l'écrasait de tout son grand corps, la plaquait sous lui. Elle se battait et lui riait en continuant à l'étrangler. Il riait encore quand Stephania tira un couteau de l'intérieur de son manteau et le poignarda.

      Il poussa un hoquet de surprise quand Stephania le frappa la première fois mais elle ne sentit pas se relâcher la pression sur sa gorge. Des bords de sa vision, les ténèbres commencèrent à descendre sur elle mais elle continua à frapper machinalement, instinctivement et aveuglément parce que, maintenant, elle ne pouvait plus voir qu'un léger brouillard.

      L'étreinte sur sa gorge se détendit et Stephania sentit le corps de Kang s'effondrer sur elle.

      Il lui fallut beaucoup trop longtemps pour se dégager d'en-dessous de lui, haletante, et pour essayer de regagner conscience le plus vite possible. Elle tomba quasiment du lit puis se leva et regarda le corps massacré de Kang avec dégoût.

      Il fallait qu'elle soit terre-à-terre. Elle avait fait ce qu'elle avait prévu, même si cela s'était avéré être très difficile. Maintenant, il fallait faire le reste.

      Elle remit rapidement les draps en place pour donner l'impression, au premier abord, que Kang dormait. Elle inspecta rapidement la cabine et trouva le petit coffre où Kang gardait son or. Stephania se faufila sur le pont, la capuche baissée, puis se dirigea vers la petite barque qui se trouvait à la poupe.

      Stephania y entra et commença à actionner les poulies pour la faire descendre. Les poulies grincèrent comme une porte rouillée et, de quelque part au-dessus d'elle, elle entendit les cris des marins qui voulaient savoir d'où venait ce bruit. Stephania n'hésita pas. Elle tira un couteau et se mit à scier la corde qui retenait le bateau. Elle céda et le bateau parcourut le peu de distance qui le séparait encore des vagues en chute libre.

      Saisissant les rames, elle se mit à souquer en direction du port pendant que, derrière elle, les marins se rendaient compte qu'ils ne pouvaient pas la suivre. Stephania rama jusqu'aux quais puis grimpa à terre sans même se soucier d'amarrer le bateau. Elle ne comptait pas repartir de cette façon.

      La capitale de Felldust était tout ce qu'elle avait semblé être vue depuis l'eau. La poussière lui tombait dessus en vagues pendant que, en son sein, des silhouettes évoluaient avec des intentions menaçantes. L'une d'elles se rapprocha de Stephania et elle la fit reculer en sortant son couteau.

      Elle alla plus loin dans la ville. Stephania savait que Lucious était venu ici et elle se demanda ce qu'il avait ressenti pendant qu'il le faisait. Il avait probablement été un peu perdu, parce que Lucious ne savait pas comment parler aux gens. Il s'imaginait qu'il allait foncer vers les gens et exiger ce qu'il voulait, menacer, intimider. Lucious avait été un imbécile.

      Stephania n'était pas une imbécile. Elle regarda autour d'elle jusqu'à ce qu'elle trouve les gens qui détiendraient de vraies informations : les mendiants et les prostituées. Elle alla les retrouver avec l'or qu'elle avait volé et leur posa encore et encore la même question.

      “Que pouvez-vous me dire sur Ulren ?”

      Elle posa cette question dans les ruelles et elle la posa dans les tripots où l'enjeu semblait être aussi souvent le sang que l'argent. Elle la posa dans des magasins qui vendaient des couches de vêtements contre la poussière et elle la posa aux endroits où les voleurs se rassemblaient dans le noir.

      Elle choisit une auberge et s'y installa en faisant passer un message en ville : il y avait de l'or pour ceux qui accepteraient